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Confinement et qualité de l’air : quelle comparaison entre mars 2020 et mars 2021 ?

Publié le : 01 April 2021

Confinement et qualité de l’air : quelle comparaison entre mars 2020 et mars 2021 ?

 

Depuis de nombreux mois, une pandémie d’ampleur mondiale a bousculé notre quotidien. L’année dernière, à cette époque, la société tout entière vivait au rythme d’une mesure inédite de restriction des activités, autrement appelée « confinement de la population ». Les premières constatations sur l’état de la qualité de l’air durant le confinement du printemps 2020 ont mis en lumière l’impact de nos activités sur les niveaux de certains polluants. Un an après, la situation est-elle comparable ?

 *Article rédigé le 30/03/2021*

 

Retour sur les mesures en vigueur en mars 2020 et en mars 2021

Mars 2020

Dès le 17 mars 2020 à midi, les mesures de confinement de la population entraient en vigueur : chacun était tenu de rester à domicile, les seuls motifs de sortie étant d'aller travailler ou d'effectuer un déplacement professionnel, faire ses courses, se déplacer pour raison de santé, pour raison d'urgence familiale, pour la garde d'enfant, pour une activité physique individuelle (à proximité du domicile) ou pour sortir un animal de compagnie, tout rassemblement étant interdit.
Le ralentissement de certaines activités et l’interdiction de nombreux déplacements a duré 55 jours, du 17 mars au 11 mai 2020.

Mars 2021

Face à la circulation très active du virus, le gouvernement cible la sphère privée, et annonce un couvre-feu le 14 octobre dans certaines zones (Île-de-France et 8 grandes métropoles) entre 21 h et 6 h. Ce dispositif a été étendu à 38 autres départements la semaine suivante, dont le Jura, la Saône-et-Loire et la Côte d’Or. Dès le 2 janvier 2021, le couvre-feu était avancé à 18h dans 6 des 8 départements de la Bourgogne-Franche-Comté (Doubs, Jura, Nièvre, Haute-Saône, Saône-et-Loire et Territoire de Belfort), et à 20h dans les 2 derniers départements de la région (Côte d’Or et Yonne). Depuis le 20 mars 2021, les 8 départements de la région sont concernés par un couvre-feu repoussé à 19h, jusqu’à 6h le lendemain matin.

 

Activités et météo influencent l’état de la qualité de l’air

La qualité de l’air dépend des niveaux de polluants dans l’atmosphère. Cependant, la météo a un impact déterminant sur ces niveaux, en agissant sur la dispersion et sur les transformations chimiques des polluants. La qualité de l’air évolue localement selon les émissions de polluants introduits dans l’atmosphère, par le biais des activités humaines (trafic routier, épandages agricoles, chantiers BTP, chauffage résidentiel, ...) ou de manière naturelle (éruption volcanique, poussières sahariennes, ...). Les polluants s’accumulent ou se dispersent sous l’action des éléments atmosphériques comme le vent, la stabilité de la masse d’air, la température, l’humidité, la pression... la qualité de l’air évolue donc en fonction des conditions météorologiques.

Pour étudier les effets du confinement sur la qualité de l’air, Atmo BFC a priorisé les 2 principaux polluants hivernaux : le dioxyde d’azote NO2 et les particules atmosphériques de taille inférieure à 10 µm de diamètre, les PM10.

Cependant, le confinement est survenu à une période charnière de l’année : les polluants hivernaux (issus par exemple du chauffage résidentiel) sont en diminution, alors que les polluants printaniers (d’origine agricole, ou naturelle) font leur apparition. Par ailleurs, le climat a un énorme impact sur l’évolution des niveaux de polluants de l’air. Ainsi, lors des premiers travaux comparatifs sur l’effet des restrictions d’activités sur les niveaux de polluants atmosphérique, l’année 2019 fut marquée par un mois de mars particulièrement pluvieux et donc des niveaux de pollution inférieurs à ceux observés en mars 2018, par exemple. Le mois de mars 2020, s’étant montré particulièrement ensoleillé, ne présentait pas des conditions comparables avec celles de mars 2019, où le printemps fut plus tardif.

En mars 2021, les températures se sont avérées légèrement plus fraîches qu’au cours du mois de mars 2020 avec une température moyenne respectivement de 6°C contre 8°C, la différence ayant été plus marquée sur la deuxième partie du mois avec un écart de près de 3°C. En termes de précipitations, mars 2020 a été marqué par une plus forte pluviométrie, surtout dans la première quinzaine du mois, avec un cumul total de 57.2 mm contre 35.7 mm pour mars 2021.

 

Évolution des données météo durant les mois de mars 2020 (en vert) et mars 2021 (en orange) – Données Météo France

 

Le dioxyde d’azote, marqueur du trafic routier

Le dioxyde d’azote (NO2) est un polluant gazeux principalement émis par le trafic routier. En situation « normale », on estime à 63% la contribution de ce secteur sur les émissions de ce polluant en Bourgogne-Franche-Comté (données 2016 - source : ORECA).

En mars 2020, celui-ci affichait une baisse très importante en cette période de déplacements limités. Cependant, la circulation des agents indispensables au bon fonctionnement de notre société et aux transports de fret a été maintenue, de sorte que les émissions ne soient pas tombées à zéro. Par ailleurs, les autres sources de NO2, liées aux secteurs résidentiel ou agricole sont restées présentes. De ce fait, la baisse des niveaux de NO2 n’avait pas été homogène sur l’ensemble de la région.

Niveaux moyens en NO2 observés en mars 2020 (en vert, période hors confinement) et en mars 2021 (en orange, période de couvre-feu) selon les typologies des sites de mesures

 

Niveaux moyens en NO2 observés en mars 2020 (en vert, période de confinement) et en mars 2021 (en orange, période de couvre-feu) selon les typologies des sites de mesures

 

Les niveaux moyens en NO2 observés pour mars 2020 et 2021 sont plutôt comparables sur la première partie du mois (du 1er au 16). On note néanmoins une différence plus marquée pour les stations rurales et urbaines. Pour la seconde partie du mois de mars (du 17 au 28) en revanche, les variations observées entre 2020 et 2021 sont plus importantes. Hormis pour les stations rurales, 2021 est marquée par des concentrations moyennes en NO2 en hausse, notamment sur les stations urbaines et celles sous influence trafic.

 

Les particules, encore présentes malgré la transition saisonnière

En ce qui concerne les particules PM10, et contrairement aux idées reçues, le trafic routier ne constitue qu’une source d’émission mineure. En situation « normale », on estime à 21% la contribution de ce secteur sur les émissions de PM10 en Bourgogne-Franche-Comté, le secteur résidentiel/tertiaire contribuant à hauteur de 29%, l’agriculture à 27% et l’industrie à 19% (données 2016 - source : ORECA).

La baisse du trafic routier du fait du confinement 2020 n’a donc eu que peu d’impact sur les niveaux observés. Au contraire, les sources principales en cette saison étant les émissions du secteur agricole et du secteur résidentiel, deux activités ne présentant pas de baisse en période de confinement, les niveaux observés n’ont révélé aucune diminution durant le confinement. Cette évolution a pu néanmoins être considérée comme normale, qui plus est fréquemment observée dans notre région au cours de cette période.  

 

Évolution journalière des niveaux de particules PM10 en mars 2020 (en vert) et mars 2021 (en orange)

 

La première partie du mois de mars (du 1 au 17) a été marquée par des niveaux plus élevés en 2021 qu'en 2020, pour plusieurs raisons :

  • Un épisode de pollution au sable saharien sans précédent, qui s’est manifesté notamment par un ciel inhabituellement coloré et des concentrations de particules particulièrement élevées dans l’atmosphère ;

  • Un vent relativement faible sur cette période, combiné à une pluviométrie plus faible qu'en 2020 (-20mm), ce qui a pu favoriser l'accumulation des polluants dans l'atmosphère.

Sur la seconde partie du mois de mars (du 17 au 28), la tendance semble inversée puisque les niveaux de particules PM10 sont globalement plus élevés en 2020 qu’en 2021.  Par ailleurs, à partir du 23 mars 2020, une augmentation croissante des niveaux de PM10 a été observée, avec un pic le 28 mars. Ce jour-là, les niveaux journaliers étaient même très proches du seuil d'information et de recommandation fixé à 50 µg/m3, possiblement en lien avec la reprise de l’activité agricole dans cette période printanière généralement favorable aux épandages.

 

 

Les bons gestes

Pour limiter la pollution de l’air ambiant et s’en protéger, il existe de nombreux gestes que chacun peut mettre en pratique. La plupart de ces gestes citoyens relèvent du bon sens et sont pour la plupart faciles à mettre en œuvre dans de nombreuses activités du quotidien.

  • Quand c’est possible, j’adapte mon mode de transport

    • Je limite l’utilisation de mon véhicule

    • J’effectue mes petits trajets à pieds ou à vélo (les petits trajets effectués en ville, moteur froid, engendrent une forte surconsommation de carburant)

    • Je favorise les transports en commun

    • Je pratique le covoiturage 

  • Je suis un conducteur responsable

    • Je conduis avec souplesse et décontraction, surtout lors des 5 premiers kilomètres

    • Pour limiter ma consommation de carburant et les émissions polluantes de mon véhicule, j’évite les accélérations et les freinages brutaux, je respecte les limitations de vitesse et je ne laisse pas tourner le moteur inutilement

    • Je n’utilise pas systématiquement la climatisation, afin de limiter ma consommation de carburant et donc mes émissions

    • Mon véhicule est régulièrement entretenu. Par exemple, je change le filtre à air une fois par an (Un filtre à air encrassé endommage fortement les conduits internes du moteur et peut conduire à la panne) 

  • Je consomme responsable avant de produire des déchets

    • Je choisis des produits en vrac, en recharge ou en format familial pour limiter les emballages

    • Je fais mes courses avec des sacs réutilisables

    • Je trie mes déchets et je composte mes déchets organiques

    • Je ne brûle pas mes déchets verts, je préfère le compost ou la valorisation en déchetterie 

  • Je maîtrise ma demande énergétique

    • J’utilise des appareils électriques peu gourmands : mes appareils électroménagers sont de classe énergétique A

    • Je suis équipé d’ampoules basse consommation

    • J’éteins la lumière lorsque je quitte une pièce

    • Je ne laisse jamais les appareils en veille, par exemple j’éteins la télévision lorsque je ne la regarde pas

    • Mon habitat est isolé pour éviter les fuites thermiques

    • Je choisis mes matériaux de construction en fonction de leur label

    • Je privilégie les sources d’énergie alternatives lorsque cela est possible : réseau de chaleur local, biomasse, énergie solaire, éolienne, géothermie… 

  • J’optimise mon installation de chauffage

    • J’ai installé par un poêle à bois labellisé « Flamme verte », qui limite les émissions de particules dans l’air extérieur

    • J’ai remplacé ma vieille chaudière par un modèle à condensation, qui consomme moins d’énergie et diminue les émissions de polluants dans l’air extérieur

    • Je brûle du bois de bonne qualité : bûches, plaquettes et granulés certifiés

    • J’entretiens régulièrement mon installation

 

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