Une bonne humidité pour des plantes heureuses

L'air trop sec fait recourber et assécher le feuillage de ce sapin de Norfolk (Araucaria heterophylla).

Les lecteurs habituels de cette chronique remarqueront que j'insiste souvent sur l'importance d'une atmosphère humide pour réussir les plantes d'intérieur, surtout l'hiver. Mais qu'est-ce qu'une atmosphère humide et pourquoi est-ce important? Et pourquoi l'hiver plutôt que l'été?


L'humidité relative

Le terme utilisé pour décrire l'humidité atmosphérique est humidité relative, soit le rapport entre le contenu en vapeur d'eau de l'air et sa capacité maximale à en contenir. Il se trouve que l'air froid peut contenir moins d'eau que l'air chaud. C'est pour cela que, à la fin de l'été, quand la température baisse fortement la nuit, il y a de la rosée le matin. L'air désormais plus froid de la nuit ne peut plus contenir autant d'eau que l'air plus chaud du jour, et l'humidité relative peut facilement monter à 100 %. Évidemment, l'air ne peut contenir plus de 100 % d'eau et doit rejeter l'excès. Ce surplus d'eau se condense sur le feuillage des végétaux et d'autres surfaces, et voilà : c'est la rosée!

L'hiver, c'est le contraire qui se passe. L'air très froid de l'extérieur peut être très humide... relativement à la température ambiante faible. Il peut contenir 80 %, 90 % ou même plus de sa charge maximale, et a donc une forte humidité relative. Mais quand cet air entre dans nos demeures, on le chauffe. Sa température augmente... et sa capacité de contenir l'eau aussi. Plus on chauffe l'air sans ajouter d'eau, plus l'humidité relative baisse. Quand l'air passe de - 15 ˚C à 21 ˚C, l'humidité relative chute radicalement. Ainsi, l'humidité relative peut facilement descendre à 30 % ou même à 15 % dans une résidence québécoise, ce qui est plus sec que l'air du désert du Sahara. Il n'est donc pas surprenant que les plantes trouvent l'air de nos demeures sec pendant l'hiver.

L'humidité de l'air et les végétaux

Les plantes respirent par des pores appelés stomates, souvent situés sous les feuilles. Normalement, les stomates s'ouvrent grand pour laisser la plante échanger des gaz. Mais lors de cet échange d'air, l'air libéré par les plantes est souvent plus humide que l'air. Donc, la plante perd de l'eau à l'atmosphère quand elle respire. Plus l'air est sec (plus l'humidité relative est basse), plus la plante perd d'eau. La plante essaie de gérer cette perte d'eau en fermant partiellement ses stomates, même entièrement quand l'air est très sec. Mais alors la plante ne peut plus respirer correctement. Quand l'humidité relative de l'air demeure basse trop longtemps, la plante arrive au compromis de laisser les stomates partiellement fermés, quitte à subir la perte d'eau. Mais cela a des conséquences. Le feuillage flétrit, s'enroule même vers le bas, s'assèche et brunit sur le bord ou à la pointe et peut même chuter. Les boutons floraux s'assèchent et peuvent même avorter; la floraison, si elle a lieu, se trouve raccourcie. La croissance de toute la plante est au ralenti, car là, elle ne respire pas correctement. Même si elle ne pousse presque pas, la plante peut demander des arrosages plus fréquents pour compenser la perte d'eau par son feuillage. Plusieurs plantes finissent par en mourir; les autres ont l'air mal en point. Et les plantes mal en point attirent les prédateurs, d'où notamment l'abondance d'araignées rouges (tétranyques) sur plusieurs plantes pendant l'hiver. C'est la situation typique dans nos maisons l'hiver.

Quand l'air est humide, par contre, la plante garde l'eau pour ses propres besoins et respire sans peine. Elle pousse et fleurit normalement et résiste mieux aux prédateurs, qui se font alors plus rares. C'est la situation normale de nos maisons pendant l'été.

Les plantes préfèrent une humidité relative de 70 à 80 %, ce qui est un peu excessif pour nos besoins. Si on vise une humidité relative d'environ 50 %, par contre, on contente à la fois les humains et plusieurs végétaux. Quand l'air est à ce niveau d'humidité, nous respirons mieux et souffrons moins souvent et moins longtemps de rhumes, de grippes et de conjonctivites. Nos meubles, tableaux et planchers de bois apprécient aussi une humidité d'au moins 50 %.

Certaines plantes tolèrent mieux l'air sec que d'autres. Les succulentes et cactées, originaires de climats arides, ne sont pas trop dérangées par l'air sec. En général, plus le feuillage d'une plante est épais, plus elle tolère, sans nécessairement l'apprécier, l'air sec. Les plantes à feuillage mince, comme les fougères et les plantes araignées, souffrent le plus de l'air sec.

Augmenter l'humidité relative

Pour rendre l'air dans votre demeure plus accueillant pour les plantes, rien ne bat un humidificateur. Il peut normalement monter l'humidité à 50 % si on le fait fonctionner au niveau maximum. Mais cela donnera juste assez d'humidité pour la survie de la plupart des végétaux, pas nécessairement assez pour une croissance saine.

Pour donner aux plantes, et surtout aux plantes à feuillage mince, une humidité relative plus près de leur niveau préféré (de 70 % à 80 %), groupez vos plantes ensemble plutôt que de les éparpiller dans la pièce. Comme les plantes dégagent tout naturellement de l'humidité (chacune est comme un minihumidificateur vivant), il est ainsi possible de créer un petit coin extrahumide. Entourez même les plantes les plus fragiles à l'air sec (fougères, plantes araignées, sélaginelles, etc.) de plantes plus résistantes (cactées, succulentes et autres plantes à feuillage épais) et l'effet sera décuplé.

Il est aussi possible de placer vos plantes sur un plateau humidifiant, soit un plateau rempli de gravier ou de pierres. Versez régulièrement de l'eau dans le fond du plateau pour que la base des pierres baigne toujours dans l'eau, et cette eau montera sur les pierres, où elle s'évaporera, créant un milieu localisé à l'air plus humide.

Enfin, pour les plantes qui souffrent davantage de la sécheresse, rien ne vaut le fait de les cultiver sous abri pendant l'hiver. Les plus petites peuvent aller dans un terrarium, les plus grosses, dans un grand sac transparent (un sac de nettoyeur, par exemple). L'humidité qui y règne sera de près de 100 %, assez pour contenter même les plantes les plus fragiles.

Il n'est pas utile, par contre, de vaporiser les plantes avec de l'eau, une méthode pourtant souvent recommandée. L'effet de cette pulvérisation ne dure que quelques minutes, puis l'eau s'évapore et l'humidité replonge. De plus, les vaporisations tachent les meubles et les rideaux.

Cet hiver, donc, appliquez l'une ou l'autre des méthodes recommandées et vos plantes n'auront jamais été aussi belles!