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Les vagues de chaleur charrient l'ozone

Publié le : 30 June 2020

Les vagues de chaleur charrient l’ozone

 

La fin de ce mois de juin est marquée par le retour de la chaleur. Si celle-ci a le mérite de faire du bien au moral à l’approche des vacances, elle est aussi synonyme de dégradation de la qualité de l’air. En effet, la présence dans l’air de certains polluants peut, sous certaines conditions d’ensoleillement, favoriser la formation de l’ozone, polluant atmosphérique typique de la saison estivale. Au point que certaines régions traversent déjà un pic de pollution à l’ozone…

 

Un polluant typiquement estival

L’ozone n’est pas un polluant émis directement. C’est un polluant dit « secondaire », qui résulte de l’action du rayonnement solaire sur certains composés « précurseurs » tels les oxydes d’azote (NO et NO2) et les composés organiques volatils (COV), d’origine industrielle et automobile pour l’essentiel. La météorologie est un facteur qui influe fortement sur la formation de l’ozone : en général, plus il y a de soleil et de chaleur, plus la formation d’ozone dans l’air que nous respirons est importante !

En outre, la pollution par l’ozone apparaît surtout l’été, lorsque l’ensoleillement est intense. Les plus fortes concentrations sont le plus souvent mesurées en milieu ou fin d’après-midi (forte intensité solaire favorisant les réactions chimiques) et par vent faible (stagnation des polluants dans l’atmosphère), en périphérie des zones émettrices des polluants primaires puis transportées sur de longues distances.

 

L’ozone : « bon » ou « mauvais » ?

Bien que de nature chimique identique, il convient de distinguer l’ozone « stratosphérique » de l’ozone « troposphérique » :

  • l’ozone stratosphérique, qualifié de « bon ozone », forme une couche qui nous protège de certaines radiations nuisibles du soleil (rayons UV-B et UV-C en particulier)

  • l’ozone troposphérique, le « mauvais ozone », est un polluant très toxique car il est en contact direct avec l’homme et les écosystèmes.

Le « trou dans la couche d’ozone » est une disparition partielle de ce « bon ozone », liée à l’effet destructeur d’ozone de certains polluants émis dans la troposphère (couche atmosphérique dans laquelle nous vivons) et qui migrent lentement dans la stratosphère (10 à 60 km d’altitude).

 

Des effets sur la santé et sur l’environnement

L’ozone est un gaz irritant qui pénètre facilement jusqu’aux voies respiratoires les plus fines et peut provoquer chez certaines personnes (notamment les jeunes enfants, personnes âgées, asthmatiques, allergiques ou souffrant d’insuffisance cardiaque et respiratoire) des irritations respiratoires mais aussi oculaires.

L’ozone a un effet néfaste sur la végétation (processus physiologiques des plantes perturbés), sur les cultures agricoles (baisse des rendements) et sur le patrimoine bâti (fragilisation/altération de matériaux tels métaux, pierres, cuir, caoutchouc, plastiques…).

 

L’ozone bien présent au cours de l’été 2019…

L’été 2019 a été marqué par deux vagues de chaleur, assez brèves mais exceptionnelles par leur intensité. D’abord du 25 au 30 juin, où la canicule a été remarquablement précoce sur l’ensemble du pays, puis du 21 au 26 juillet, où le mercure a souvent dépassé les 40°C. Avec une température moyenne sur le pays de 29,4°C, le 25 juillet a été la journée la plus chaude enregistrée en France, ex-aequo avec le 5 août 2003.

En lien avec le premier pic de chaleur, un épisode ponctuel de pollution à l’ozone est survenu dans les derniers jours du mois de juin, du 26 au 30. Les procédures d’information et de recommandation ont été déclenchées sur les départements de la région Bourgogne-Franche-Comté, à l’exception de l’Yonne et de la Nièvre, à l’ouest de la région et épargnées par le phénomène. La persistance de cet épisode de pollution a conduit à l’enclenchement de la procédure d’alerte sur 4 des 6 départements concernés, à savoir le Doubs, le Jura, la Saône-et-Loire ainsi que le Territoire de Belfort. Néanmoins, aucun franchissement du seuil d’alerte n’a été déploré.

Hormis une période de fraîcheur assez marquée durant la première quinzaine de juin et quelques refroidissements ponctuels au mois d’août, les températures sont le plus souvent restées supérieures aux normales. Ainsi le mois de juillet, dont les températures ont atteint leur apogée autour du 25, a été marquée par un épisode de pollution à l’ozone survenu du 23 au 26. La procédure d’information et de recommandation a été déclenchée sur 5 départements : la Côte d’Or, le Doubs, la Haute-Saône, la Saône-et-Loire et le Territoire de Belfort, voire passée en procédure d’alerte sur persistance pour 2 d’entre eux. Comme pour le mois de juin, malgré la dénomination de cette procédure, le seuil d’alerte n’a pas été atteint.

 

…comme à l’été 2003

L’été 2003 avait été très chaud et très sec, notamment au cours du mois d’août. Ces conditions météorologiques particulières avaient été très favorables à la formation et à l’accumulation de l’ozone dans l’atmosphère, au niveau national, avec des niveaux dépassant le seuil d’information et de recommandation, voire dépassant le seuil d’alerte en Bourgogne-Franche-Comté. Cette année-là, de nombreuses valeurs « records » avaient été relevées dans la région.

En dehors des valeurs extrêmes rencontrées en 2003, la durée de ces épisodes de pollution s’est également avérée hors normes : 5 à 10 heures d’affilées de dépassement du seuil d’information et de recommandation, contre généralement 1 à 2 heures pour les épisodes rencontrés jusque-là…

 

Les niveaux records

Néfaste pour la santé humaine et la végétation, l’ozone constitue l’un des facteurs essentiels de la dégradation de la qualité de l’air. Pour cette raison, la réglementation a fixé des normes pour ce polluant, qui portent à la fois sur des niveaux moyens et sur des niveaux de pointe.

Pour ces derniers, la réglementation fixe le seuil d’Information et de Recommandation à 180 µg/m3/h et le seuil d’Alerte à 240 µg/m3/h.

Les niveaux maximums enregistrés pour les stations en service, lors des derniers étés en comparaison avec la canicule de 2003, sont les suivants :

  • Eté 2003

    • 242 µg/m3 à Daix (15/07/03 13h00, Côte d’Or)

    • 240 µg/m3 à Mâcon (13/08/03 à 13h00, Saône-et-Loire)

    • 230 µg/m3 à Dambenois (06/08/03 à 14h00, Doubs)

  • Eté 2017

    • 184 µg/m3 à Mâcon (22/06/17 à 15h00, Saône-et-Loire)

    • 174 µg/m3 à Chailluz (19/06/17 à 15h00, Doubs)

    • 173 µg/m3 à Lons-le-Saunier (22/06/17 à 18h00, Jura)

  • Eté 2018

    • 197 µg/m3 à Daix (04/08/18 à 17h00, Côte d’Or)

    • 196 µg/m3 à Dijon Péjoces (04/08/18 à 17h00, Côte d’Or)

    • 194 µg/m3 à Montfaucon (04/08/18 à 20h00, Doubs)

  • Eté 2019

    • 207 µg/m3 à Dambenois (25/07/19 à 13h00, Doubs)

    • 188 µg/m3 à Dambenois (27/06/19 à 15h00, Doubs)

    • 186 µg/m3 au Creusot (25/07/19 à 16h00, Saône-et-Loire)

 

 

Les bons gestes

L'ozone est un polluant dépendant essentiellement des conditions météorologiques : il est donc difficile d'influer sur sa formation. Il reste cependant possible d'agir en limitant les niveaux de ses précurseurs (NOx et COV) :

  • J’évite d’utiliser mon véhicule et préfère le covoiturage, les transports collectifs, le vélo voire la marche lorsque cela est possible ;

  • J’adopte une conduite apaisée, je coupe le moteur à l’arrêt, je limite l’utilisation de la climatisation, mon véhicule est entretenu ;

  • Je réduis ma vitesse si la limitation est supérieure ou égale à 70 km/h (sauf vignette CRIT’AIR zéro émission).

  • Je reporte l’utilisation d’outils à moteur thermique (tondeuse, groupe électrogène…).

  • J’évite d’utiliser des produits à base de solvants (white spirit, peinture, vernis…).

  • J’ai conscience que le brûlage à l’air libre des déchets (y compris les végétaux) est interdit.

 

Les recommandations sanitaires

  • De manière générale :

    • Il n’est pas nécessaire que je modifie mes habitudes ;

    • En cas de symptômes ou d’inquiétude, je prends conseil auprès de mon médecin ou de mon pharmacien ;

    • Je veille à ne pas aggraver les effets de cette pollution par d’autres facteurs irritants (tabac, usage de solvants, exposition aux pollens…) ;

    • Je ne modifie pas mes pratiques habituelles d’aération et de ventilation ;

  • Pour les personnes sensibles et vulnérables (femmes enceintes, nourrissons, jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires, asthmatiques, personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution) :

    • Je limite les déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords, aux heures de pointe ;

    • Je limite les activités physiques et sportives intenses (dont les compétitions), autant en plein air qu’à l’intérieur.

 

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