Crise énergétique: chauffer en moyenne à 19 °C, recommandé et approuvé

Par La rédaction

Pour le chauffage électrique, il est conseillé de remplacer les vieux convecteurs par des radiateurs modernes diffusant par rayonnement.

Pour le chauffage électrique, il est conseillé de remplacer les vieux convecteurs par des radiateurs modernes diffusant par rayonnement.

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Limiter la température d'une pièce à 19 °C, comme l'a recommandé Emmanuel Macron pour faire face à la crise énergétique, est une préconisation ancienne pour faire des économies sur les factures de chauffage, avec des modulations possibles.

Dans un rapport de 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que les températures intérieures des logements devaient être "suffisamment élevées pour protéger les résidents des effets nocifs du froid sur la santé".

Pour les pays aux climats tempérés ou plus froids, 18 °C a été proposé comme la bonne température pendant les saisons froides, excepté pour les personnes vulnérables. En France, une limite de 19 °C en moyenne pour les logements et locaux, notamment d'entreprises, est inscrite dans le code de l'énergie de 1978. "Supporter 19 °C dépend de l'âge, de l'activité, cela dépend aussi de la façon de s'habiller. C'est aussi un esprit de solidarité, pour que tout le monde puisse profiter de l'électricité" dans un contexte contraint, ajoute Céline Laruelle, ingénieure à l'Ademe spécialisée dans les équipements climatiques.

Dans une récente interview, l'historien Renan Viguié soulignait que "le confort thermique est une construction sociale" qui débute au XIXe siècle. "L'élévation de la température de confort, de 15 à 19 voire 20 °C, accompagne les Trente Glorieuses (...) Le confort, c'est être en t-shirt à l'intérieur alors qu'il était courant dans les siècles précédents de se couvrir en rentrant chez soi", ajoute l'historien.

La limite de 19 °C remonte aux premiers chocs pétroliers, souligne Céline Laruelle de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Selon le code de l'énergie, c'est une moyenne : "Quand on n'est pas là, on baisse à 16-17 °C et ce gain peut permettre pendant la soirée d'être plus confortable et de chauffer à 20-21 °C - mais pas au-delà", précise-t-elle.

Des dérogations sont prévues si des personnes âgées ou en bas âge sont hébergées dans le logement. Idem pour les bureaux : 19 °C pour les pièces occupées, 16 °C en dehors de période d'occupation et 8 °C si les lieux sont inoccupés plus de deux jours.

Les bons réflexes

La modulation peut aussi se faire par pièce : 17 °C pour une chambre, 22 pour la salle de bains quand elle est utilisée et les pièces de vie entre 19 et 21 le soir.

Les contrevenants à la règle (logements, entreprises ou établissements) peuvent - en théorie - être sanctionnés d'une amende de 1 500 euros (3 000 en cas de récidive). Mais aujourd'hui, il est "difficile de savoir" à quelle température moyenne les Français se chauffent. Ce que l'on sait c'est que "des millions de logements sont en précarité énergétique, à 15 °C tout l'hiver", note Céline Laruelle.

Un degré de chauffage en moins correspond à 7 % d'économie d'énergie, selon l'Ademe. L'impact n'est pas négligeable, le chauffage représentant plus de la moitié des consommations énergétiques d'un logement (jusqu'à 66 % pour le chauffage électrique, un peu moins pour fioul et gaz).

Le chauffage électrique (un tiers des Français) implique une consommation annuelle moyenne de 4 312 kilowattheures (kWh) pour une maison, soit une facture d'environ 750 euros (en tarif régulé). Pour un appartement, c'est 1 719 kWh, soit 300 euros par an. Chaque degré en moins correspond aussi à 7 % d'économies sur les factures.

Premiers réflexes : fermer les volets et rideaux la nuit, éviter de placer des meubles ou rideaux devant les radiateurs ou d'y faire sécher du linge et limiter les infiltrations d'air, en vérifiant l'étanchéité des portes et fenêtres.

Un thermostat programmable peut générer 15 % d'économies sur le chauffage, estime l'Ademe.

Pour le chauffage électrique, il est conseillé de remplacer les vieux convecteurs par des radiateurs modernes diffusant par rayonnement.

Installer des thermomètres peut être utile : si l'on a froid alors que la température est suffisante, c'est sûrement que la maison est humide ou insuffisamment isolée, note l'Ademe. L'isolation est d'ailleurs la solution numéro 1 pour réduire le chauffage - et la facture.

Sur son site, l'agence Santé Publique France explique par ailleurs qu'en période de froid, des gestes simples permettent d'éviter les risques. Il convient par exemple de "ne pas surchauffer son logement" et de "s'assurer de sa bonne ventilation pour renouveler l'air".