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Air extérieur: spéciale PM2,5

Publié le : 27 October 2021

Air extérieur : spéciale PM2,5

 

La Journée Nationale de la Qualité de l’Air, qui s’est tenue le 14 octobre dernier, a été l’occasion pour l’Insee de dévoiler une étude menée en partenariat avec la DREAL et Atmo BFC, sur l’exposition des habitants de la région aux particules PM2,5. Cette semaine, focus sur un polluant de l’air émergeant dans la conscience collective…

 

Composition et origine des particules

Les particules en suspension (ou « Particulate Matter » en anglais) sont constituées d’un ensemble très hétérogène de composés : sels (nitrates, sulfates, carbonates, chlorures...), composés carbonés organiques (HAP, oxydes, matière organique…), éléments traces (métaux lourds…) ou encore carbone élémentaire. On les distingue selon leur granulométrie : les « PM10 » sont les particules de diamètre inférieur à 10 µm (« micromètres » ou « microns »), et les PM2,5 celles de diamètre inférieur à 2,5 µm.

Les particules en suspension sont invisibles à l’œil nu. Un micromètre correspond à un millième de millimètre. Si l’on considère que le diamètre d’un cheveu est d’en moyenne 50 µm, une particule PM2,5 à un diamètre 20 fois plus petit !

En air ambiant, de nombreuses activités humaines sont sources de particules dans l’atmosphère. Les combustions en sont les principales sources : trafic routier, chauffage, combustion de matières fossiles, incinération de déchets, centrales thermiques… Mais pas que : de nombreux procédés industriels génèrent aussi d’importantes quantités de poussières (carrière, cimenterie, aciérie, fonderie, chimie fine…). L’agriculture et le secteur BTP contribuent également à la remise en suspension des particules fines dans l’atmosphère. Si la majeure partie des particules est d’origine anthropique, celles-ci trouvent aussi une origine naturelle (feux de forêts, érosion des sols, poussières sahariennes, éruptions volcaniques, pollens, spores…).

Dans les lieux clos, la présence de particules résulte à la fois des sources intérieures et de transferts avec l’extérieur. On retrouve les combustions : cigarette, cheminée, poêle à bois ou gaz, gazinière, chauffe-eau à gaz, cuisson des aliments (friture, sautés, rôtis), bougies, bâtonnets d’encens… Certaines activités sont contributrices (bricolage, ménage) ainsi que les éléments de construction, d’ameublement et de décoration.

 

Effets sur la santé

Selon leur taille, les poussières pénètrent plus ou moins profondément dans le système respiratoire : les plus grosses sont retenues par les voies aériennes supérieures, les plus fines atteignent les voies inférieures et peuvent altérer la fonction respiratoire dans son ensemble. Les particules diminuent l’efficacité des mécanismes de défense contre les infections et interagissent avec les pollens pour accroître la sensibilité aux allergènes. Certaines servent aussi de vecteurs à différentes substances toxiques voire cancérigènes ou mutagènes (métaux, HAP…), qui sont alors susceptibles de pénétrer dans le sang.

 

Focus sur l’étude collaborative INSEE/DREAL/Atmo

Mi-octobre, à l’occasion de la Journée Nationale de la Qualité de l’Air, l’Insee a publié une étude en collaboration avec Atmo BFC et la DREAL BFC, portant sur l’exposition des habitants de la région aux particules fines PM2,5. Les conclusions de cette analyse ont révélé qu’un quart des habitants de Bourgogne-Franche-Comté est régulièrement exposé aux particules PM2,5.

Cette analyse, basée sur 4 années consécutives de 2016 à 2019, a consisté en quelque sorte à superposer les cartographies fine échelle (1km de résolution) de la répartition de la population (fournie par l’Insee) avec celle de la répartition des niveaux de PM2,5 (fournie par Atmo). La comparaison de ces 2 bases a permis de déterminer les zones où les concentrations de particules dépassaient le seuil et calculer ainsi le nombre d’habitants le plus impacté par les PM2,5 : 761 000 habitants régulièrement (3 ou 4 années) exposés à des concentrations supérieures au seuil de recommandation de l’OMS de 10 μg/m³, soit un quart de la population régionale (pour une population totale de 2,8 millions d’habitants en Bourgogne-Franche-Comté). À l’inverse, près d’un million d’habitants ne sont jamais concernés par le dépassement de cette recommandation, soit un tiers de la population régionale.

Parmi les 27% de population régulièrement exposée, figurent près de 167 100 personnes de 65 ans ou plus et 161 700 élèves qui sont concernés, particulièrement des lycéens (étant donnée l’implantation des lycées dans les zones urbaines les plus densément peuplées).

L’étude a révélé que les zones de Bourgogne-Franche-Comté les plus impactées étaient La Bresse et le Pays de l’Aire Urbaine Belfort Montbéliard :

  • La Bresse, située entre l’A6 et l’A39, de Mâcon à Beaune et de Dole à Lons-le-Saunier, serait notamment sous l’influence des flux de véhicules sur les autoroutes du secteur, en plus de celle du secteur résidentiel/tertiaire (chauffage des bâtiments) et de celle des particules émises dans le couloir rhodanien.

  • La zone de l’Aire Urbaine Belfort Montbéliard, densément peuplée et industrialisée, serait plutôt sous l’influence du trafic routier et des installations de chauffage. Les contreforts belfortains et la faiblesse des vents dans cette zone ne favoriseraient pas la dispersion des particules fines.

 

De nouvelles lignes directrices de l’OMS pour la qualité de l’air

La publication de cette étude sur l’impact des particules PM2,5, fruit d’une longue collaboration entre l’Insee, la DREAL et Atmo BFC, est parue au moment où l’OMS a officiellement réformé ses recommandations en matière de qualité de l’air. En outre, le seuil recommandé pour les particules PM2,5 , en vigueur depuis 2005, a été revu à la baisse, passant de 10 µg/m3 en moyenne annuelle à 5 µg/m3. Ces nouvelles recommandations n’ont pas de caractère juridiquement contraignant pour les Etats mais elles ont vocation à alerter sur l’enjeu sanitaire que représente la pollution de l’air, voire orienter la réglementation des Etats et les politiques publiques mises en œuvre. Selon les projections de l’étude Insee/DREAL/Atmo BFC, l’abaissement de ce seuil a nécessairement pour conséquence une augmentation particulièrement significative de la part de population régulièrement exposée aux particules PM2,5.

 

 

 

Les bons gestes

Les secteurs des transports et du chauffage résidentiel représentant à eux deux près de 2/3 des émissions de PM2,5 dans l’atmosphère de Bourgogne-Franche-Comté*, je peux agir sur ces deux secteurs :

  • J’agis sur mes déplacements

    • Je privilégie le covoiturage et les transports en commun

    • J’adopte une conduite apaisée, je coupe le moteur à l’arrêt, mon véhicule est régulièrement entretenu

    • J’adapte mon mode de transport à mon trajet : je réserve l’usage de la voiture pour des trajets supérieurs à 2 kilomètres et quand c’est possible, je favorise les modes doux

    • J’anticipe les ralentissements : j’utilise le frein moteur plutôt que la pédale de

    • Je contrôle régulièrement la pression de mes pneus  

  • J’agis sur mes pratiques de chauffage

    • Je ne surchauffe pas mon logement (19°C suffisent)

    • Je chauffe au bois : je brûle un bois de chauffage sec ou des granulés de bois issus d’une production certifiée

    • A l’allumage de mon appareil à bûche, j’ouvre l’arrivée d’air au maximum et conserve un apport d’air suffisant par la suite (la vitre ne doit pas s’encrasser)

    • Je pratique l’ « allumage inversé »

    • Je ne surcharge pas mon appareil

    • Je fais entretenir régulièrement l’installation, le conduit de fumée est ramoné chaque année par un professionnel

    • Je ne brûle que du bois de chauffage : pas de palettes, caisses, planches de meubles, déchets ménagers ou du jardin…

    • Je n’ai pas de cheminée à foyer ouvert, je préfère un insert ou un poêle à bois labellisé « Flamme Verte » qui limite les émissions de particules dans l’air extérieur

 (* Données OPTEER, année de référence 2018, secteur résidentiel 44,6% et trafic routier 24,2%)

 

Pour en savoir plus