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Personnes sensibles

Publié le : 06 March 2020

Qui sont les plus sensibles et vulnérables à la pollution de l’air ?

 

Certaines personnes sont plus vulnérables ou plus sensibles que d’autres à la pollution de l’air, du fait de leur capital santé ou de leur âge. Par rapport à la population générale, ces personnes vont présenter plus rapidement ou plus fortement des symptômes suite à une exposition à cette pollution, que ce soit à court terme ou à long terme.

 

…Sensible ou vulnérable ?

En période de pic de pollution de l’air, les pouvoirs publics diffusent des recommandations sanitaires, notamment à destination des populations vulnérables et sensibles à la pollution de l’air.

Sont considérés comme « vulnérables » :

  • Les femmes enceintes

  • Les nourrissons et jeunes enfants

  • Les personnes de plus de 65 ans

  • Les personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires

  • Les personnes asthmatiques

Sont considérés comme sensibles les personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics (personnes diabétiques, personnes immunodéprimées, personnes souffrant d’affections neurologiques ou à risque cardiaque, respiratoire, infectieux).

 

Les femmes enceintes

  • Car une partie des polluants respirés peut être transmise au bébé.

Symbole du lien qui unit un bébé et sa mère au cours d’une grossesse, le cordon ombilical permet d’apporter, depuis le placenta, nourriture et oxygène indispensables au bon développement du fœtus. L’air respiré par la future maman est donc transmis au bébé.

Malheureusement, une mauvaise qualité de l’air peut engendrer des complications pour celui-ci. Des études ont montré que les particules fines qui pénètrent dans le système respiratoire maternel et sont retrouvées dans le placenta pourraient être la cause d’un ralentissement de la croissance du fœtus, de son développement ainsi que d’un potentiel retard intellectuel. De même pour le monoxyde de carbone qui limite la quantité d’oxygène de la mère et de l’embryon, qui peut influencer le poids ainsi que la taille de naissance du bébé, ou être un facteur de naissance prématurée.

Les fausses couches ainsi que le développement d’allergies, d’asthme ou encore d’autisme peuvent également être liées à une mauvaise qualité de l’air. Il est donc nécessaire qu’une femme enceinte réduise au maximum son exposition à la pollution présente dans l’environnement.

En 2018, l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) estimait qu’environ 1 % des bébés naissaient avec un poids insuffisant (généralement inférieur à 2,5 kg) du fait de la pollution atmosphérique.

 

Les nourrissons et jeunes enfants

  • Car leurs poumons ne sont pas encore complètement formés.

L’appareil respiratoire des nourrissons et des jeunes enfants est en cours de développement : les ramifications bronchiques continuent de croître après la naissance, les alvéoles augmentent en nombre et en taille. Elles passent de 24 millions à la naissance à 300 millions à l’âge de 8 ans. A partir de cet âge-là, les poumons ont acquis toutes les structures nécessaires à leur fonctionnement (bronchioles et alvéoles) mais leur maturation se poursuit pendant l’adolescence.

De fait, les enfants sont plus fragiles vis-à-vis des agressions extérieures (polluants de l’air, virus, bactéries, tabagisme passif…) que les personnes dont l’appareil respiratoire est mature. Dans les pays développés comme le nôtre, les infections respiratoires sont par ailleurs la première cause de maladies de l’enfant (bronchiolite, asthme, rhinite allergique…).

La plupart du temps bénigne, la bronchiolite est devenue un véritable problème de santé publique depuis quelques années. En France, chaque année, 500 000 nourrissons (soit 30% de la population des nourrissons) sont touchés par une bronchiolite. La bronchiolite est une infection virale épidémique survenant principalement chez des enfants de moins de deux ans. Elle correspond à une inflammation des bronchioles, les plus petits conduits respiratoires des poumons.

 

 Les personnes de plus de 65 ans

  • Car la capacité et les défenses respiratoires diminuent avec l’âge.

Les effets du vieillissement sur le système respiratoire sont équivalents à ceux observés dans d’autres organes : les performances fonctionnelles diminuent progressivement. Les personnes âgées sont donc plus sensibles à la pollution de l’air en raison de la diminution de leurs défenses respiratoires et au vieillissement de leurs tissus.

Au cours du vieillissement de l’organisme, la capacité ventilatoire diminue par modification de la cage thoracique (thorax plus court et élargi, rigidité thoracique, tassements vertébraux), la force des muscles respiratoires diminue et les muscles abdominaux s’affaiblissent. Ainsi la mécanique ventilatoire est altérée, et avec elle les échanges gazeux, ce qui explique que pour un même effort, une personne âgée aura besoin de plus d’oxygène qu’une personne plus jeune.

Autre phénomène observé, les bronches du sujet âgé sont plus secrétantes, ce qui favorise l’encombrement. Le cartilage de la trachée et des grosses bronches devenant plus mou, l’effort de toux est alors moins efficace. Tout empêchement à la toux peut avoir de graves conséquences : les sécrétions peuvent s'accumuler et obstruer les voies respiratoires, augmentant ainsi le danger d'infection pulmonaire

Avec l’âge, les altérations des poumons sont exacerbées par les effets d’éventuelles maladies cardiaques ou pulmonaires, particulièrement celles provoquées par les effets délétères du tabac. La pollution de l’air accélère encore le processus de vieillissement du poumon, augmentant le risque d’infections respiratoires (BPCO, pneumonie...).

Par ailleurs, l’activité physique réduite de nombreuses personnes âgées peut entraîner une exposition accrue à la pollution de l’air intérieur.

 

Les insuffisants respiratoires et cardiaques

  • Car ils sont déjà fragilisés par leur état de santé.

La pollution de l’air est un facteur pouvant déclencher des accidents cardio-vasculaires (AVC, infarctus du myocarde, angines de poitrine, athérosclérose). En effet, de par une diminution de l’oxygénation périphérique, une augmentation de la viscosité sanguine et des modifications du rythme cardiaque, les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque sont davantage sensibles à la pollution de l’air.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la pollution de l'air entraîne plus de décès par maladie cardiovasculaire que par maladie respiratoire. L'OMS estime qu'environ 58% des décès prématurés liés à la pollution de l'air extérieur résultaient en 2016 de cardiopathies ischémiques et d'accidents vasculaires cérébraux, 18% de bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) ou d'infection aigües des voies respiratoires inférieures, les 6% restants étant des cancers du poumon.

Selon les données d’une étude conduite à l’université d’Harvard et rendue publique en 2006, une hausse d’à peine 10 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air, sur une période d’un ou deux ans, entraînerait davantage de décès chez les personnes atteintes de diabète, de maladie pulmonaire obstructive chronique, d’insuffisance cardiaque ou de troubles inflammatoires, notamment l’arthrite rhumatoïde et le lupus.

La BPCO est une maladie chronique inflammatoire des bronches qui se caractérise par un rétrécissement progressif et une obstruction permanente des voies aériennes et des poumons. Elle se manifeste par une toux chronique, des expectorations, un essoufflement (dyspnée) ou encore une gêne respiratoire. Ces symptômes s’aggravent avec le temps au point que certaines activités quotidiennes deviennent de plus en plus difficiles à réaliser. Cette maladie méconnue est pourtant la deuxième cause de handicap en France. Parmi les facteurs de risque figurent le tabagisme, la pollution de l’air, l’exposition aux poussières ou substances chimiques, des infections respiratoires antérieures, ou encore la génétique.

 

Les personnes asthmatiques

  • Car la pollution peut déclencher ou aggraver la maladie.

L’asthme est une maladie inflammatoire chronique de la muqueuse bronchique. L’inflammation chronique, associée à une hyperréactivité des voies respiratoires, aboutit à des épisodes répétés de sifflements, d’essoufflement, de sensations de blocage de poitrine et de toux. L’exposition aux allergènes (pollens, acariens, animaux domestiques…) et les infections virales sont les principaux facteurs de déclenchement de l’asthme.

L’asthme touche en France 6 % des adultes et 10 % des enfants, ce qui en fait la maladie chronique la plus répandue chez ces derniers.  Les principaux facteurs de risque qui provoquent l'asthme sont génétiques et surtout environnementaux, liés à l’exposition à des substances inhalées et à des particules pouvant provoquer des réactions allergiques ou irriter les voies respiratoires (une cause allergique est retrouvée chez 70 à 80 % des adultes asthmatiques et chez 95 % des enfants).

L'asthme constitue la principale affection déclenchée ou aggravée par la pollution de l'air. En cas de pic de pollution, les grains de pollen sont altérés et libèrent les protéines responsables des allergies plus facilement, permettant à ces allergènes d'atteindre plus facilement les voies respiratoires les plus fines, et ainsi déclencher les crises allergiques. 

 

Mais aussi les fumeurs…

  • Car leur appareil respiratoire est déjà irrité par le tabac.

Fumer ou être exposé à la fumée de tabac constitue un facteur qui peut aggraver les effets de la pollution de l’air. La fumée de cigarette dégage beaucoup de polluants avec la combustion du tabac, absorbés dans le corps du fumeur par ses poumons. La concentration de substances polluantes est bien plus importante dans la fumée de cigarette que dans l’air ambiant vicié : parmi les très nombreuses substances toxiques pour le corps qui s’en dégagent, 70 composants sont classés cancérogènes.

En outre, les effets de l’exposition à la fumée de tabac ne sont plus à démontrer : maux de tête, nausées, toux, irritation des voies respiratoires et des yeux, exacerbation des symptômes allergiques, maladies cardio-vasculaires, infections respiratoires, cancer (notamment celui du poumon)… auxquels peuvent d’ajouter ceux de la pollution atmosphérique environnante.

 

… et les sportifs !

  • Car leur activité respiratoire accrue les expose encore plus aux polluants.

Les sportifs figurent parmi les catégories de population particulièrement exposées à la pollution de l’air, de par leur activité respiratoire accrue. Lors d’une séance d’endurance, la quantité d’air inhalée augmente : un coureur consomme 5 à 10 fois plus d’air qu’au repos. D’autant qu’en courant, la respiration se fait le plus souvent par la bouche : l’air aspiré échappe donc au filtre naturel des voies nasales.

Les concentrations de polluants observées dans l’air y compris pendant les épisodes de pollution, ne remettent pas en cause les bénéfices de la pratique régulière d’activité physique, à l’extérieur comme à l’intérieur des bâtiments. Cependant, étant donné que l’on peut inhaler un plus grand volume d’air lors de la pratique d’une activité physique, et donc potentiellement une plus grande quantité de polluants de l’air, il est préférable de pratiquer les activités physiques le plus possible à l’écart des sources majeures de pollution.

 

 

Les bons gestes

  • Sensible ou pas, j’aère l’intérieur de mon logement au moins 10 minutes par jour pour assurer un renouvellement de l’air intérieur… en hiver comme en été.

  • De même, j’aère régulièrement l’habitacle de mon véhicule, sauf quand je suis dans une zone de trafic dense ou dans un tunnel.

  • Enceinte, je ne participe pas aux travaux d’aménagement de la future chambre de bébé, qui, si travaux il y a, doit être terminée dans les deux mois avant sa naissance.

  • Mes enfants pratiquent une activité physique adaptée à leur âge (marche, ballon, vélo…), indispensable pour une bonne santé respiratoire.

  • Je coupe mon moteur lorsque je dépose mes enfants à l’école.

  • Malgré mon âge avancé, je reste actif. En effet, tous les mouvements fonctionnels nécessaires aux activités de la vie quotidienne sont autant de moyens de stimuler les fonctions vitales de mon organisme et en particulier la fonction respiratoire.

  • Je fume à l’extérieur de mon logement ou de mon véhicule.

  • Allergique, je suis inscrit au bulletin d’information pollinique diffusé chaque vendredi par Atmo BFC.

  • Il y a un allergique à la maison : en période de pic pollinique, le linge sèche à l’intérieur.

  • Je suis fumeur, en cas d’épisode de pollution de l’air, j’évite l’exposition à d’autres facteurs aggravants : barbecue, emploi de solvants, grands axes routiers encombrés, ballades champêtres (si je suis allergique aux pollens)…

  • Je cours tôt le matin, en dehors des heures de pointe et loin des grands axes routiers, ou le dimanche, lorsque la pollution de l’air n’est pas à son maximum

 

Je me reconnais comme sensible ou vulnérable à la pollution de l’air. En cas d’épisode de pollution :

  • J’évite toute activité sportive ou physique intense. Les activités sportives légères et les sorties de plein air demeurent cependant possibles.

  • Je veille à ne pas aggraver les effets de cette pollution par d’autres facteurs irritants (usage de solvants sans protection appropriée, tabac…).

  • Je limite mes déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords.

  • Je respecte scrupuleusement ou adapte sur avis du médecin le traitement médical à visée respiratoire en cours.

  • Je suis vigilant sur les signes d’alerte tels que : malaises, maux de tête, sensation de faiblesse, vertiges, fièvre... Ils doivent être pris au sérieux et m’amener à consulter.

 

Pour en savoir plus

 

 Sources