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Auto, métro, vélo : où respire-t-on le moins d'air pollué ?

Les cyclistes sont moins exposés à la pollution que les automobilistes en raison de l'absence d'environnement confiné et de la possibilité de s'éloigner du flux de circulation.

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Publié le 13 mars 2014 à 17h34, modifié le 14 mars 2014 à 10h11

Temps de Lecture 4 min.

2,8 millions de vélos ont été vendus en France en 2013.

Est-on plus exposé à la pollution de l'air assis sur la selle de son vélo, derrière le volant de sa voiture ou dans le métro ? La question est posée alors qu'une grande partie de la France est toujours soumise à de fortes concentrations de poussières dans l'air, favorisées par un phénomène d'inversion de température et une absence de vent.

Le niveau d'alerte, atteint à partir d'une concentration de 80 microgrammes de PM10 (particules de diamètre inférieur à 10 microns) par mètre cube d'air (μg/m3), était encore dépassé, jeudi 13 mars, dans plus d'une trentaine de départements d'Ile-de-France, Bretagne, Normandie, Poitou-Charentes, Centre, Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes. Dans une vingtaine d'autres, le seuil d'information, franchi à partir de 50 μg/m3, était, lui, enclenché dans l'est du pays (Lorraine, Alsace), les Pays de la Loire, en Auvergne et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Afin de limiter la circulation automobile, la Mairie de Paris a annoncé la gratuité des Vélib' et des Autolib' à compter de jeudi, et ce, tant que durera l'épisode de pollution de l'air extérieur. Une mesure qui a suscité de nombreuses réactions d'étonnement et de critique alors que les autorités sanitaires déconseillent de pratiquer une activité physique soutenue lors des pics. Les transports en commun en Ile-de-France seront également gratuits de vendredi matin à dimanche soir pour inciter les automobilistes à délaisser leur voiture durant le pic de pollution, a annoncé le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF) jeudi. Alors, quel mode de transport vaut-il mieux privilégier pour limiter les troubles respiratoires et les maladies cardio-vasculaires ?

PROXIMITÉ DU TRAFIC AUTOMOBILE

Aucune étude nationale n'existant en la matière, c'est du côté des agences régionales de surveillance de la qualité de l'air qu'il faut se tourner. L'Observatoire régional indépendant de l'air en Midi-Pyrénées (Oramip) a réalisé une étude entre 2008 et 2009 comparant, selon les différents modes de transport aux heures de pointe, l'exposition à quatre polluants atmosphériques particulièrement dangereux pour la santé : les particules fines PM10, le dioxyde d'azote (NO2), le monoxyde de carbone (CO) et le benzène (C6H6).

En Ile-de-France, Airparif (Association interdépartementale pour la gestion du réseau automatique de surveillance de la pollution atmosphérique et d'alerte en région d'Ile-de-France) s'est pour l'instant cantonnée à évaluer l'exposition au NO2 et aux PM10 pendant quelques trajets. Mais l'association développe un outil qui permettra de visualiser en 3D l'état de la pollution atmosphérique à Paris afin de limiter son exposition.

Cette exposition, classée comme cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé (OMS),  dépend du parcours emprunté et de la durée du trajet, des niveaux de polluants dans la ville mais aussi du taux d'inhalation de l'air en fonction de l'effort produit. Sans grande surprise, on est plus exposé à proximité du trafic automobile, et notamment des voitures diesel, principale source de polluants en ville. Les automobilistes sont donc les plus touchés tandis que les cyclistes et piétons restent davantage épargnés.

LES CYCLISTES ET PIÉTONS RESTENT LES MOINS EXPOSÉS

La voiture. L'automobiliste, source majeure de polluants, est donc aussi le plus exposé. « Loin de protéger les passagers de la pollution, l'habitacle a plutôt tendance à l'accumuler », explique Géraldine Le Nir, ingénieure d'étude à Airparif. C'est d'autant plus vrai quand le conducteur est coincé dans des embouteillages, au moment où les moteurs polluent le plus. A tel point que, selon l'Oramip, les « concentrations en dioxyde d'azote mesurées dans les habitacles des voitures sont supérieures à celles observées par les sites de mesures installés à proximité d'axes routiers ».

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Le bus. L'exposition à la pollution est assez similaire à la voiture, puisque l'habitacle fermé empêche également les polluants de s'évacuer. « Le deuxième mode de transport le plus exposé au dioxyde d'azote est le bus. Ceci peut s'expliquer par l'apport permanent d'air extérieur (ouverture des portes, etc.) qui se concentre au sein de l'habitacle du bus », indique l'Oramip. « Mais les voies réservées qu'empruntent de plus en plus de bus limitent quelque peu les niveaux de pollution », complète Géraldine Le Nir.

Le métro. On retrouve dans les lignes souterraines les mêmes polluants que dans l'air extérieur, qui s'engouffrent par les portes et les bouches d'aération. S'il y a moins d'oxydes d'azote qu'à l'extérieur, les concentrations en particules fines sont par contre bien plus importantes en raison à la fois de l'espace confiné mais aussi de l'activité des rames elle-même : le roulage et le freinage donnent lieu à des frottements intenses, d'autant plus que le train est chargé en voyageurs.

La présence de ces particules peut atteindre en journée sur le quai du métro jusqu'à 200 microgrammes par mètre cube et même jusqu'à plus de 500  μg/m3 sur le quai du RER. Bien au-delà donc de la norme de 25 μg/m3 pour vingt-quatre heures fixée par l'OMS.

Le vélo et la marche. Ce sont finalement les deux modes de transport par lesquels les usagers sont le moins exposés en raison de l'absence d'environnement confiné qui permet l'évacuation des polluants et de la possibilité pour les cyclistes et les piétons de s'éloigner plus ou moins du flux de circulation. « L'exposition à la pollution peut être ponctuellement importante mais sans phénomène d'accumulation », note l'Oramip. Et elle diminue rapidement lorsque l'on s'éloigne quelque peu du flux de circulation, en empruntant des pistes cyclables ou en marchant le plus loin de la route possible. En moyenne, l'exposition à la pollution est deux fois moins élevée pour le cycliste sur une piste séparée que dans la circulation automobile et 30 % moins élevée dans les couloirs de bus, selon une étude d'Airparif de 2009.

La circulation sur des pistes cyclables et le plus loin possible des pots d'échappement est donc la meilleure solution, à condition également de pédaler à un rythme modéré pour éviter l'hyperventilation et donc l'inhalation excessive de polluants. Et c'est sans compter le bénéfice global pour la santé de la pratique de la bicyclette par rapport aux autres modes de transport.

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