DES EXPERTS
            À VOTRE SERVICE

DES EXPERTS
            À VOTRE SERVICE

Une pollution qui fait des étincelles

Publié le : 09 July 2020

Une pollution qui fait des étincelles

 

Mardi prochain, 14 juillet, est une date incontournable de l’histoire de France et un synonyme de jour de fête dans le calendrier. A cette occasion, les feux d’artifice sont de sortie : c’est une tradition. Mais au-delà de la beauté visuelle de l’évènement, il y a une pollution ponctuelle de l’air…

 

Comment ça fonctionne ?

Un feu d’artifice est un procédé pyrotechnique mettant en œuvre des explosifs qui produisent de la lumière mais aussi du son et de la fumée. Le principe de base des feux d'artifice repose sur la combustion de la poudre noire contenant :

  • Un composé oxydant (nitrate, chlorate ou perchlorate) qui libère de l'oxygène

  • Un composé réducteur (soufre et carbone, en mélange avec silicium, bore, magnésium ou encore titane) qui sert de combustible

Lors de la combustion de ces composés, entre 1000 et 3000°C, des particules d’oxydes métalliques sont formées. Les « étoiles » qui apparaissent au moment de l’explosion prennent la couleur des composés métalliques en combustion : strontium (rouge), baryum (vert), titane (argenté), sodium (jaune), cuivre (bleu), calcium (orange)… D’autres composés sont ajoutés au mélange pour diversifier les effets des bombes : antimoine pour le scintillement, aluminium pour les étincelles ou encore zinc pour les fumées.

 

Des impacts surtout sur l’environnement…

La mise en œuvre des feux d’artifices repose sur un phénomène de combustion qui dégage du dioxyde de carbone (CO2), connu comme l’un des principaux gaz à effet de serre. Par exemple, un spectacle nécessitant 30 tonnes de poudre, projette dans l'atmosphère 14,7 tonnes de CO2, soit l'équivalent d'un trajet de 67.000 km en voiture essence (…l’équivalent de plus d’une fois et demi le tour de la Terre).

Ces explosifs ne se limitent pas à la propagation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère :  en plus de se décomposer sous forme de fumées et de gaz, ils se dématérialisent sous forme de débris et de particules fines qui se répandent dans l’air, dans l’eau et sur le sol. Après le spectacle, le niveau de particules fines dans l’air retombe rapidement. Mais au niveau national, cette concentration demeure encore plus élevée que les taux réglementaires durant les 24 heures qui suivent un feu d'artifice.

Certaines retombées persistent et impactent la faune et la flore sur le long terme. Par exemple, le phosphore, utilisé dans la pigmentation des feux d’artifice, entraînerait l’eutrophisation des lacs compromettant la biodiversité et la fluidité adéquate des canaux hydrauliques. Oiseaux et insectes peuvent également en subir les conséquences : effrayés par les bruits, ces derniers peuvent être perturbés lors de leur chasse ou de leur ponte.

 

… et potentiellement sur la santé

L’hydrogène sulfuré, le méthane, le dioxyde de soufre ou encore les particules fines émis dans l’atmosphère à des taux localement élevés, sont notamment susceptibles de pénétrer dans les poumons des spectateurs. D’autres substances toxiques sont dégagées à l’explosion :

  • Perchlorates et dérivés : un minéral oxydant dont les effets sur la santé posent encore de nombreuses questions, notamment sur des problèmes de thyroïde, des perturbations du système endocrinien et même certains cancers.

  • Métaux utilisés pour la couleur : les contaminations au cuivre sont susceptibles d’entraîner des taux élevés de dioxine et des problèmes de peau, les contaminations à l’aluminium sont liées à des problèmes cognitifs et sont suspectées d’augmenter la prévalence de la Maladie d’Alzheimer. Le baryum, radioactif, peut causer des problèmes gastro-intestinaux…

Ces pics peuvent incommoder les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires ou d’affections chroniques des voies respiratoires. La charge en aérosols des feux d’artifice ne devrait, en revanche, pas avoir de conséquences, ou uniquement des effets négligeables, sur la santé des personnes bien portantes.

En outre, la toxicité des émissions pyrotechniques dépend de la quantité de poudre utilisée, de la nature des polluants (oxydants, métaux…), de la méthode et hauteur de lancement et enfin de la météo. Le risque majeur au cours du spectacle étant le vent, pouvant favoriser le déplacement des fumées vers les spectateurs.

Si un seul feu d’artifice n’a pas de conséquences dévastatrices sur l’environnement, la santé ou la biodiversité, c’est la répétition de ces spectacles qui peut entraîner des taux de contamination anormalement élevés à long terme.

 

Des alternatives écologiques aux feux d’artifice

Depuis quelques années, les artificiers tentent de réduire l'impact environnemental des feux d'artifice :

  • Recours à l'air comprimé pour propulser les engins pyrotechniques

  • Spectacles son et lumière, voire vols de drones

  • Substitution des matériaux d’origine (plastique, perchlorates) par des matériaux biodégradables (papier, carton) ou moins polluants (tétrazole, bistétrazole)

 

 

Les bons gestes

Sans grand danger pour des évènements ponctuels de taille réduite, les émanations des feux d’artifice le sont beaucoup plus si leur fréquence augmente :

  • Je suis une personne sensible : je m’installe dans un endroit qui n’est pas face au vent et suffisamment éloigné pour éviter le nuage de fumée.

  • J’achète des feux d’artifice : je me renseigne sur leur composition et sur la réglementation en vigueur.

  • Je privilégie les spectacles de lumières publics ou des représentations alternatives.

 

En savoir plus