Allergies croisées entre pollens et aliments : lesquelles sont les plus fréquentes ?

Publié par Lysiane Leny et Hélène Bour  |  Mis à jour le par Mathilde Pujol

Ça commence par les yeux qui piquent, le nez qui coule à cause de ces fichus pollens… et ça peut aboutir à un œdème de Quincke en croquant une pomme. Certaines associations d’aliments et d’allergènes respiratoires sont redoutables. On vous explique tout. Avec, pour vous aider à y voir plus clair, le tableau des allergies croisées.

L’allergie est un dérèglement du système immunitaire qui correspond à une perte de la tolérance vis-à-vis de substances a priori inoffensives : les allergènes, indique l’Inserm (source 1). Le nombre de personnes allergiques semble avoir considérablement augmenté depuis plusieurs décennies. On constate également de plus en plus d’allergies croisées.

Définition : c’est quoi une allergie croisée exactement ?

Une allergie croisée survient lorsqu’une personne allergique à une substance réagit à une autre substance qui n’a a priori rien en commun. Ces réactions croisées ne sont pas liées au hasard, mais au fait que certains pollens et aliments contiennent des protéines allergisantes dont la structure est semblable ou très proche.

On distingue plusieurs types d’allergies croisées :

  • Les allergies croisées entre aliments ;
  • Les allergies croisées entre pollens ;
  • Les allergies croisées entre pollens et aliments ;
  • Les allergies croisées entre acariens et aliments ;
  • Les allergies croisées entre latex et aliments.

Les allergies croisées entre pollens et aliments ont notamment explosé ces dernières années. Deux pour cent de la population seraient déjà concernés par les allergies croisées entre aliments et allergènes respiratoires. Pollution intérieure et extérieure, réchauffement climatique introduction d’aliments exotiques allergisants… sont les principales causes avancées pour expliquer ce phénomène. Les scientifiques suggèrent également que certains additifs alimentaires ne seraient pas totalement innocents.

Comment expliquer les allergies croisées entre pollens et aliments ?

Les pneumallergènes, ce sont toutes ces particules que l’on respire et qui déclenchent, chez certaines personnes, un processus allergique. Un individu atteint d’allergie(s) respiratoire(s) est trois fois plus exposé aux allergies alimentaires que le reste de la population.

Pourquoi ? Parce que l’allergie est une crise de paranoïa du système immunitaire. Lorsque ce dernier a repéré ce qu’il croit être, à tort, une menace (l’allergène), il peut"penser" la reconnaître dans d’autres substances. Et parfois, lui seul est capable de voir le rapport entre des pneumallergènes comme les pollens ou autres squames d’acariens, et des aliments qui n’appartiennent pas à la même famille botanique ou animale.

C’est ainsi qu’une personne allergique aux acariens peut se retrouver avec la gorge enflée en mangeant des huîtres ! Heureusement, ces allergies croisées ne sont pas systématiques.

Les allergies croisées entre aliments et pollens les plus fréquentes

Les allergies croisées entre aliments et pollens les plus connues sont les suivantes.

Allergies respiratoires au bouleau, aulne, noisetier : pomme, poire, noix…

Allergie respiratoire au bouleau, aulne, noisetier (pollen de janvier à avril) : pomme, poire, prune, nectarine, abricot, cerise, pêche, noisette, noix, amande, tomate, carotte, céleri, mangue, cassis, anis, menthe, curry, avocat, fenouil, kiwi, litchi.

Allergie respiratoire à l’armoise : carotte, pêche, potiron, céleri…

Allergie respiratoire à l’armoise (pollen de juillet à août) : ail, céleri, carotte, fenouil, artichaut, potiron, poivron, pêche, oignon, anis, camomille, poivre, paprika, laurier, moutarde, aneth, persil, coriandre, cumin, graines de tournesol.

Allergies respiratoires aux acariens : huîtres, crevettes, calamars…

Allergie respiratoire aux acariens/blattes : huîtres, crevettes, calamars, escargots.

Autres allergies croisées les plus fréquemment retrouvées

Le cas de l’ambroisie avec la banane, le melon ou la pastèque

L’ambroisie est une plante herbacée qui est apparue il y a près de 50 ans dans la région lyonnaise, le long des voies ferrées. En quelques années, elle a colonisé tous les espaces à l’abandon du sillon rhodanien et s’en prend désormais aux jardins et aux champs de tournesol. Sa puissance colonisatrice est telle qu’elle est en train de conquérir toute la France.

Les campagnes d’éradication de cette plante, très allergisante, ne parviennent pas à endiguer sa rapide extension. Son pollen, porté par le vent, peut voyager sur 150 kilomètres. Les réactions allergiques qu’il déclenche sont souvent très sévères. Depuis quelques années, on observe des réactions croisées entre l’ambroisie et certains aliments, comme la banane, le melon ou la pastèque.

Pour suivre la présence de l’ambroisie dans sa région : consulter le site Signalement ambroisie.

Cigales et fruits de mer : une allergie croisée méconnue

Les personnes allergiques aux fruits de mer auraient tout intérêt à se tenir à l’écart des mets exotiques à base de cigales. L’alerte a été donnée en juin 2021, par la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité de santé des États-Unis. En effet, des cigales rares, nommées Brood X, qui n’émergent de terre que tous les 17 ans, ont fait leur apparition dans une partie des États-Unis. Il n’en fallait pas moins pour que des gourmets s’en emparent : le mets est réputé, comme en témoigne le compte Instagram du chef cuisinier Bun Lai, qui met régulièrement des insectes à ses menus. Il a récemment fait des fritures et des sushis à base de cigales.

« Ne mangez pas de cigales si vous êtes allergiques aux fruits de mer, puisque ces insectes ont des liens de parenté avec les crevettes et les homards », a alerté la FDA. Certains crustacés font en effet partie de l’embranchement phylogénique des arthropodes, et au sous-embranchement des Pancrustacea, comme les insectes tels que les cigales. Ils partagent donc certaines caractéristiques, d’où le risque d’allergie croisée.

Le syndrome latex fruits, un nouveau type d’allergie croisée

Le syndrome latex fruits est la conséquence d’un allergène commun entre certains fruits et le latex. Les fruits tropicaux produisent souvent des réactions similaires à l’allergie au latex tels que le kiwi.

Les personnes sensibilisées au latex peuvent développer des réactions d’allergies alimentaires croisées en particulier avec la banane, l’avocat, la châtaigne et le kiwi, indique la Revue médicale suisse (source 2). C’est également le cas du poivre de Cayenne, du céleri, de l’ananas, de la figue, de la pêche, du melon ou de la pomme de terre. Peuvent aussi présenter un risque la noix de coco, la pastèque, la cerise, la pomme, la carotte, l’abricot, la fraise, l’épinard, l’amande, le lychee, le goyavier, l’origan, la sauge et le néflier du Japon.

De nombreux objets du quotidien peuvent contenir du latex : préservatif, pneu, matelas, ballon, bouillotte, chaussures, colle, gomme, gants ménagers…

Le tableau des allergies croisées entre pollens et aliments

Le tableau des allergies croisées
FermerLe tableau des allergies croiséesTableau des allergies croisées entre pollens et aliments © santemagazine.fr
Tableau des allergies croisées entre pollens et aliments © santemagazine.fr

Sujets associés