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Les métaux, polluants de l'air et même plus

Publié le : 19 August 2021

Les métaux, polluants de l’air et même plus

 

Arsenic, cadmium, chrome, cuivre, nickel, mercure… Les métaux sont un incontournable des polluants de l’air. Mais notre exposition à ces éléments ne repose pas uniquement sur la qualité de l’air : l’alimentation y contribue aussi. Récemment, une étude de Santé Publique France a révélé que l’ensemble de la population était exposé à ces « métaux lourds », néfastes pour la santé. Certains comportements permettraient toutefois de réduire cette exposition…

 

Toute la population est imprégnée

Selon une étude pilotée par Santé Publique France et publiée le 1er juillet dernier, toute la population française est exposée aux métaux lourds (aussi appelés éléments traces métalliques). En effet, d’après les derniers résultats de l’étude ESTEBAN (Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition), 97 à 100% des français serait imprégnée par les métaux, enfants y compris.

Les travaux ont été menés entre avril 2014 et mars 2016 sur un échantillon représentatif de la population française, composée de 1104 enfants et 2503 adultes, âgés de 6 à 74 ans. Ils s’appuient sur des prélèvements biologiques (urines, sang et cheveux) et sur un questionnaire sur les habitudes de vie et alimentaires. Cette analyse croisée a permis de quantifier l’exposition aux métaux lourds et de la mettre en lien avec des facteurs de consommation.

Pour tous les métaux, à l’exception du nickel et du cuivre, les niveaux mesurés chez les adultes ou les enfants ont été plus élevés que dans la plupart des pays d’Eureope et d’Amérique du Nord, parfois même supérieurs aux recommandations de l’Anses :

  • Arsenic : 27,7% des adultes dépassent le seuil recommandé et 2,8% des enfants de moins de 12 ans

  • Mercure : 2,4% des enfants sont au-dessus du seuil et 2,1% des femmes de 18 à 49 ans

  • Cadmium : près de la moitié de la population adulte est au-dessus du seuil.

Si les métaux sont reconnus comme polluants de l’air, la principale source de contamination mise en exergue dans cette étude est bien l’alimentation. Parmi les denrées les plus contributrices, sont cités poissons et produits de la mer (pour leurs apports en arsenic, chrome, cadmium et mercure) mais aussi céréales du petit déjeuner ou légumes bio (pour le cuivre). Parmi les autres sources d’exposition aux métaux figurent le tabagisme (par rapport au cadmium), le port de plombages (pour le chrome) ou d’implants médicaux (par rapport au mercure urinaire notamment).

Les métaux de l’étude, retenus en raison de leurs effets néfastes (cancérogènes, osseux, rénaux…) : Aluminium, Antimoine, Arsenic et ses dérivés, Baryum, Béryllium, Bore, Cadmium, Césium, Chrome, Cobalt, Cuivre, Etain, Iridium, Lithium, Manganèse, Mercure, Molybdène, Nickel, Or, Palladium, Platine, Plomb, Sélénium, Thallium, Tungstène, Uranium, Vanadium, Zinc.

 

L’émission de métaux dans l’air

Dans le milieu naturel, certains métaux tels l’arsenic sont assez abondants dans la croûte terrestre, et en petites quantités dans la roche, le sol, l’eau et l’air. L’activité volcanique, les poussières d’érosion ou encore les feux de végétation contribuent à l’introduction des métaux dans l’atmosphère. Les sources liées à l’activité anthropique proviennent essentiellement du secteur industriel : fonderies, métallurgie, combustion des combustibles fossiles, incinération des déchets… Certains métaux tels le cadmium, le mercure, le plomb ou encore le chrome sont retrouvés dans la fumée de tabac. Les métaux sont généralement agrégés au niveau des particules, à l’exception du mercure, principalement gazeux.

 

Effets sur la santé et l’environnement

Même si des effets toxiques sont observables à court terme, l’action des métaux sur la santé est le plus souvent lente et liée à des phénomènes d’accumulation dans les écosystèmes.

Les métaux contaminent les sols et les aliments. Ils s’accumulent dans les organismes vivants et perturbent les équilibres et mécanismes biologiques. Certains lichens ou mousses sont couramment utilisés pour surveiller les métaux dans l’environnement et servent de « bio-indicateurs ».

Santé publique France rappelle que les métaux de cette étude, naturellement présents dans l’environnement, et même pour certains d’entre eux dans l’organisme, peuvent, au-delà de certaines concentrations, être à l’origine de l’apparition de maladies chroniques affectant le système nerveux, les fonctions rénales, hépatiques, respiratoires, cardio-vasculaires, immunitaires, voire provoquer l’apparition de cancers.

Parmi les effets les plus connus :

  • Le plomb est un toxique neurologique connu, responsable du saturnisme. Il peut entraîner chez l’enfant des troubles du développement cérébral.

  • L’atteinte rénale causée par le cadmium peut être l’origine d’une décalcification osseuse, de douleurs et de fractures.

  • Le nickel, bien que permettant d’éviter les anémies en fer, peut à forte dose provoquer des dysfonctionnements de la fonction thyroïdienne.

  • L’arsenic, oligo-élément à petite dose, a longtemps été employé comme poison pour provoquer la mort.

Le nickel, l’arsenic et le cadmium sont classés cancérigènes.

 

 

Les bons gestes

Je limite mon exposition aux métaux de l’air en lien avec le tabac :

  • Je suis fumeur

    • Je sors pour fumer

    • Je ne fume pas à l’intérieur d’un logement ou d’une voiture, même fenêtres ouvertes

    • Je ne fume pas dans une pièce fréquentée par des enfants

    • Je me lave les mains systématiquement après avoir fumé

    • Enceinte, j’arrête de fumer

    • J’évite de fumer à proximité de personnes sensibles ou vulnérables (nourrissons, enfants, insuffisants respiratoires…)

    • Je respecte l’interdiction de fumer là où elle doit être appliquée

  • Je suis non-fumeur

    • J’invite mes proches à fumer à l’extérieur de mon logement ou de ma voiture

    • Je m’éloigne lorsque la fumée m’incommode

    • Si malgré mes précautions, quelqu’un a fumé dans mon logement ou dans ma voiture, j’ouvre les fenêtres pour aérer un long moment

L’étude ESTEBAN indique qu’il est possible de limiter son exposition aux métaux via l’alimentation notamment par rapport à la consommation de poissons, fruits de mer et crustacés. Compte-tenu de ses qualités nutritionnelles, je maintiens une consommation de poisson 2 fois par semaine (dont 1 poisson gras). Je veillerai notamment à varier les espèces et lieux de pêche.

 

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