La légionellose est une infection provoquée par une bactérie de la famille des Legionella. Elle peut prendre deux formes :
Une forme banale ou « fièvre de Pontiac », qui provoque un syndrome grippal et une toux sèche. La durée d’incubation de l’ordre de quelques heures à 48 heures, la guérison est spontanée en 2 à 5 jours.
Une forme plus grave ou « maladie du légionnaire », aux conséquences plus dramatiques. La bactérie se multiplie dans les alvéoles pulmonaires et provoque une infection des poumons (pneumonie), des difficultés respiratoires, rénales, voire un état de choc. Sans traitement adapté, elle peut s'avérer mortelle dans 15 à 20% des cas. Les symptômes précurseurs sont la fièvre, des maux de tête, de la fatigue, des problèmes digestifs et des difficultés respiratoires. Le temps d’incubation varie de 2 à 13 jours.
A déclaration obligatoire depuis 1987, la légionellose n'a pendant longtemps concerné en France qu'une cinquantaine de cas par an. Mais depuis le renforcement du système de surveillance en 1997, le nombre de cas détectés n'a pas cessé d'augmenter. 2017 a été une année record, avec 1630 cas notifiés (source) et un taux d’incidence le plus élevé cette même année pour le côté Franche-Comté de notre région (source)!
...Pourquoi « légionelle » ?
En 1976, des anciens combattants se réunissent lors du 58ème congrès de l’American Legion à Philadelphie. Parmi les 182 participants, 29 d'entre eux sont victimes d'une affection pulmonaire qui leur sera fatale. Un an plus tard, la bactérie Legionella pneumophilia est identifiée. On apprendra par la suite que la bactérie s'était propagée par le système de climatisation de leur hôtel.
Un traitement antibiotique permet un rétablissement total en trois semaines. Mais la légionellose doit être traitée très rapidement car elle peut être fatale chez certaines personnes, notamment celles dont le système immunitaire est fragile :
Les personnes âgées de plus de 50 ans
Les nourrissons
Les enfants
Les personnes immunodéprimées (patients souffrant de cancer, diabète, sida… et sous traitements immunosuppresseurs tels la chimiothérapie ou la corticothérapie)
Les personnes souffra nt d’autres maladies pulmonaires (insuffisants respiratoires, souffrant de BPCO –bronchopneumopathie chronique obstructive- ou d’emphysème, …)
Les fumeurs
Les personnes souffrant d’alcoolisme chronique
Les cas de légionellose sont donc particulièrement préoccupants lorsqu'ils apparaissent dans un établissement hospitalier. La mortalité peut atteindre 40 % chez les malades hospitalisés, et plus chez les immunodéprimés.
Statistiquement, les hommes sont près de trois fois plus touchés que les femmes.
La légionelle est une bactérie présente naturellement dans notre environnement (eau et sol) et bien souvent, sa prolifération est due à la stagnation d'eau chaude (plus de 20°C). Elle se développe donc très facilement dans :
les canalisations de distribution d'eau chaude (douches, systèmes d'hydrothérapie thermale, stations de lavage de véhicules sous pression,…)
les bains à jets ou à remous (jacuzzi, spa, thermes…)
les systèmes de climatisation (en particulier les tours aéroréfrigérantes (TAR) humides équipant les bâtiments industriels et les immeubles de bureaux)
la climatisation
les nébulisateurs et humidificateurs d'appareils respiratoires
les fontaines réfrigérantes
les fontaines décoratives
…
Les contaminations se font par inhalation d'eau contaminée sous forme de fines gouttelettes ou d'aérosols de taille inférieure à 5 µm. Cependant, la présence de légionelles dans l’eau n’est pas une condition suffisante pour provoquer la légionellose. Trois facteurs doivent être réunis :
eau contaminée par les légionelles
dispersion de l’eau par aérosols
inhalation de l’aérosol
Ainsi, aucun cas de légionellose n’a été diagnostiqué à la suite de l’ingestion d’eau contaminée, de même qu'aucun cas de transmission interhumaine n'a été signalé.
eau stagnante (bras mort, réservoir, bac de condensation, éléments obstruant un réseau…)
température de 20 à 45°C*
biofilm (dépôt organique verdâtre sur les parois internes des canalisations)
caoutchouc, silicone et certains plastiques
présence de corrosion avec résidus métalliques (fer, zinc, aluminium)
présence de tartre
* Les légionelles se multiplient faiblement en dessous de 20°C, arrêtent de se reproduire à 55°C et sont détruites à partir de 60°C (en 32 min) jusqu’à 75°C (destruction instantanée).
Si de nombreux établissements recevant du public font l'objet de contrôles et d'interventions pour prévenir tout risque, il n'en va pas de même pour l'habitat individuel.
Ainsi dans son logement, s'il est impossible d'éradiquer complètement les légionelles, il est possible de limiter leur prolifération :
éviter la stagnation de l'eau dans les canalisations en ouvrant régulièrement tous les robinets
maintenir la température de l'eau froide en dessous de 20°C
maintenir la température de l'eau chaude à une température supérieure à 50°C (pour limiter la formation de tartre), de préférence 60 à 65°C, température qui inactivera la bactérie (sauf systèmes de production instantanée d’eau chaude)
limiter le volume de stockage d’eau chaude (permet un renouvellement fréquent de l'eau)
lutter contre l'entartrage et la corrosion (passer les pommeaux de douche et les robinets au vinaigre blanc ou autre produit anticalcaire)
nettoyer régulièrement les canalisations d'eau et embouts de robinetterie (brise-jets, pommeaux et flexibles de douches, filtres de robinets...)
ne pas débrancher le chauffe-eau en cas d’absence pour quelques jours
après une absence prolongée, faire couler l’eau froide et l’eau chaude des points d’eau, notamment la douche, avant de les réutiliser
faire couler l’eau au moins une fois par semaine sur les points d’eau peu utilisés (seconde salle de bains, maison de vacances…)
utiliser du chlore dans les bains bouillonnants privés
bien entretenir son système de climatisation, de conditionnement d’air et des humidificateurs
désinfecter régulièrement les canaux d'aération
Utiliser de l’eau stérile pour le nettoyage et le remplissage
Réécouter notre podcast « La Météo de l’air » sur Radio Oméga
Connaître l’endroit de la maison le plus exposé aux légionelles
Sources
« Nos maisons nous empoisonnent », Georges Méar