Les problématiques reliant la santé et l’environnement sont de plus en plus significatives ces dernières années : il est désormais clairement établi que certaines questions de santé relèvent de conditions dégradées de l’environnement.
En 1994, lors de la conférence d'Helsinki, le bureau européen de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a proposé la définition suivante :
« La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ».
En d’autres termes, selon l’OMS, la santé environnementale prend en compte des facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement, influençant notre santé mais aussi notre qualité de vie.
En 1999 l’OMS déclarait lors de la Conférence ministérielle Santé et environnement que « l’environnement est la clé d’une meilleure santé ».
En France, on parle aussi de « santé-environnement ». Ce concept désigne les relations entre des variables environnementales (pollution, nuisances environnementales…), des facteurs concernant la qualité de l'alimentation, de l'environnement intérieur (bruit, qualité de l'air…) et de travail (exposition à des produits dangereux, stress…) et la santé. Depuis 2004, la France a lancé un Plan National en Santé Environnement (PNSE) qui se décline en plans régionaux pour observer ces phénomènes qui lient santé et environnement (source).
En 2012 dans les 27 pays de l’UE et au Royaume-Uni, 630 000 décès pouvaient être liés de manière directe ou indirecte à un environnement pollué (pollution de l’air, pollution sonore et exposition aux produits chimiques) (source).
Premier sujet de préoccupation environnementale des Français, la qualité de l’air représente un enjeu majeur de santé publique. L’air que nous respirons à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments contient différents polluants qui, une fois dans notre corps, peuvent être nocifs pour la santé. La majorité des gaz atteint les alvéoles pulmonaires, les particules quant à elles pénètrent plus ou moins profondément selon leur taille. Ces polluants agissent sur la santé à court ou à long terme : sensation d’inconfort due aux mauvaises odeurs, irritation des yeux, de la peau et des muqueuses, toux, conjonctivite, allergie, rhinite, gêne respiratoire, bronchite, asthme, maux de tête, fatigue, nausées, malaises, maladies respiratoires chroniques, mortalité cardio-vasculaire, malformation du fœtus, cancers… Ces effets dépendent de la nature du polluant (gaz, particules…), de la taille des particules, de nos caractéristiques (âge, sexe…), mode de vie (tabagisme…) et état de santé mais aussi de la durée d’exposition et de la dose inhalée.
En 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérigène pour l’Homme.
Troisième cause de mortalité après le tabac (78 000 décès) et l’alcool (49 000 décès), 48 000 décès prématurés seraient attribués à la pollution de l’air chaque année en France, soit 9% des décès (d’après l’Etude quantitative de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique par Santé Publique France, juin 2016). Ce taux de mortalité serait même plus élevé dans les grandes villes qu’en campagne, avec respectivement 13% contre 7 %.
En plus d'avoir un impact sur la santé humaine et sur l'environnement, la pollution de l'air a également un coût financier conséquent.
En 2015, une commission sénatoriale avait estimé le coût économique de la pollution de l’air à plus de 100 milliards d’euros par an en France, avec une large part liée aux coûts de santé.
Dans une récente étude parue en octobre 2020, l’Alliance Européenne de Santé Publique (EPHA) a comparé le coût économique de la pollution de l’air dans 432 villes européennes dont 67 villes françaises. Le coût annuel par habitant varierait dans ces grandes villes françaises entre 450 et 1600€ environ (467€ à Pau et 1602€ à Paris). En Bourgogne-Franche-Comté, où 4 villes ont été étudiées, ce coût représenterait entre 650 et 850€ (706€ à Besançon, 776€ à Chalon-sur-Saône, 652€ à Dijon et 849€ à Montbéliard). Pour faire le calcul, les auteurs de ce rapport ont pris en compte la « valeur monétaire » des morts prématurées, des traitements médicaux face aux affections les plus communes, des journées de travail perdues et des autres coûts sanitaires causés par trois principaux polluants (particules, dioxyde d'azote et ozone).
La France poursuivie par l’Europe
En juillet dernier, le Conseil d’État a condamné la France à une astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard pour non-respect du droit relatif à la prévention de la pollution de l’air. En cause, le manque de mesures prises par le pour réduire la pollution de l’air dans 8 zones en France concernées par des dépassements de valeurs réglementaires concernant le dioxyde d’azote et les particules fines (Paris, Grenoble, Lyon, Marseille-Aix, Reims, Strasbourg, Toulouse, Fort-de-France).
Depuis le 1er janvier 2021, la surveillance quotidienne de l’air se traduit avec un nouvel indice ATMO. La nouveauté par rapport à l’ancien indice diffusé au public est que son mode de calcul intègre les particules très fines (PM2,5). Ces dernières viennent ainsi s'ajouter aux 4 indicateurs historiques que sont le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), les particules PM10 et le dioxyde de soufre (SO2), dont les seuils ont été alignés sur ceux de l'Agence Européenne pour l'Environnement.
Destiné à informer et à sensibiliser simplement et facilement les citoyens, ses qualificatifs et couleurs associées ont aussi été modifiés :
« Bon » (bleu)
« Moyen » (vert)
« Dégradé » (jaune)
« Mauvais » (rouge)
« Très mauvais » (rouge foncé)
« Extrêmement mauvais » (violet)
Les particules PM2.5 représentent un enjeu sanitaire important car elles sont plus fines et se logent plus profondément dans les fonctions respiratoires.
Améliorer la qualité de l’air se traduirait non seulement par une baisse de la mortalité, mais aussi par une amélioration de la santé et de la qualité de vie significative dans la région. L’enjeu est l’affaire de tous car il est nécessaire d’agir dans tous les secteurs (urbanisme, transport, isolation/chauffage, industrie, agriculture). Heureusement pour limiter la pollution de l’air, il existe de nombreux gestes simples à mettre en pratique.
Je limite l’utilisation de mon véhicule
J’entretiens mon véhicule
J’effectue mes petits trajets à pieds ou à vélo
Je favorise les transports en commun
Je pratique le covoiturage
Je choisis des produits en vrac, en recharge ou en format familial pour limiter les emballages
Je fais mes courses avec des sacs réutilisables
Je trie mes déchets et je composte mes déchets organiques
Je ne brûle pas mes déchets verts, je préfère le compost ou la valorisation en déchetterie
J’utilise des appareils électriques peu gourmands : mes appareils électroménagers sont de classe énergétique A
Je suis équipé d’ampoules basse consommation
J’éteins la lumière lorsque je quitte une pièce
Je ne laisse jamais les appareils en veille, par exemple j’éteins la télévision lorsque je ne la regarde pas
Mon habitat est isolé pour éviter les fuites thermiques
Je choisis mes matériaux de construction en fonction de leur label
Je privilégie les sources d’énergie alternatives lorsque cela est possible : réseau de chaleur local, biomasse, énergie solaire, éolienne, géothermie…
J’ai installé par un poêle à bois labellisé « Flamme verte », qui limite les émissions de particules dans l’air extérieur
J’ai remplacé ma vieille chaudière par un modèle à condensation, qui consomme moins d’énergie et diminue les émissions de polluants dans l’air extérieur
Je brûle du bois de bonne qualité : bûches, plaquettes et granulés certifiés
J’entretiens régulièrement mon installation