En période de froid, comme c’est le cas actuellement, les installations de chauffage sont fortement sollicitées, en plus des appareils habituels fonctionnant avec divers combustibles (bois, butane, charbon, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane…) :
Appareils de chauffage : inserts de cheminées, poêles, chaudières
Production d’eau chaude : chauffe-eau, chaudière
Chauffages mobiles d’appoint
Groupes électrogènes à moteur thermique
Moteurs automobiles dans les garages
Appareils de cuisson
Appareils de type brasero
Dans certaines conditions d’utilisation, ces installations peuvent émettre du monoxyde de carbone (formule chimique CO). Ce gaz, qui se diffuse très vite dans un logement, trouve le plus souvent son origine dans des conditions de « combustion incomplète » des combustibles organiques en raison de quantités d’oxygène insuffisantes. Parmi les causes les plus répandues :
Mauvaise évacuation des produits de combustion (conduit de fumée obstrué, mal dimensionné, mal raccordé…)
Absence de ventilation dans la pièce où est installé l’appareil (pièces calfeutrées, sorties d’air bouchées)
Défaut d’entretien de l’appareil de chauffage ou de production d’eau chaude
Vétusté de ces mêmes appareils
Incompatibilité des différentes installations présentes dans le logement (chaudière à gaz et hotte…)
Utilisation inappropriée de l’appareil (chauffage d’appoint en continu, groupe électrogène en lieu fermé...)
Le monoxyde de carbone s’introduit dans les logements, mais pas que…
D’après Santé Publique France, la grande majorité des intoxications au monoxyde de carbone a lieu au sein des habitats (86 %). Mais les sources de monoxyde de carbone se retrouvent aussi dans les salles de spectacle, restaurants, patinoires, salles municipales, lieux de culte... En milieu professionnel, les principales sources de monoxyde de carbone sont les outils à moteur thermique, les engins à gaz (chariots élévateurs), les fours, les systèmes de production de chauffage ou d'eau chaude, les groupes électrogènes... (source)
Invisible, inodore et non irritant, rien ne permet de détecter spontanément la présence du monoxyde de carbone. Hautement toxique, même en faible quantité, le monoxyde de carbone est un gaz asphyxiant qui se fixe sur les globules rouges à la place de l’oxygène, empêchant ainsi la bonne oxygénation des organes. Le cerveau et le cœur sont les organes les plus sensibles au manque d’oxygène.
L’affinité du CO pour l’hémoglobine est 210 à 260 fois plus forte que celle de l’oxygène. Même présent en quantité infime dans l’air, le CO se liera préférentiellement à l’hémoglobine du sang au lieu de l’oxygène.
Les principaux symptômes sont :
1er stade: mal de tête, nausées, fatigue
2ème stade: mal de tête persistant avec sensation de battements, nausées, vertiges, somnolence, vomissements
3ème stade: malaise, évanouissement, coma, décès
Dans un espace clos, le monoxyde de carbone peut tuer en moins d'une heure (0,1 % de CO dans l'air tue en 1 heure, 1 % de CO dans l'air tue en 15 minutes, 10 % de CO dans l'air tuent immédiatement).
La gravité de l’intoxication dépend de la quantité de monoxyde de carbone fixée par l’hémoglobine. Chaque année, les victimes d'intoxication à ce gaz se comptent par milliers. A l’heure actuelle, d'après les données des Centres antipoison, ce sont plus de 70 personnes depuis septembre 2022 qui ont été intoxiquées après avoir voulu chauffer leur logement avec des appareils non prévus pour cet usage.
Comment est traitée l’intoxication au monoxyde de carbone ?
Les victimes d’intoxications au monoxyde de carbone suivent une « oxygénothérapie », le plus souvent par l’apposition d’un masque à oxygène, dans les cas les plus graves par des séances en caisson hyperbare. Les femmes enceintes, pour qui l'intoxication au monoxyde de carbone comporte un risque élevé de mortalité ou d'atteintes chez le fœtus, nécessitent souvent une prise en charge spécifique.
Certaines personnes gardent des séquelles à la suite d’une intoxication : migraines chroniques, troubles de la coordination, troubles de la mémoire, changements dans l’humeur (irritabilité, agressivité verbale, violence), mouvements anormaux, paralysies… que l’on relie à un « syndrome séquellaire post-intervallaire ». Ces troubles peuvent apparaître pendant une période de 2 à 40 jours après une intoxication, même si elle a été traitée. Ils sont souvent, mais pas toujours, réversibles.
Quelques gestes simples peuvent permettre d’éviter un grand nombre d’accidents.
Toute l’année :
J’aère mon logement pendant au moins 10 minutes tous les jours, même en hiver
Je fais entretenir la Ventilation Mécanique Contrôlée
Je ne bouche pas les entrées d’air
Je n’utilise pas en intérieur les appareils prévus pour l’extérieur (braséro, barbecues, grill, groupes électrogènes)
Je ne fais pas fonctionner de moteur thermique dans un garage fermé (voiture, tondeuse, tronçonneuse…)
J’installe un détecteur de monoxyde de carbone qui affiche le marquage NF EN 50291 (ou NF 292), seule norme garantissant une mesure fiable
Je nettoie régulièrement les brûleurs de ma cuisinière à gaz
Avant l’hiver :
Je fais vérifier chaque année mes installations par un professionnel : chaudière, chauffe-eau, cheminées, inserts et poêles, conduits d’aération
Je fais effectuer un ramonage mécanique des conduits et cheminées au moins une fois par an, je m’assure qu’ils sont en bon état et que l’évacuation des fumées se fait à l’extérieur de l’habitation
Pendant l’hiver :
J’utilise mes appareils mobiles de chauffage d’appoint (fonctionnant au butane, propane ou pétrole) uniquement de manière intermittente (pas plus de 2 heures) et dans des pièces convenablement ventilées
Je n’utilise pas d’appareils non destinés à se chauffer : réchauds et radiateurs de camping, fours ouverts, pots de fleurs retournés sur les brûleurs de cuisinières, braséros, barbecues….
En cas d’intoxication :
J’aère immédiatement les locaux en ouvrant portes et fenêtres
J’arrête si possible les appareils à combustion
Je fais évacuer les locaux pour mettre en sécurité à l’extérieur (à l’air libre)
J’appelle les secours (numéro unique d’urgence européen (112, ou 114 pour les personnes malentendantes) les pompiers (18) ou le SAMU (15)) et suis leurs directives : réanimation de la victime, position latérale de sécurité…
Je ne réintègre pas les lieux avant d'avoir reçu l'avis d'un professionnel du chauffage ou des sapeurs-pompiers
Quelques témoignages de rescapés de l’intoxication au monoxyde de carbone