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Chassons le radon!

Publié le : 06 June 2019

Chassons le radon!

La qualité de l’air intérieur est un sujet « invisible » mais omniprésent dans notre vie quotidienne. Nous passons en moyenne 80 à 90 % de notre temps dans des espaces clos, en ignorant que ces espaces deviennent de plus en plus étanches et qu’ils nous exposent à de nombreux polluants pouvant avoir un impact important sur notre santé. Parmi ces polluants figure le radon, gaz d’origine naturelle, inodore et incolore, surtout connu pour ses propriétés radioactives.

 

Le radon, naturellement présent

Gaz d’origine naturelle, le radon est issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol et les roches. Particulièrement présent dans les régions granitiques, volcaniques et uranifères (dont le sous-sol contient de l’uranium), le radon remonte du sol et peut pénétrer dans les fondations et les sous-sols par les fissures, les passages de canalisations, les joints d’étanchéité, les matériaux poreux… et finir par s’accumuler dans les espaces fermés (sous-sols, vide-sanitaires, cave, pièces d’habitation…). Les concentrations en radon varient beaucoup d’un bâtiment à l’autre, en fonction de l’étanchéité du sol, de la ventilation du bâtiment, de la proximité de la source d’émission… Les plus fortes concentrations en radon sont observées en Auvergne, en Limousin, en Bourgogne-Franche-Comté, en Corse ou encore en Bretagne.

 

À partir de la connaissance de la géologie de la France, l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) a établi une carte du potentiel radon des sols. Elle permet de déterminer les communes sur lesquelles la présence de radon à des concentrations élevées dans les bâtiments est la plus probable.

 

Les risques pour la santé

Le radon est présent partout : dans l’air, le sol, l’eau, et constitue ainsi la principale source d’exposition à la radioactivité naturelle, avec cependant de fortes disparités géographiques. Le risque pour la santé résulte toutefois pour l’essentiel de sa présence dans l’air.

Le radon et certains de ses descendants, eux-mêmes radioactifs, pénètrent dans les poumons avec l’air respiré. Une fois inhalés, ils se déposent le long des voies respiratoires et provoquent leur irradiation, ce qui peut induire, à long terme, le développement d’un cancer du poumon.

Le radon est d’ailleurs classé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme « cancérigène certain » pour le poumon depuis 1987. De nombreuses études épidémiologiques confirment l’existence de ce risque chez les mineurs de fond mais aussi, ces dernières années, dans la population générale.

 

En France, le radon serait la seconde cause de cancer du poumon, après le tabac et devant l’amiante : sur les 30 000 décès constatés chaque année, 3 000 lui seraient attribuables (soit 10% des décès par cancer du poumon).

 

Où trouver du radon dans les habitations ?

La concentration du radon dans l’air d’une habitation dépend ainsi des caractéristiques du sol mais aussi du bâtiment et de sa ventilation. Elle varie également selon les habitudes de ses occupants en matière d’aération et de chauffage.

Les parties directement en contact avec le sol (cave, vide sanitaire, planchers du niveau le plus bas, etc.) sont celles à travers lesquelles le radon entre dans le bâtiment avant de gagner les pièces habitées. L’infiltration du radon est facilitée par la présence de fissures, le passage de canalisation à travers les dalles et les planchers, les sols perméables (terre battue…), etc.

Le renouvellement d’air est également un paramètre important. Au cours de la journée, la présence de radon dans une pièce varie ainsi en fonction de l’ouverture des portes et fenêtres. La concentration en radon sera d’autant plus élevée que l’habitation est confinée et mal ventilée.

 

Comment mesurer le radon chez soi ?

Le radon étant incolore, inodore et sans saveur, pour connaître la concentration de radon dans un bâtiment, il est nécessaire de le mesurer à l’aide d’un « dosimètre ». Ce type de dispositif coûte entre 25 et 60 € l’unité. Le prix comprend la notice explicative et l’analyse au laboratoire. Idéalement, la mesure doit être réalisée pendant au moins deux mois entre le 30 septembre et le 30 avril, lorsque le chauffage fonctionne et lorsque le confinement du logement est maximal.

 

Focus sur le projet JURAD-BAT

La zone frontalière franco-suisse étant particulièrement concernée par le risque radon, c’est dans ce contexte qu’acteurs locaux et régionaux ont souhaité se rassembler autour d’un projet Interreg France-Suisse intitulé « JURAD-BAT ».

Informer le grand public, sensibiliser et former les professionnels de la construction ainsi qu’accompagner les collectivités locales et territoriales dans la gestion de ce risque sont les principales motivations de la nouvelle plateforme dédiée au radon et à la qualité de l’air intérieur. De plus, cet outil permettra aux experts et professionnels du domaine de partager leurs données, leurs connaissances, et leurs retours d’expérience, de façon à améliorer la compréhension du sujet.

Enfin, la qualité de l’air de nos intérieurs étant fortement liée à la conception de nos bâtiments, et à leur évolution, les partenaires du projet ont adopté une démarche globale, en rassemblant des experts du radon, de l’air intérieur, de la santé, de l’énergie, et du bâtiment.

Officialisée ce mardi 4 juin, « JURAD-BAT » est une véritable boîte à outils en ligne, proposant :

  • des informations générales et réglementaires sur l’air intérieur et le radon ;

  • des fiches pratiques et techniques pour la mise en œuvre de certains travaux ;

  • un système d’information géographique ;

  • des modules de formation ;

  • un outil d’auto-évaluation du bâtiment ;

  • des quizz pour évaluer l’état de son air intérieur.

 

 

 

Les bons gestes

Pour un bon air intérieur, au quotidien :

  • J’aère quotidiennement mon logement

  • J’adopte les bons réflexes quant aux activités que je mène chez moi (ménage, bricolage, tabagisme…)

  • Je fais preuve de vigilance sur les matériaux de construction, de décoration et d’ameublement qui équipent mon logement

Spécifique au radon :

  • Je connais le potentiel radon de ma commune, grâce à la carte de l’IRSN

  • J’ai fait une mesure chez moi et le résultat est élevé (> 300 Bq/m³) :

    • J’améliore le renouvellement de mon air intérieur (renforcement de l’aération naturelle, mise en place d’une ventilation mécanique adaptée, rectification des dysfonctionnements…)

    • Je limite l’entrée du radon en renforçant l’étanchéité entre le sol et mon logement (colmatage des fissures et des passages de canalisations, pose d’une membrane sur une couche de gravillons recouverte d’une dalle en béton, étanchéification des portes intérieures et trappes permettant d’accéder au sous-sol, à la cave ou au vide-sanitaire…)

    • J’inverse les flux de radon (mise en surpression de l’espace habité, mise en dépression des parties basses du bâtiment (sous-sol ou vide sanitaire), ventilation traversante des caves et sous-sol, pose d’extracteurs…)

    • Je vérifie l’efficacité des travaux en mesurant le radon dans les pièces de vie occupées

La mise en œuvre d’actions permettant de réduire son exposition au radon améliore de manière plus générale la qualité de l’air intérieur de son logement et peut être également l’occasion d’améliorer les performances énergétiques de son habitat.

 

Pour en savoir plus

 

Sources

  • Plateforme JURAD-BAT : jurad-bat.net

  • Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire : irsn.fr