Selon l’Agence nationale de Sécurité du Médicament, une « huile essentielle » est un « produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement par la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, ou par un procédé mécanique approprié sans chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition ».
La composition chimique des huiles essentielles fait intervenir une multitude de composés de familles différentes, notamment des hydrocarbures non aromatiques et des composés oxygénés :
Terpènes
Alcools
Aldéhydes
Cétones
Esters
Les modes d’actions des huiles essentielles sont multiples et dépendent de leurs compositions chimiques, qui varient bien évidemment d’une huile à l’autre. Au-delà de leur caractère odorant, on leur confère notamment :
Des propriétés antiseptiques, anti-infectieuses voire antibiotiques
Des propriétés anti-inflammatoires ou anti-histaminiques
Des effets sur l’activité neurologique : analgésiques, calmants, sédatifs, anti-spasmodiques
Les huiles essentielles sont des extraits liquides de plantes aromatiques, très concentrés en principes actifs. Il faut par exemple 100 kg de fleurs de lavande ou 1 tonne de fleurs d’immortelle pour obtenir 1 kg d’huile essentielle de chacune de ces plantes.
Décrits comme des produits aux vertus « assainissantes » ou encore « épuratrices » d’air, les sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles sont de plus en plus présents dans les foyers. Ces dispositifs permettent de diffuser les huiles essentielles dans l’air ambiant et ainsi de ne pas être absorbées en trop fortes quantités. Mises en suspension dans l’air, les huiles essentielles pénètrent dans le corps des occupants via la respiration. En franchissant la barrière des poumons (les alvéoles pulmonaires sont le siège des échanges gazeux), les principes actifs des huiles essentielles rejoignent la circulation sanguine pour se propager dans l’ensemble de l’organisme (de la même manière qu’ils sont absorbés par voie cutanée ou par voie orale).
Les huiles essentielles sont aussi intégrées par le secteur des produits ménagers dans la composition de nombreux détergents et lessives, notamment pour masquer les odeurs des produits purs souvent peu agréables. Les particuliers, séduits par le côté écologique, se prêtent au jeu du « Do it yourself » (DIY) en créant leurs propres produits ménagers à base de bicarbonate, vinaigre blanc, savons noirs, rehaussés d’une touche d’huiles essentielles.
Dans un avis émis en avril 2020, l’Anses a mis en garde contre plusieurs risques d’irritations liées à l’utilisation de ces composés aromatiques (notamment des symptômes irritatifs des yeux, de la gorge et du nez, et des effets respiratoires).
Ces irritations peuvent être liées à des huiles essentielles riches en phénols ou en cétones, irritantes pour les voies respiratoires et inadaptées à l’inhalation ou à leurs diffusions par le biais d’un spray ou d’un diffuseur. Ces symptômes sont en grande majorité de faible gravité et régressent rapidement après arrêt de l’exposition. A noter également que les huiles essentielles les plus riches en cinéole peuvent incommoder les asthmatiques et sont trop fortes chez les enfants de moins de 3 ans. (source)
Pour l’ADEME aussi, bien que naturelles et issues de plantes, les huiles essentielles ne sont pas sans impact sur la qualité de l’air dans la maison, ni sans impact sur la santé. Un constat partagé au travers de 2 études parues à la fin de l’année 2021.
PRESSENS, étude centrée sur les impacts des diffuseurs de parfums et d’huiles essentielles sur la qualité de l’air intérieur et sur les risques sanitaires potentiels pour les occupants.
Les mesures réalisées dans des conditions maîtrisées en chambre d’essais ont mis en évidence l’émission systématique de composés volatils lors de l’utilisation des parfums d’ambiance étudiés. L’utilisation de certains sprays a également été associée systématiquement, en plus des émissions de COV, à des émissions importantes de particules. Toutefois bien que d’après l’étude, les expositions les plus courantes puissent être considérées comme non préoccupantes, il convient d’éviter l’utilisation des désodorisants en présence de personnes sensibles (bébés, enfants, personnes souffrant de troubles respiratoires, femmes enceintes…).
ESSENTIEL, étude de l’impact des huiles essentielles présentes dans les produits ménagers sur la qualité de l’air intérieur.
Ce projet de recherche a étudié spécifiquement les émissions de produits ménagers à base d’huiles essentielles, tels que des produits de nettoyage (sprays, lingettes, liquides) ou des désodorisants (sprays, aérosols). Les produits parfumés à base d’huiles essentielles représentent une source majeure de composés organiques volatils (COV) odorants dans les environnements intérieurs, et le manque de ventilation ou d’aération augmente leur concentration. Les résultats ont notamment pointé qu'il apparait nécessaire d'encadrer les allégations portant sur les propriétés des produits ménagers à base d'huiles essentielles en termes d'amélioration de la qualité de l'air intérieur.
Le meilleur moyen d’assainir son air est d’aérer quotidiennement son logement, de le ventiler mais aussi d’identifier et agir sur les sources de pollution qui y sont introduites (éléments de bâti ou de décoration, activités des occupants).
Les conclusions des différentes études s’accordent sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de ne plus utiliser d’huiles essentielles, mais d’adopter une utilisation raisonnée et éclairée.
J’aère pendant et après utilisation
Je respecte les précautions d’emploi
A l’achat, je prête attention à la composition, et opte pour des produits sans parfum
Je privilégie d’abord un nettoyage sans produit (chiffon humide, microfibre…) et le cas échéant, j’utilise des produits au format liquide en évitant l’application par spray/pulvérisateur/vaporisateur
Je n’utilise jamais d’huile essentielle « au hasard »
Je ne diffuse pas dans une chambre pendant le sommeil
Je n’utilise pas de diffuseur plus de 20 minutes
Je ne respire pas directement les vapeurs au-dessus de mon appareil de diffusion
J’évite de diffuser en présence de personnes sensibles (bébés, enfants, personnes souffrant de troubles respiratoires, femmes enceintes…)
Mes flacons sont bien fermés quand ils sont stockés
Les flacons sont en verre coloré ou en aluminium