Depuis les années 1990, des enquêtes interrogent régulièrement les Français sur leur perception des enjeux environnementaux. Entre 2010 et 2019, le réchauffement de la planète et la pollution de l’air se sont imposés comme les principales préoccupations environnementales, loin devant les catastrophes naturelles.
Pour cause, la qualité de l’air représente un enjeu majeur de santé publique. L’air que nous respirons à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments contient différents polluants qui, une fois dans notre corps, peuvent être nocifs pour la santé. La majorité des gaz atteint les alvéoles pulmonaires, les particules quant à elles pénètrent plus ou moins profondément selon leur taille.
Les effets des polluants atmosphériques sont classés en deux groupes :
Les effets immédiats (après une exposition de courte durée) : manifestations cliniques, fonctionnelles ou biologiques qui surviennent dans des délais rapides suite aux variations journalières des niveaux ambiants de pollution atmosphérique. Manifestations possibles : sensation d’inconfort, irritations des yeux, des la peau, des muqueuses ou encore des voies respiratoires, toux, conjonctivite, allergie, rhinite, crises d’asthme, gêne respiratoire, exacerbation de troubles cardio-vasculaires et respiratoires (pouvant conduire à une hospitalisation voire au décès)
Les effets à long terme (après des expositions répétées ou continues tout au long de la vie) : les polluants de l’air favorisent la poursuite et/ou l’accroissement d’événements de santé, induisent une surmortalité et une baisse de l’espérance de vie. Contribution possible au développement ou à l’aggravation de cancers, pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles neurologiques, troubles du développement, malformation du fœtus, faible poids du nourrisson…
Ces effets dépendent de la nature du polluant (gaz, particules…), de la taille des particules, de nos caractéristiques (âge, sexe…), modes de vie (tabagisme…) et état de santé mais aussi de la durée d’exposition et de la dose inhalée.
En 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérigène pour l’Homme.
Troisième cause de mortalité après le tabac (75 000 décès, source) et l’alcool (41 000 décès, source), 40 000 décès prématurés seraient attribués à la pollution de l’air chaque année en France selon les chiffres de Santé Publique France actualisés pour la période 2016-2019, soit 7% des décès (source). Ce taux de mortalité serait même plus élevé dans les grandes villes qu’en campagne, avec respectivement 13% contre 7 %.
Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas uniquement lors des pics de pollution que notre santé est la plus menacée. En réalité, ce sont les niveaux de pollution que nous respirons tous les jours qui ont les impacts les plus lourds (ce que l’on appelle la « pollution de fond »).
Si l’ensemble de la population est exposé à la pollution de l’air, certaines personnes sont plus vulnérables ou plus sensibles que d’autres à la pollution de l’air, du fait de leur capital santé ou de leur âge. Par rapport à la population générale, ces personnes vont présenter plus rapidement ou plus fortement des symptômes suite à une exposition à cette pollution, que ce soit à court terme ou à long terme.
Sont considérés comme « vulnérables » :
Les femmes enceintes car une partie des polluants respirés peut être transmise au bébé
Les nourrissons et jeunes enfants car leurs poumons ne sont pas encore complètement formés
Les personnes de plus de 65 ans car la capacité et les défenses respiratoires diminuent avec l’âge
Les personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires car ils sont déjà fragilisés par leur état de santé
Les personnes asthmatiques car la pollution peut déclencher ou aggraver la maladie.
Sont considérés comme « sensibles » les personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics (personnes diabétiques, personnes immunodéprimées, personnes souffrant d’affections neurologiques ou à risque cardiaque, respiratoire, infectieux).
Certaines personnes, de par leur activité, peuvent également être plus exposées à la pollution de l’air :
Les fumeurs car leur appareil respiratoire est déjà irrité par le tabac
Les sportifs car leur activité respiratoire accrue les expose encore plus aux polluants
En plus d'avoir un impact sur la santé humaine et sur l'environnement, la pollution de l'air a également un coût financier conséquent.
En 2015, une commission sénatoriale avait estimé le coût économique de la pollution de l’air à plus de 100 milliards d’euros par an en France, avec une large part liée aux coûts de santé. (rapport disponible ici)
Dans une récente étude parue en octobre 2020, l’Alliance Européenne de Santé Publique (EPHA) a comparé le coût économique de la pollution de l’air dans 432 villes européennes dont 67 villes françaises. Le coût annuel par habitant varierait dans ces grandes villes françaises entre 450 et 1600€ environ (467€ à Pau et 1602€ à Paris). En Bourgogne-Franche-Comté, où 4 villes ont été étudiées, ce coût représenterait entre 650 et 850€ (706€ à Besançon, 776€ à Chalon-sur-Saône, 652€ à Dijon et 849€ à Montbéliard). Pour faire le calcul, les auteurs de ce rapport ont pris en compte la « valeur monétaire » des morts prématurées, des traitements médicaux face aux affections les plus communes, des journées de travail perdues et des autres coûts sanitaires causés par trois principaux polluants (particules, dioxyde d'azote et ozone).
La France condamnée pour non-respect des seuils réglementaires de qualité de l’air
Dans une décision rendue le 4 août dernier, le Conseil d’Etat a condamné la France à une astreinte financière historique de 10 millions d’euros par semestre. La plus haute juridiction administrative française a estimé que l’Etat n’avait pas été capable d’abaisser les niveaux de pollution de l’air en dessous des normes sanitaires, notamment dans 5 zones concernées par des dépassements de valeurs réglementaires en dioxyde d’azote et en particules fines (Paris, Grenoble, Lyon, Marseille-Aix, Toulouse). Cette décision fait suite à une longue procédure qui a débuté en juillet 2017 et qui portait initialement sur 13 zones concernées par des dépassements. La situation sera réexaminée au début 2022 et pourra, si la situation ne s’est pas améliorée d’ici là, ordonner le paiement d’une nouvelle astreinte de 10 millions d’euros (qui pourra éventuellement être majorée ou minorée) …
Initiée en 2020 par les Nations Unies, la « Journée internationale de l'air pur pour des ciels bleus » est célébrée le 7 septembre. L’objectif de cet évènement est de sensibiliser le public à tous les niveaux et de promouvoir et faciliter les actions visant à améliorer la qualité de l'air.
Le thème 2021 met l'accent sur les aspects sanitaires de la pollution de l'air. Axé sur la nécessité d'un air sain pour tous, ce thème englobe aussi les changements climatiques, la santé humaine et celle de notre planète, ainsi que les objectifs de développement durable. Cette journée sert d'appel à l'action pour aligner les efforts de tous et revendiquer le droit à un air pur.
En cas de dépassement de seuil d’information, je limite les efforts physiques d’intensité élevée (jogging, sports collectifs…) si je suis sensible ou vulnérable
En cas de dépassement de seuil d’alerte, j’évite les efforts physiques si je suis sensible ou vulnérable, sinon je réduis simplement les activités physiques d’intensité élevée.
Je m’informe sur la qualité de l’air
Via le site https://www.atmo-bfc.org/
Via les bulletins https://www.atmo-bfc.org/abonnements
Via l’appli Air to Go https://www.atmo-bfc.org/qui-sommes-nous/actualites/a-pieds-ou-a-velo-je-choisis-air-to-go
Je limite les déplacements dans les zones où l’air est pollué (par exemple, pas d’activité physique le long des axes routiers très fréquentés aux heures de pointes)
Atteint d’une affection chronique que la pollution de l’air ou les pollens peut exacerber, j’ai toujours mon traitement à portée de main
Je m’informe auprès de mon médecin en cas d’inquiétude sur ma santé ou celle de mes enfants
J’adopte les bonnes pratiques pour limiter la pollution de l’air, par exemple :
J’effectue mes petits trajets à pieds ou à vélo
Je favorise les transports en commun
Je ne brûle pas mes déchets verts, je préfère le compost ou la valorisation en déchetterie
Je suis équipé d’ampoules basse consommation
J’éteins la lumière lorsque je quitte une pièce
Mon habitat est isolé pour éviter les fuites thermiques
Mon poêle à bois est labellisé « Flamme verte » (limite les émissions de particules dans l’air extérieur)
Je brûle du bois de bonne qualité : bûches, plaquettes et granulés certifiés
J’entretiens régulièrement mes installations de chauffage et de production d’eau chaude
Je ne fume pas à l’intérieur
J’active ma hotte lorsque je cuisine
Sans oublier d’aérer mon logement au quotidien !
etc…
(Re) lire nos précédentes actus
Prendre connaissance de la décision du Conseil d’Etat rendue le 4 août 2021