La pollution atmosphérique constitue le plus grand risque environnemental pour la santé humaine et l’une des principales causes évitables de mortalité et de morbidité dans le monde. On estime à près de 7 millions le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air. Dans les pays en développement, cette pollution touche plus particulièrement les femmes, les enfants et les personnes âgées. Les populations à faible revenu sont celles qui sont le plus souvent exposées à des niveaux élevés de pollution de l’air ambiant et de l’air intérieur, du fait notamment de pratiques de cuisine et de chauffage mettant en œuvre des combustibles tels du bois, du charbon, du pétrole, du fumier, des déchets de récoltes…
Un tiers de la population mondiale, soit 2,6 milliards de personnes, n'a toujours pas accès à une cuisine propre. L'utilisation de combustibles et de technologies inefficaces et polluants constitue un risque pour la santé et une cause majeure de maladies et de décès, en particulier pour les femmes et les enfants des pays à revenu faible ou intermédiaire. Selon les estimations actuelles, un tiers de la population mondiale continuera d'utiliser des combustibles polluants en 2030. (source)
Pour autant, la pollution de l'air dans le monde provient de nombreuses autres sources : les lampes au kérosène, les centrales au charbon, les émissions des véhicules, les fours industriels, les feux de forêt, les tempêtes de sable et de poussière…
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les niveaux de pollution de l’air restent élevés dans de nombreuses parties du monde : de nouvelles données montrent que la quasi-totalité de la population mondiale respire un air contenant des niveaux élevés de polluants. Globalement, les habitants des pays en développement sont les plus exposés à la pollution de l’air en lien avec la combustion de combustibles fossiles :
Les particules, selon leur taille, pénètrent plus ou moins profondément dans les poumons et peuvent passer dans le sang, provoquant des troubles cardiovasculaires, cérébrovasculaires et respiratoires. Dans les 117 pays qui surveillent la qualité de l’air, l’OMS constate que les lignes directrices pour les particules sont respectées dans seulement 17% des villes de pays à revenu élevé. Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont exposés à des niveaux plus élevés que la moyenne mondiale.
Le dioxyde d’azote est associé aux maladies respiratoires, en particulier à l’asthme. Il entraîne des symptômes respiratoires (toux, sifflement, difficultés à respirer) voire des hospitalisations. Pour ce polluant, contrairement aux particules, l’écart se révèle moindre entre les pays à revenu élevé et les pays à revenu faible ou intermédiaire, pour lesquels la qualité de l’air dans moins de 1% des villes est conforme aux lignes directrices.
Une récente étude publiée par IQAir, une entreprise suisse spécialisée dans le domaine de la qualité de l’air, fait le point sur les niveaux de particules PM2,5 en 2022 dans près de 7 000 villes réparties dans 131 pays et régions (…soient 30 000 stations de surveillance de la qualité de l’air !).
90 % des pays de la planète respirent un air pollué: 118 des 131 pays et régions ont dépassé la recommandation annuelle de l'OMS pour les PM2,5, fixée à 5 µg/m3
Seuls 6 pays ont respecté la recommandation OMS sur les PM2,5 (5 µg/m3/an) : Australie, Estonie, Finlande, Grenade, Islande et Nouvelle-Zélande, ainsi que 7 territoires du Pacifique et des Caraïbes.
La qualité de l'air dans 7 pays est particulièrement préoccupante: au Tchad (89,7 µg/m3, soit plus de 17 fois la recommandation OMS), en Irak, au Pakistan, à Bahreïn, au Bangladesh, au Burkina Faso, au Koweït et en Inde, la pollution atmosphérique dépasse les 50 µg/m3/an. « En 2022, les pays, régions et territoire d’Afrique et d’Asie centrale et du Sud ont connu les concentrations moyennes annuelles de PM2.5 les plus élevées, pondérées par la population », selon les auteurs du rapport.
Le rapport d'IQAir pointe le manque de stations de surveillance dans nombre de pays d'Amérique du Sud, du Moyen-Orient et d'Afrique. Conséquence, une absence de données sur la qualité de l'air dans ces régions, les villes d’Amérique Latine par exemple, figurent très peu dans ce classement. Non pas que l’air y soit moins pollué, mais parce que les relevés de la qualité de l’air sont absents ou défaillants. (source)
Du côté du classement des villes, 8 des 10 villes les plus polluées du monde se trouvent en Asie. Lahore, au Pakistan, est la zone métropolitaine la plus polluée en 2022. La capitale la plus polluée du monde est N’Djamena, au Tchad, où l’augmentation de la concentration de particules fines est attribuée aux tempêtes de sable survenues au cours de l’année dernière. En revanche, les habitants de Canberra, en Australie, bénéficient d’une très bonne qualité de l’air comme ceux de Hamilton, aux Bermudes, de San Juan à Porto Rico ou de Reykjavik en Islande.
…et en BFC, quelles données pour les PM2,5 en 2022 ?
A l’instar d’une majorité de régions du monde, la Bourgogne-Franche-Comté a aussi dépassé les recommandations de l’OMS pour les particules PM2,5 en 2022. Les niveaux ont été les plus élevés au niveau des stations de typologie urbaine ou sous influence trafic :
Station |
Typologie |
Moyenne 2022 (µg/m3) |
Montbéliard Centre |
Urbaine |
9 |
Besançon Prévoyance |
Urbaine |
9 |
Chalon Centre |
Trafic |
10 |
Dijon Ardennes |
Trafic |
9 |
Dijon Péjoces |
Périurbaine |
7 |
Dijon Transvaal |
Trafic |
8 |
Auxerre |
Urbaine |
8 |
Baume-les-Dames |
Trafic |
9 |
Lons-le-Saunier CV |
Urbaine |
7 |
Morvan |
Rurale |
6 |
Recommandation OMS |
5 |
|
Valeur limite UE |
25 |
La qualité de l’air est globalement moins dégradée en Europe que dans d’autres continents. D’après cette étude, seulement 4,6 % des villes et régions européennes respectent les normes de l’OMS. Le rapport précise que « la qualité de l’air en Europe a bénéficié en 2022 d’un hiver doux qui a diminué la demande de consommation d’énergie génératrice de pollution ».
Ainsi, Athènes en Grèce, est la capitale européenne où l’atmosphère a été la plus polluée en 2022, avec 19,2 µg/m3 en moyenne annuelle. Suivent des capitales d’Europe de l’est : Sofia (Bulgarie), Bucarest (Roumanie), Ljubljana (Slovénie), Varsovie (Pologne), Tirana (Albanie), Vilnius (Lituanie)… puis Paris. D’après ce classement, Paris, à la 19ème place sur 27, avec ses 12,7 µg/m3, apparaît comme la capitale d’Europe de l’Ouest la plus polluée, juste devant Berlin et Rome. En revanche, l’Europe du Nord s’en sort mieux, avec dans le top 5 des capitales les moins polluées : Reykjavik (Islande, avec 3,3 µg/m3), Tallinn (Estonie), Helsinki (Finlande), Stockholm (Suède) et Oslo (Norvège).
Un certain nombre de gouvernements prennent des mesures pour améliorer la qualité de l’air, mais l’OMS appelle à une intensification rapide des actions visant à :
Adopter ou réviser et appliquer les normes nationales de qualité de l’air conformément aux dernières lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air
Surveiller la qualité de l’air et identifier les sources de pollution atmosphérique
Soutenir la transition vers l’utilisation exclusive de sources d’énergie propres dans les ménages pour la cuisson, le chauffage et l’éclairage
Construire des systèmes de transport public sûrs et abordables et des réseaux adaptés aux piétons et aux cyclistes
Appliquer des normes plus strictes en matière d’émissions et d’efficience des véhicules ; et faire respecter l’inspection et l’entretien obligatoires des véhicules
Investir dans des logements écoénergétiques et dans la production d’énergie
Améliorer la gestion des déchets industriels et municipaux
Réduire l’incinération des déchets agricoles, les incendies de forêt et certaines activités agroforestières ( ex. production de charbon de bois)
Inclure la pollution de l’air dans les programmes d’études des professionnels de la santé et fournir des outils permettant au secteur de la santé de s’engager.
(source)
Chez nous, pour limiter la pollution de l’air ambiant et s’en protéger, il existe de nombreux gestes que chacun peut mettre en pratique. La plupart de ces gestes citoyens relèvent du bon sens et sont faciles à mettre en œuvre dans de nombreuses activités du quotidien.
Je limite l’utilisation de mon véhicule
J’effectue mes petits trajets à pieds ou à vélo (les petits trajets effectués en ville, moteur froid, engendrent une forte surconsommation de carburant)
Je favorise les transports en commun
Je pratique le covoiturage
Je conduis avec souplesse et décontraction, surtout lors des 5 premiers kilomètres
Pour limiter ma consommation de carburant et les émissions polluantes de mon véhicule, j’évite les accélérations et les freinages brutaux, je respecte les limitations de vitesse et je ne laisse pas tourner le moteur inutilement
Je n’utilise pas systématiquement la climatisation, afin de limiter ma consommation de carburant et donc mes émissions
Mon véhicule est régulièrement entretenu. Par exemple, je change le filtre à air une fois par an (Un filtre à air encrassé endommage fortement les conduits internes du moteur et peut conduire à la panne)
J’utilise des appareils électriques peu gourmands : mes appareils électroménagers sont de classe énergétique A
Je suis équipé d’ampoules basse consommation
J’éteins la lumière lorsque je quitte une pièce
Je ne laisse jamais les appareils en veille, par exemple j’éteins la télévision lorsque je ne la regarde pas
Mon habitat est isolé pour éviter les fuites thermiques
Je choisis mes matériaux de construction en fonction de leur label
Je privilégie les sources d’énergie alternatives lorsque cela est possible : réseau de chaleur local, biomasse, énergie solaire, éolienne, géothermie…
J’ai installé par un poêle à bois labellisé « Flamme verte », qui limite les émissions de particules dans l’air extérieur
J’ai remplacé ma vieille chaudière par un modèle à condensation, qui consomme moins d’énergie et diminue les émissions de polluants dans l’air extérieur
Je brûle du bois de bonne qualité : bûches, plaquettes et granulés certifiés
J’entretiens régulièrement mon installation