Le GIEC désigne le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (ou IPCC en anglais, pour Intergovernmental Panel on Climate Change). Créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), il s’agit d’un groupe d’experts ouvert aux pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), rassemblant 195 états autour de la question du climat. Sa mission est de fournir aux responsables politiques des évaluations scientifiques périodiques concernant les changements climatiques, leurs incidences et les risques futurs, et de leur présenter des stratégies d’adaptation et d’atténuation.
Les évaluations du GIEC fournissent aux gouvernements, à tous les niveaux, des éléments scientifiques sur lesquels ils peuvent s’appuyer pour élaborer des politiques dans le domaine du climat.
Le travail du GIEC consiste à analyser la littérature publiée, il n’a pas vocation à effectuer lui-même des recherches scientifiques. Ses rapports sont rédigés et examinés en plusieurs étapes garantes d’exhaustivité, d’objectivité et de transparence. D’autres experts apportent leur contribution en tant qu’examinateurs, les équipes d’éditeurs-réviseurs s’assurent que toutes les observations sont prises en compte. (source)
En 2007, le prix Nobel de la paix a été décerné conjointement à l’ancien vice-président américain Al Gore et au GIEC pour leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique.
Le 6ème cycle d’évaluation du GIEC sur le changement climatique est décomposé en 3 volets :
Physique du climat, publié en août 2021
Impacts et adaptation au changement climatique, publié en février 2022
Solutions ou pistes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, publié le 4 avril dernier
La synthèse finale des 3 volets de cette « AR6 » sera remise en octobre prochain. Ce travail servira de référence pour les prochaines années.
Le message de ce dernier rapport indique que d'ici à 2030, le monde devrait avoir réduit ses émissions globales de 43 %, et avoir passé son pic d'émissions dès 2025 de sorte à inverser la tendance. Atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050 est la condition impérative pour endiguer la dérive du climat.
Si le délai semble très court, les calculs des options disponibles par secteur montrent que le potentiel total de réduction d'émissions d'ici 2030 est suffisant pour les réduire à la moitié du niveau actuel ou moins. Selon le GIEC, les solutions proposées dans différents secteurs permettraient de réduire les émissions mondiales de 31 à 44 gigatonnes d'équivalent CO2 en 2030.
D’après le GIEC, si nous ne changeons rien, l’augmentation de température pourrait atteindre +5°C à l’horizon 2100.
Pour atteindre l’objectif de 1,5 °C, nous allons devoir : (source)
Réduire l’utilisation du charbon de 100 % à l’horizon 2050, et celle du pétrole de 60 % et du gaz fossile de 70 %. Ce qui veut dire fermer avant terme les infrastructures pétrolières et gazières et ne plus en construire de nouvelles.
Développer la séquestration de carbone, approche qui ne doit pas remplacer la diminution du recours aux énergies fossiles.
Améliorer le rendement énergétique et baisser la consommation des bâtiments.
Développer l’agroécologie.
D’après le GIEC, les scénarios limitant le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C impliquent de rapides, profondes et la plupart du temps immédiates réductions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs. Le groupe d’experts rappelle que le coût des différentes solutions listées est moindre par rapport au coût de l’inaction.
Parmi les pistes évoquées :
Energie (environ 34% des émissions mondiales)
Adopter la sobriété énergétique
Déployer des sources d’énergie peu émettrices, privilégier le solaire et l’éolien
Diminuer drastiquement les consommations de charbon, pétrole et gaz pour la production d’électricité
Industrie (environ 24% des émissions mondiales)
Agir tout au long de la chaîne de valeur pour utiliser plus efficacement les matériaux, les réutiliser et les recycler, diminuer les déchets
Passer à des sources d’énergie moins carbonées
Maîtriser les émissions de GES à la source, les techniques de captage et de stockage ne sont que complémentaires
Agriculture, forêt et usage des terres (environ 22% des émissions mondiales)
Préserver, mieux gérer et restaurer les forêts et autres écosystèmes (marais côtiers, tourbières, savanes, prairies…)
Gérer durablement les cultures et les élevages
Transports (environ 15% des émissions mondiales)
Réduire la demande de transport (télétravail, moins d’étalement urbain)
Opter pour des modes moins polluants (transports en commun)
Privilégier les modes actifs (vélo, marche) avec des investissements (pistes cyclables, trottoir)
Favoriser l’électrification des véhicules (moins polluants que les thermiques sur l'ensemble de leur cycle de vie) et les biocarburants durables
Améliorer l’efficacité énergétique du secteur de l’aviation
Bâtiments (environ 6% des émissions mondiales)
Rénover l’existant
Favoriser la construction de bâtiments à haute efficacité énergétique
Améliorer l’isolation (en privilégiant les matériaux biosourcés) en n’oubliant pas le confort d’été et la qualité de l’air intérieur
Améliorer l’éclairage
Produire et alimenter en énergies renouvelables sur place
Compacter les villes
Réduire la distance domicile/travail
Développer les espaces verts dans les villes pour créer des ilots de fraicheur
La sobriété, principal levier
Agir sur la demande et les services, par exemple les besoins de mobilité, représente un énorme potentiel, voire le levier principal de réduction des émissions mis en avant par le rapport. « Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d'infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 », indique Priyadarshi Shukla, coprésident du groupe de travail III du Giec. (source)
Si la plupart des experts s’accorde à dire que certains changements ne peuvent se faire sans l’accompagnement des collectivités, les comportements de chacun ont aussi un rôle à jouer dans l’inversion des courbes des émissions de gaz à effet de serre :
Comportements individuels
Opter pour un régime alimentaire plus riche en végétaux et avec peu de viande, réduire sa consommation de produits d’origine animale
Réduire le gaspillage alimentaire
Recycler les produits
Diminuer ses déchets
(Ré)écouter le podcast « La météo de l’air » sur Radio Omega
Comprendre l’essentiel de ce troisième rapport du GIEC en 3 minutes
et celui du Ministère de la Transition Ecologique
(Re)lire nos actualités consacrées