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COP26: 6 graphiques pour comprendre l'ampleur de l'urgence climatique

La conférence de Glasgow, qui s'ouvre ce dimanche, est présentée comme "la dernière grande opportunité de reprendre le contrôle" du climat par ses organisateurs. Il y a effectivement urgence, comme le montre nos graphiques.

"Alerte rouge" pour l'humanité. Au mois d'août, les scientifiques du Giec ont mis en garde contre l'avenir apocalyptique qui nous attend: le réchauffement de la planète devrait atteindre +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030, dix ans plus tôt que les dernières estimations datant d'il y a trois ans. Et selon un récent rapport de l'ONU, même avec les nouveaux engagements des États pour 2030, notre Terre se dirige vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C.

À moins que nous ne changions de cap? C'est l'objet de la COP26, qui réunit des dirigeants du monde entier à Glasgow (Royaume-Uni), à partir de ce dimanche et jusqu'au 12 novembre. À l'occasion de cette grande conférence pour le climat, BFMTV.com fait le point sur les principaux indicateurs qui montrent l'ampleur du réchauffement.

• CO2, méthane... Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter

L'effet de serre est un phénomène naturel qui permet à la Terre de n'absorber qu'une partie de l'énergie du soleil, rendant la température vivable sur notre planète. Cet équilibre fragile est cependant menacé par les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines, augmentant par conséquent les températures sur Terre.

Le dioxyde de carbone (CO2) est le coupable le plus souvent mis en avant - il "contribue à 80% de l'augmentation de l'effet de serre", rappelle le climatologue Jean Jouzel à BFMTV.com. Comme le montre le graphique ci-dessous, sa concentration dans l'atmosphère a nettement augmenté durant les dernières décennies. "Elle n'a jamais été aussi élevée", insiste l'ancien vice-président du Giec.

Selon une récente analyse du Global Carbon Project, un projet de recherche sur le climat, 44% de ces émissions de CO2 proviennent de la production d'életricité, notamment à partir de charbon. Les transports - hors aviation (3%) - génèrent 21% des émissions. Enfin l'industrie (manufacture, métaux, produits chimiques...) représente 22%. Les 10% restants se partagent principalement entre le résidentiel et d'autres secteurs économiques. Une part minime des émissions est générée de manière naturelle par les océans, les mers ou les forêts.

Et il n'y a pas que le CO2. "Le méthane (CH4) et le protoxyde (N2O) sont certes moins connus, mais ils contribuent respectivement à 13 et 7% de l'augmentation de l'effet de serre", note Jean Jouzel.

Le méthane a une durée de vie dans l'atmosphère bien plus faible que le dioxyde de carbone, mais sur un siècle, il a un "impact 28 fois plus fort sur le climat" que ce dernier, selon le Giec. L'infographie ci-dessous montre l'évolution de concentration dans l'atmosphère depuis les années 1980 - elle est actuellement 2,5 fois plus élevée qu'avant la révolution industrielle de l'Agence internationale de l'énergie.

L'activité humaine est responsable de 66% de ces émissions, selon le Giec. La faute notamment à l'agriculture, en particulier l'élevage de bétail et la riziculture (42%), à l'exploitation des combustibles fossiles, à commencer par le pétrole et le gaz (36%), et enfin aux décharges et aux déchets.

Quant au protoxyde d'azote, dernier gaz évoqué par Jean Jouzel, ses émissions sont également majoritairement liées à l'agriculture. Selon une étude publiée par la revue scientifique Nature en 2018, lesecteur générait à lui seul 70% des émissions de NO2 d'origine humaine. En cause notamment: les engrais, qu'ils soient sous forme synthèthique ou de fumier.

L'infographie ci-dessous montre l'évolution de la concentration de protoxyde d'azote dans l'atmosphère depuis janvier 2001. Toujours selon l'étude parue dans Nature, le taux actuel de protoxyde d'azote est actuellement 22% supérieur à celui de l'époque pré-industrielle.

• Les températures sont de plus en plus élevées

Même en réduisant nos émissions, la hausse des températures, déjà en cours, est inéluctable. Tout juste pourra-t-on la limiter, en fonction de nos efforts. Selon le dernier rapport du Giec, publié en septembre 2021, la température mondiale aura déjà augmenté de 1,5°C autour de 2030 par raport à l'ère pré-industrielle.

L'infographie ci-dessous montre l'évolution des anomalies de températures depuis 1880.

Si elles peuvent ne pas sembler impressionnantes à première vue, l'ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC Jean Jouzel rappelle les conséquences dramatiques de ces variations pour la planète :

"L'augmentation des températures, cela se traduit par des pics de chaleurs intenses, des sécheresses, des pluies torrentielles... Cela dérègle également les saisons : les dates des floraisons ou encore des vendanges se décalent au fil du temps."

Et "la hausse va se poursuivre, d'ici 2100, la température va encore augmenter", prévient Jean Jouzel. "On peut aller jusqu'à 3, 4, 5°C en plus, si on continue comme aujourd'hui."

• L'Antarctique et le Groenland fondent à grande vitesse

Tout comme l'augmentation des températures, la fonte des glaces est désormais bien entamée. L'infographie ci-dessous comptabilise le cumul de masse glaciaire perdue ces dernières années.

Difficile cependant de prédire l'ampleur du phénomène dans les prochaines années, surtout en Antarctique. "On manque encore d’observations de terrain, notamment dans la profondeur des océans, mais surtout de recul dans les données", estimait le chercheur à l’Institut des géosciences de l’environnement Nicolas Jourdain dans un entretien accordé au Monde en mai.

Une chose est certaine selon le climatologue Jean Jouzel: "La fonte va se poursuivre, ce qui va inévitablement faire monter le niveau des mers".

• Le niveau de la mer a commencé à monter

Pour Jean Jouzel, le constat est sans appel. "La montée des mers a déjà commencé, elle est déjà deux fois plus importante qu'il y a 15 ans. Au début des années 2000, la hausse était de 1 à 2 mm par an. Aujourd'hui, c'est entre 3 et 4 mm par an."

L'infographie ci-dessous, qui montre l'augmentation du niveau de la mer depuis 1993, illustre effectivement cette tendance à la hausse.

Les conséquences de la montée des mers seront rapidement visibles, alerte Jean Jouzel. "Elles se ressentiront dès la deuxième partie de ce siècle", insiste le climatologue.

"Certaines régions seront touchées par la montée des mers dès 2050. En France, c'est un million d'habitants qui pourraient être concernés d'ici 2100."

Selon l'institut de recherche américain Climate Central, plusieurs régions de l'Hexagone pourraient en effet être exposées à des risques de submersion marine au cours du siècle : la Camargue, Le Havre, Lacanau, les côtes des Hauts-de-France, des Pays de la Loire...

Louis Tanca Journaliste BFMTV