Qualité de l’air en 2022 : l’heure du bilan

 

Fort de plusieurs décennies d’expertise, Atmo BFC est un acteur incontournable de la surveillance de la qualité de l’air en région Bourgogne-Franche-Comté, et dans un sens plus large, de la santé environnementale. Chaque année est faite de nouveaux défis, d’ambitions et d’innovations. A l’occasion de l’Assemblée Générale d’Atmo BFC, qui se tient ce jeudi 8 juin, faisons le point sur la qualité de l’air pour l’année 2022…

 

Quelle qualité de l’air en 2022 ?

Tout au long de l’année, Atmo BFC diffuse un indicateur de qualité de l’air appelé « indice ATMO ». Dans notre région en 2022, la qualité de l‘air a été globalement "moyenne", avec un minimum de 212 jours à Besançon et un maximum de 268 jours à Sens. L'indice "bon", moins fréquent, a été atteint quelques jours seulement sur l'ensemble de l'année, entre 5 jours à Auxerre et 19 jours à Chalon-sur-Saône, Nevers et la communauté Urbaine Creusot Montceau. L'indice "dégradé" a marqué entre 61 (Sens) et 100 (Besançon, CUCM) jours de l'année. Ces deux agglomérations ont par ailleurs enregistré le maximum de jours avec un indice "mauvais", soit 46 jours, tandis que celle de Sens en a enregistré le moins (21 jours). L’indice "Très mauvais" a été atteint 1 seul jour sur Belfort, tandis que l’indice "Extrêmement mauvais" n'a jamais été atteint.

Les communes de la région ne sont pas toutes égales en termes de qualité de l’air. Au centre et à l’est de la région, les zones les plus densément peuplées et inscrites dans un tissus d’activités relatif, sont aussi celles qui ont été le plus marquées par des indices de qualité de l’air plus régulièrement dégradés ou mauvais.

 

FOCUS sur les principaux polluants

Particules PM10 et PM2,5

Les particules fines ont pour origine les combustions (chauffage résidentiel, trafic routier, feux de forêts,…), certains procédés industriels (carrières, cimenteries, fonderies…) et autres activités telles les chantiers BTP ou l’agriculture (via notamment le travail des terres cultivées) qui les introduisent ou les remettent en suspension dans l’atmosphère.

En 2022, l’ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté a été impacté de manière relativement homogène par les particules PM10. Avec des valeurs moyennes annuelles situées entre 11 et 19 μg/m3, aucune zone de la région n’a été concernée par un dépassement de la valeur limite européenne fixée à 40 μg/m3/an. La recommandation de l’OMS, plus restrictive avec une limite à 15 μg/m3/an, a été approchée voire dépassée sur la majeure partie de la région, exception faite des massifs tels le Morvan, l'arc jurassien ou encore le piémont vosgien.

De la même manière que pour les particules PM10, les niveaux annuels en particules PM2,5 ont été caractérisés par de faibles disparités sur l’ensemble de la région, au regard du seuil réglementaire. La moyenne la plus faible (6 μg/m3) a été enregistrée sur la station rurale du Morvan. La station ayant enregistré la plus haute moyenne, à savoir 10 μg/m3, est Chalon Centre, station urbaine sous influence trafic. Si aucun dépassement de la valeur limite européenne n’a été déploré, ce n'est pas le cas de l’objectif de qualité recommandé par l’OMS, fixé à 5 μg/m3. En outre, la totalité du territoire régional se situe au-delà de cette recommandation.

Un dépassement du seuil d'information et de recommandation a été prévu sur 5 départements de la région pour le week-end des 15 et 16 janvier. En conséquence, la procédure d'information et recommandation a été enclenchée durant ces 2 jours sur la Côte-d’Or, Jura, Saône-et-Loire, Territoire-de-Belfort et Doubs. Cet épisode a débuté par un dépassement constaté sur la Côte-d’Or. La contribution du chauffage aux émissions de particules dans l'atmosphère à pu être en cause dans cet épisode.

Un second épisode a été mesuré sur le département de l’Yonne, le 26 mars. Cette fois-ci l’origine de la pollution était plus diffuse : trafic routier, chauffage et agriculture.

Enfin, les 20 et 21 décembre, un dernier épisode est survenu sur les départements du Doubs et du Territoire de Belfort, en procédure d’information et de recommandation. Les conditions météorologiques étaient favorables à l’accumulation des particules dans l'air, avec peu de vent et la présence d'inversions thermiques. L'origine de ces particules était la combustion biomasse à 66%.

 

Dioxyde d’azote (NO2)

Les oxydes d’azote sont principalement émis lors des phénomènes de combustion. Le secteur des transports routiers est responsable de près des deux tiers des émissions de la région. Suivent ensuite les secteurs de l’agriculture et de l’industrie manufacturière, qui contribuent plus faiblement à ces émissions pour un peu plus de 10 % chacun.

Majoritairement émis par le secteur des transports routiers (65 %), le dioxyde d’azote est particulièrement localisé le long des axes routiers et dans les centres urbains. Les infrastructures autoroutières, certaines routes nationales voire départementales sont clairement identifiées. Précurseur de la formation de l’ozone, le dioxyde d’azote est en général moins présent au niveau des forêts du Morvan, de l’Arc Jurassien, du Parc National des forêts de Champagne et Bourgogne ou encore du Piémont Vosgien. Les mesures des stations fixes illustrent très bien ce résultat : les niveaux les plus élevés en dioxyde d’azote ont été enregistrés sur les stations sous influence trafic, avec en moyenne 17 μg/m3 pour l’année 2022 sur ces stations. Les stations urbaines et périurbaines ont enregistré des niveaux moins élevés, avec respectivement 14 et 13 μg/m3 en moyenne. Les deux stations industrielles ont été moins marquées, avec 8 μg/m3 en moyenne à l'année. Enfin, la station rurale du Morvan a enregistré des niveaux significativement bas, avec une moyenne annuelle à 3 μg/m3. La valeur limite annuelle fixée à 40 μg/m3 par la réglementation européenne n’a pas été dépassée, contrairement à la recommandation OMS, fixée à 10 μg/m3.

Aucun épisode de pollution au dioxyde d’azote n’est à déplorer en 2022. Même s’ils peuvent survenir, ils restent assez rares en BFC (le dernier remonte à décembre 2013).

 

Ozone (O3)

Polluant dit « secondaire », le « mauvais » ozone résulte d’une réaction photochimique (sous l’effet des rayons solaires) de certains polluants « primaires » automobiles et industriels (NOX et COV) dans l’atmosphère. La pollution à l’ozone intervient donc essentiellement en période estivale.

La valeur cible pour la santé humaine est définie par le nombre de jours où la moyenne sur 8h dépasse 120 μg/m3. Les zones habituellement les plus impactées sont celles où les activités humaines sont concentrées, étant donné qu’elles sont à l’origine des émissions des polluants précurseurs de l’ozone. La valeur cible pour la santé humaine, en moyenne sur 3 ans, fait apparaître une zone de dépassements située notamment au centre de la région, de Besançon à Mâcon, en passant par le Val de Saône. Cette observation est corroborée par les mesures d'ozone effectuées en stations, avec 7 d'entre elles qui ont dépassé la valeur cible pour la santé humaine au terme de l'année 2022 (en moyenne sur 3 ans), et une qui l'a atteinte. La station périurbaine de Montfaucon, située à 485 m d'altitude, est celle qui a enregistré à la fois le plus de dépassements (54 jours) et la moyenne 2022 la plus élevée (75 μg/m3). Les autres stations en dépassement, sans pour autant se classer parmi les sites avec les plus fortes moyennes, ont plutôt été soumises à de fortes variations de leurs niveaux.

L'été 2022 a été chaud voire caniculaire. Plusieurs vagues de chaleur sont survenues, dont une en juin, avec des records de chaleur précoces : dès la mi-juin, les 40°C étaient déjà approchés voire dépassés en France Metropolitaine. Selon Météo France, l'été 2022 est le deuxième plus chaud que la France ait connu depuis 1900, juste après l'historique été 2003, avec un nombre record de 33 jours de vagues de chaleur (contre 22 jours de vagues de chaleur en 2003). La pollution photochimique par l’ozone apparaît surtout l’été, lorsque l’ensoleillement est intense. Les plus fortes concentrations sont généralement mesurées en milieu ou fin d’après-midi et par vent faible, en périphérie des zones émettrices des polluants précurseurs puis transportées sur de longues distances. Pour autant, en 2022, seul un dépassement du seuil d’information et de recommandation a été mesuré n Bourgogne-Franche-Comté. Celui-ci a eu lieu en Saône-et-Loire le 18 juin, avec un maximum de 183 μg/m3 pendant 1 heure.

 

Dioxyde de soufre (SO2)

Les émissions de dioxyde de soufre sont essentiellement liées à l’utilisation de combustible contenant du soufre ou aux procédés de raffinage du pétrole. Dans la région, les émissions proviennent pour deux tiers de l’utilisation du charbon et du fioul dans l’industrie manufacturière. La contribution du secteur résidentiel (fioul domestique), bien que secondaire, reste significative.

En 2022, à l’instar des années précédentes, la Bourgogne-Franche-Comté a été épargnée par la pollution au dioxyde de soufre. Majoritairement émis par le secteur de l’industrie, les mesures des stations situées en proximité de ces installations, dans la région doloise, n’ont pas dépassé les 2 μg/m3 en moyenne annuelle. La modélisation des niveaux menée à l’échelle régionale montre que l’ensemble de la région se maintient dans ces très faibles niveaux, bien loin des seuils fixés par la réglementation pour la protection de la santé humaine comme pour la végétation.

En lien avec les très faibles niveaux habituellement rencontrés dans notre région, aucun épisode de pollution au dioxyde de soufre n’est à déplorer en 2022 en BFC. Ce n’est pas le cas de toutes les régions en France métropolitaine, cette situation pouvant survenir par exemple en Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Normandie ou encore Hauts-de-France (source).

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…et les pollens ?

La campagne de surveillance des pollens s’est déroulée du 31 janvier au 25 septembre. Mobilisant 6 capteurs, localisés à Bart, Besançon, Chalon-sur- Saône, Dijon et Nevers, cette campagne s’est déroulée avec le partenariat du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique), du RAFT (Réseau d’Allergologues Francs-comTois) et de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. Durant la saison pollinique, 34 bulletins ont été diffusés à plus de 1 600 abonnés. Les alertes ont été relayées dans de nombreux médias (presse, radio, télévision, réseaux sociaux, web).  L'historique des données révèle une particularité pour les années 2020 (crise sanitaire) et 2021 (aléas techniques et capteur de Nevers à l'arrêt). La campagne 2022 a vu un retour à la normale (exception faite du capteur de Nevers, remis en route en cours d'année). Au total, 248 576 grains de pollens ont été comptés en région, dont 167 828 par les 4 analystes d'Atmo BFC. En termes de risque, on dénombre jusqu'à 35 % d'indices moyens à très élevés en Bourgogne-Franche-Comté. 6 alertes ont été déclenchées, en lien avec les pollens de noisetier (durant 1 semaine), d'aulne (2 semaines), de frêne (1 semaine), de bouleau (8 semaines), de graimnées (7 semaines) et d'ambroisie (3 semaines).

 

 

 

Les bons gestes

Pour limiter la pollution de l’air ambiant et s’en protéger, il existe de nombreux gestes que chacun peut mettre en pratique. La plupart de ces gestes citoyens relèvent du bon sens et sont pour la plupart faciles à mettre en œuvre dans de nombreuses activités du quotidien.

 

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