Feux de forêts au Canada : quel impact en BFC ?

 

Le Canada a été touché fin juin par des incendies de grande ampleur. Au plus fort, plus de 500 feux étaient recensés dont 250 déclarés comme hors de contrôle. Outre les conséquences directes pour les populations, la faune et la flore, ces feux impactent de façon considérable le climat et la qualité de l'air à grande échelle.

 

Des événements sans précédent

Depuis la fin du printemps, le Canada est touché par de nombreux incendies. Si les premiers se sont d’abord déclarés dans les provinces de l’Alberta et en Colombie-Britannique dans l’Ouest du pays, ils touchent aujourd’hui quasiment toutes les régions. Près de 100 000 habitants ont dû être évacués par risque d’incendie ou de danger vis-à-vis des fumées. Fin juin, le Centre Interservices des Feux de Forêt du Canda (CIFFC) recensait quasiment 500 feux actifs dont près de la moitié étaient classés comme hors de contrôle. A cette même période les chiffres catastrophiques annonçaient déjà plus de 7 millions d’hectares de forêt brulés, une superficie 18 fois supérieure à la moyenne des 10 dernières années selon le gouvernement canadien. A titre de comparaison, la Bourgogne-Franche-Comté présente une superficie de 4,8 millions d’hectares. Pour le Canada, l’année 2023 est classée parmi les pires en terme de superficie brûlée.

 

Un impact considérable sur la qualité de l’air et le climat

Les forêts brulées ont relâché d’énormes quantités de carbone dans l’atmosphère jouant un rôle important dans la contribution au changement climatique. En effet, ces grands espaces sont en temps normal considérés comme d’importants puits de carbone naturels. Au cours de leur croissance, les végétaux captent et stockent le dioxyde de carbone. Lorsqu’ils brûlent, non seulement ces végétaux ne jouent plus leur rôle de puits mais leur combustion réémet en très grande quantité ce carbone dans l’atmosphère accentuant ainsi le phénomène d’effet de serre

Fin juin, le service de surveillance de l’atmosphère Copernicus déclarait que les incendies ont « conduit à l’émission d’environ 160 mégatonnes de carbone, qui sont maintenant les émissions annuelles totales estimées les plus élevées pour le Canada ». Cette quantité représente l’équivalent de 590 millions de tonnes de gaz à effet de serre soit près de 90% des émissions annuelles de gaz à effet de serre du Canada de l’année 2021.

En plus du carbone émit par les incendies, les fumées sont composées de particules et autres polluants atmosphériques. Avec le mouvement des masses d’air, les fumées se sont propagées principalement vers l’Est du Canada et des Etats-Unis. D’impressionnants clichés ont été pris à New-York où les gratte-ciels et la statue de la liberté étaient à peine visible à travers un épais brouillard orangé. Une couleur spécifique expliquée par la présence de grosse particules qui diffusent la lumière rouge. Plus de 100 millions d’américains ont été concernés par des alertes à la pollution de l’air en lien avec les fumées des incendies.

 

Le 25 juin, le panache des fumées a atteint la ville de Montréal au Canada engendrant un épais brouillard. Les concentrations en particules ont été telles que la ville a été classée comme la ville ayant la pire qualité du monde pour cette journée.

 

Des conséquences jusqu’en Europe

Les importantes fumées dégagées par ces incendies ont également rapidement gagné les hautes couches de l’atmosphère. A ces altitudes de plusieurs kilomètres, les vents puissants font parcourir de grandes distances aux masses d’air et aux polluants qu’elles contiennent.

 

Les fumées ont ainsi traversé l’océan atlantique pour atteindre l’Europe à partir du 25 juin. Les concentrations en particules fines ont été surveillées de près par l’ensemble du réseau de mesure de la qualité de l’air en France.

Si le ciel a pris une légère teinte orangée dans certaines régions, peu de mesure ont observé une augmentation de la concentration en particules fines. Quelques stations dans le Nord de la France ont vu leurs niveaux monter. Les enregistrements sont restés loin des seuils des épisodes de pollution. Une très large majorité du panache est resté en altitude n’impactant pas ou très peu les mesures faites au sol. D’après les modèles à grande échelle, le panache a survolé la BFC le jeudi 26 juin. Au sol, notre réseau de stations n’a pas enregistré d’augmentation significative des concentrations. Depuis le 23 juin, les conditions anticycloniques étaient favorables à une accumulation des concentrations qui a été observée jusqu’au 29 juin, avant l’arrivée d’une perturbation pluvieuse qui a très nettement fait chuter les concentrations.

 

Les bons gestes

Si les incendies n’ont pas impacté de manière significative la qualité de l’air en Europe, aux Etats-Unis et au Canada des recommandations comportementales ont été émises. Dans de telles situations il est préférable :