Huiles essentielles : pas sans précautions

 

Les huiles essentielles suscitent un fort engouement. De plus en plus de Français y ont recours pour leur santé ou leur bien-être. Prisées pour leur côté naturel, on ne sait pas toujours bien les utiliser, au point que l’utilisation des huiles essentielles peut parfois dégrader la qualité de l’air intérieur. L’ADEME a récemment publié deux nouvelles études qui démontrent l’impact sanitaire de l’utilisation de ces produits et la pollution qu’ils génèrent.

 

Des produits de composition 100% naturelle

Selon l’Agence nationale de Sécurité du Médicament, une « huile essentielle » est un « produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement par la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, ou par un procédé mécanique approprié sans chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition ».

La composition chimique des huiles essentielles fait intervenir une multitude de composés de familles différentes, notamment des hydrocarbures non aromatiques et des composés oxygénés :

Les modes d’actions des huiles essentielles sont multiples et dépendent de leurs compositions chimiques, qui varient bien évidemment d’une huile à l’autre. Au-delà de leur caractère odorant, on leur confère notamment :

Les huiles essentielles sont des extraits liquides de plantes aromatiques, très concentrés en principes actifs. Il faut par exemple 100 kg de fleurs de lavande ou 1 tonne de fleurs d’immortelle pour obtenir 1 kg d’huile essentielle de chacune de ces plantes.

  

La recherche d’un environnement intérieur sain

Décrits comme des produits aux vertus « assainissantes » ou encore « épuratrices » d’air, les sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles sont de plus en plus présents dans les foyers. Ces dispositifs permettent de diffuser les huiles essentielles dans l’air ambiant et ainsi de ne pas être absorbées en trop fortes quantités. Mises en suspension dans l’air, les huiles essentielles pénètrent dans le corps des occupants via la respiration. En franchissant la barrière des poumons (les alvéoles pulmonaires sont le siège des échanges gazeux), les principes actifs des huiles essentielles rejoignent la circulation sanguine pour se propager dans l’ensemble de l’organisme (de la même manière qu’ils sont absorbés par voie cutanée ou par voie orale).

Les huiles essentielles sont aussi intégrées par le secteur des produits ménagers dans la composition de nombreux détergents et lessives, notamment pour masquer les odeurs des produits purs souvent peu agréables. Les particuliers, séduits par le côté écologique, se prêtent au jeu du « Do it yourself » (DIY) en créant leurs propres produits ménagers à base de bicarbonate, vinaigre blanc, savons noirs, rehaussés d’une touche d’huiles essentielles.

 

« Naturel » n’est pas sans danger

Dans un avis émis en avril 2020, l’Anses a mis en garde contre plusieurs risques d’irritations liées à l’utilisation de ces composés aromatiques (notamment des symptômes irritatifs des yeux, de la gorge et du nez, et des effets respiratoires).

Ces irritations peuvent être liées à des huiles essentielles riches en phénols ou en cétones, irritantes pour les voies respiratoires et inadaptées à l’inhalation ou à leurs diffusions par le biais d’un spray ou d’un diffuseur. Ces symptômes sont en grande majorité de faible gravité et régressent rapidement après arrêt de l’exposition. A noter également que les huiles essentielles les plus riches en cinéole peuvent incommoder les asthmatiques et sont trop fortes chez les enfants de moins de 3 ans. (source)

Pour l’ADEME aussi, bien que naturelles et issues de plantes, les huiles essentielles ne sont pas sans impact sur la qualité de l’air dans la maison, ni sans impact sur la santé. Un constat partagé au travers de 2 études parues à la fin de l’année 2021.

Les mesures réalisées dans des conditions maîtrisées en chambre d’essais ont mis en évidence l’émission systématique de composés volatils lors de l’utilisation des parfums d’ambiance étudiés. L’utilisation de certains sprays a également été associée systématiquement, en plus des émissions de COV, à des émissions importantes de particules. Toutefois bien que d’après l’étude, les expositions les plus courantes puissent être considérées comme non préoccupantes, il convient d’éviter l’utilisation des désodorisants en présence de personnes sensibles (bébés, enfants, personnes souffrant de troubles respiratoires, femmes enceintes…).

Ce projet de recherche a étudié spécifiquement les émissions de produits ménagers à base d’huiles essentielles, tels que des produits de nettoyage (sprays, lingettes, liquides) ou des désodorisants (sprays, aérosols). Les produits parfumés à base d’huiles essentielles représentent une source majeure de composés organiques volatils (COV) odorants dans les environnements intérieurs, et le manque de ventilation ou d’aération augmente leur concentration. Les résultats ont notamment pointé qu'il apparait nécessaire d'encadrer les allégations portant sur les propriétés des produits ménagers à base d'huiles essentielles en termes d'amélioration de la qualité de l'air intérieur.

  

 

Les bons gestes

Le meilleur moyen d’assainir son air est d’aérer quotidiennement son logement, de le ventiler mais aussi d’identifier et agir sur les sources de pollution qui y sont introduites (éléments de bâti ou de décoration, activités des occupants).

Les conclusions des différentes études s’accordent sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de ne plus utiliser d’huiles essentielles, mais d’adopter une utilisation raisonnée et éclairée.

 

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