Dans les logements, le taux d’équipement des particuliers en termes de climatisation est en constante augmentation, passant de 5% en 2005, 14% en 2016 et plus récemment 25% en 2020 selon les chiffres de l’ADEME. Le taux d’équipement le plus important se situe sur les régions du pourtour méditerranéen, où les besoins de climatisation sont susceptibles d’être les plus forts. Mais avec des épisodes caniculaires qui semblent se multiplier et s’intensifier d’année en année, voire doubler d’ici 2050, il est tentant d’installer un système de climatisation… même lorsque l’on réside en Bourgogne-Franche-Comté !
En 2020 par exemple, et pour la première fois le nombre d’équipements vendus a dépassé les 800 000 unités alors que celui-ci était stabilisé autour de 350 000 par an précédemment.
Equipement mettant en œuvre des fluides frigorigènes, les impacts environnementaux de la climatisation peuvent être très nocifs, puisque ces fluides sont de puissants gaz à effet de serre -certains présentent un pouvoir réchauffant plus de mille à trois mille fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2)- , qui contribuent au réchauffement climatique et à la destruction de la couche d’ozone. Ces fluides ne restent hélas pas toujours confinés à l'intérieur du système, et se retrouvent dans l’atmosphère lors des procédés de fabrication, de maintenance ou à la suite de pannes. Les émissions en cours de vie et en fin de vie en représentent la très grande partie, contrairement à celles survenant lors de la fabrication et de la mise en service des équipements. L’importance de leurs impacts dépend de la nature du fluide frigorigène et de la quantité émise sur la durée de vie du système. En outre, la climatisation est aujourd’hui responsable de près de 5% des émissions d’équivalent CO2 du secteur bâtiment.
Certains fluides frigorigènes (les hydrofluorocarbures CFC et hydrochlorofluorocarbures HCFC) nocifs pour la couche d’ozone sont entrés dans un processus d’interdiction progressive.Quant aux impacts environnementaux indirects de ces installations, ils sont liés à la consommation d’énergie électrique, vectrice aussi d’émissions de gaz à effet de serre. En effet, la production d’électricité en centrales thermiques à combustibles fossiles (charbon, fioul et gaz) reste la troisième source de production d’électricité en France (après le nucléaire et les énergies renouvelables), et les activités d’extraction, d’acheminement et de transformation des combustibles (uranium et énergies fossiles) génèrent elles-mêmes des gaz à effet de serre. (source)
Selon l’ADEME, une climatisation consomme entre 300 et 500 kWh pour 500 heures de fonctionnement dans une pièce fermée, c'est plus qu'un réfrigérateur pourtant branché toute l'année. Si la consommation d'électricité est en France traditionnellement largement moins forte en été qu'en hiver, les pics de chaleur, à l’instar des vagues de froid, s’accompagnent dorénavant de pics de consommation électrique caractérisés.
Pour fonctionner, les climatiseurs libèrent de l’air chaud à l’extérieur des bâtiments qu’ils refroidissent. Plusieurs études révèlent l’impact sur les températures dans la rue. Notamment une étude publiée en juillet 2020 dans la revue Environmental Research Letters et basée sur le cas de l’Île-de-France indique que le recours massif à la climatisation accentuerait les phénomènes d’îlots de chaleur urbain et pourrait faire grimper les températures extérieures de 2,4°C environ. (source)
Un îlot de chaleur urbain est une élévation localisée de la température en milieu urbain, favorisé par la minéralisation de l’espace public, les activités urbaines, la configuration de la ville et la densité du bâti. Par exemple, de nuit et en période de canicule, l’écart de température séparant Paris des zones alentours peut atteindre 10 degrés ! Ce phénomène se voit aggravé par le rejet de chaleur des appareils de climatisation.
Des alternatives existent pour limiter le recours à la climatisation et conserver un certain degré de confort dans un logement :
Je créé de l’ombre pour les ouvertures : volets roulants, store extérieur, stores intérieurs… de couleur claire
Ma maison est bien isolée (façade, toiture)
J’ai un jardin, balcon ou terrasse : je m’entoure de végétaux (petits arbustes par exemple) pour créer de l’ombre
J’adapte ma tenue vestimentaire
Je baisse les stores ou ferme mes volets en journée
Je choisis des stores ou volets de couleur claire, qui réfléchissent la lumière et absorbent moins la chaleur du soleil
Je ventile la nuit ou tôt le matin, tant qu’il fait plus frais dehors que dedans
Je brasse l’air avec un ventilateur, je peux même placer un linge humide ou une bouteille d’eau congelée devant l’appareil (D’après l’ADEME, la consommation électrique d’un ventilateur est vingt fois inférieure à celle d’un climatiseur individuel)
Je peux accrocher un drap mouillé devant mes fenêtres
J’évite de produire de la chaleur dans mon logement (cuisine au four, fer à repasser, aspirateur et autres appareils électriques en fonctionnement…)
Je ne laisse pas allumés inutilement mes équipements électriques (ordinateur, consoles de jeux vidéo, chargeurs…)
Mes appareils électro-ménagers et mes lampes sont économes en énergie (pour limiter les apports de chaleur)
Si je m’équipe d’un climatiseur :
Je choisis des appareils peu énergivores (classe A, A+ voire A++)
Je préfère un modèle intégré, plus performant à l’usage
J’entretiens mon système de climatisation
Je désinfecte régulièrement les canaux d'aération
J’utilise mon système raisonnablement : pas plus de 5 à 7°C de différence entre la température extérieure et la température intérieure
…et je continue d’aérer quotidiennement mon logement
Retrouver notre précédente actualité sur la climatisation en voiture
Télécharger le guide de l’ADEME « Chaud dehors, frais dedans » et les bons conseils pour garder son logement au frais
Télécharger l’étude de l’ADEME sur les impacts de la climatisation sur la consommation et la pollution et les conseils d’entretien et d’utilisation associés