Le plomb est un métal naturellement présent dans l’écorce terrestre, dont la malléabilité et le point de fusion bas ont permis son utilisation dès la préhistoire dans de nombreux objets d’usage courant… mais c’est aussi un élément toxique pour la santé, particulièrement pour celle des jeunes enfants. Le rôle de l’exposition au plomb dans le développement de la déficience intellectuelle chez l’enfant est particulièrement préoccupant.
Le plomb est un métal lourd, d’aspect gris et bleuâtre, doté de nombreuses propriétés. Sa malléabilité, son point de fusion bas et sa résistance à la corrosion ont permis son utilisation dès la préhistoire dans de nombreux objets d’usage courant jusqu’à atteindre son apogée au moment de la révolution industrielle du 19ème siècle : pigments de peinture, canalisations d’eau courante, fonderies, vitraux et vaisselle notamment.
De fait, l’exploitation minière, la métallurgie (acier, laiton…), les activités de fabrication et de recyclage des produits électroniques, et, dans certains pays, l’usage des peintures, de l’essence et du carburant pour l'aviation au plomb, sont des sources importantes de contamination de l’environnement. La plus grosse part de la production de plomb est consacrée aux batteries automobiles et aux munitions. Dans l'industrie nucléaire, il est employé en tant que bouclier contre les radiations. Le plomb est aussi très répandu dans les sculptures et dans le secteur du bâtiment. Certaines particules de plomb peuvent être présentes dans des bijoux, jouets ou même dans certains produits cosmétiques et médicaments traditionnels.
Les amalgames utilisés en dentisterie, communément appelés « plombages », ne contiennent pas de plomb, mais 50 % de mercure et un alliage de métaux (argent, étain, zinc et cuivre).
Le plomb peut pénétrer dans le corps humain lors de l'ingestion de nourriture (65%) ou d'eau (20%) ou par inhalation de l'air (15%).
L’eau du robinet peut contenir du plomb, notamment dans les maisons où la plomberie comprend des éléments en plomb et surtout si l’eau est légèrement acide.
A proximité des axes routiers et de certaines industries, notamment les fonderies, le sol et la poussière peuvent contenir des quantités de plomb suffisantes pour être toxiques pour un jeune enfant.
La plupart des aliments contiennent des traces de plomb, en lien avec la contamination du sol par le plomb, alors absorbé par les cultures.
Les bijoux de mauvaise qualité peuvent laisser une marque grise lorsqu'ils sont frottés (si le plomb n’est pas recouvert d’une peinture). Les enfants qui sucent ou mâchent ces bijoux peuvent s’intoxiquer.
Le plomb était l'un des matériaux que les alchimistes essayaient de transformer en or au Moyen Âge.
La présence de plomb dans l’air a grandement diminué grâce à l’élimination des additifs au plomb dans l’essence automobile.
A partir de 1923, un composé du plomb, le « plomb tetraéthyle » a été introduit comme antidétonant dans l’essence pour augmenter son indice d’octane. Il a été définitivement abandonné dans les années 2000.
Dans les environnements intérieurs, le tabagisme peut être à l’origine de la présence de plomb dans l’air. En effet, le plomb contenu naturellement dans les feuilles de tabac est libéré dans l’air durant le processus de combustion.
Certaines peintures anciennes peuvent aussi être source de plomb dans l’habitat, notamment les teintes de blanc et les couleurs pastel. L’inhalation des poussières de plomb se fait particulièrement si la peinture si s’écaille, si on la décape ou si on brûle du bois peint.
Lorsqu'elle est en bon état ou lorsque d'autres couches de peintures sont passées dessus, une ancienne peinture au plomb ne présente pas de risque.
L'ensemble des troubles causés par le plomb sont rassemblés sous l'appellation de « saturnisme » (les alchimistes associaient le plomb à la planète Saturne), dont la reconnaissance des premiers cas remonte au Moyen-Âge.
Chaque année près de 500 cas de saturnisme sont déclarés en France. Le saturnisme est aussi la première maladie à avoir été déclarée maladie professionnelle.
Le plomb a la propriété de s’accumuler dans l’organisme. Il se fixe sur les tissus mous (foie, rate, reins…) mais aussi sur le système osseux et dentaire (90 à 95% du plomb absorbé se substitue au calcium sur les os pendant 20 à 30 ans).
Le plomb peut avoir plusieurs effets indésirables :
Perturbation de la biosynthèse de l'hémoglobine et anémie
Augmentation de la pression artérielle
Problèmes aux reins
Fausses couches
Perturbation du système nerveux
Dommages au cerveau
Déclin de la fertilité des hommes (problèmes au niveau du sperme)
Intoxication du fœtus et atteintes au développement de l'enfant à naître.
Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables aux effets toxiques du plomb, qui peuvent avoir des conséquences graves et permanentes sur leur santé, en particulier en affectant le développement du cerveau et du système nerveux. Un niveau d’exposition relativement faible peut déjà entraîner des lésions neurologiques graves, parfois irréversibles (retards mentaux, troubles du comportement). Leur habitude de tout porter à la bouche explique en partie qu’ils absorbent 4 à 5 fois plus de plomb que les adultes. Il n’existe pas de concentration de plomb dans le sang qui soit sans danger. Même des concentrations sanguines aussi faibles que 5 µg/dL sont parfois associées à une baisse de l’intelligence de l’enfant, à des problèmes comportementaux et à des difficultés d’apprentissage.
En outre, le plomb fait partie de la liste des substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR).
L’abandon progressif du plomb dans l’essence, les peintures, les canalisations et les soudures a permis de réduire considérablement les niveaux de concentration de plomb dans le sang au sein de la population (ou « plombémie »).
La réglementation sur les risques sanitaires liés à ce métal a évolué ces dernières années afin de limiter l’exposition de la population aux différentes sources de plomb. Par rapport à la pollution de l’air par le plomb :
L’utilisation des peintures au plomb a été réglementée en 1948. Actuellement, le problème de l’exposition des enfants aux peintures contenant de plomb ne subsiste que dans les logements vétustes car les revêtements qui ont eu vocation de recouvrir ces peintures se dégradent sous l’effet de l’humidité ou des défauts de ventilation.
L’interdiction du plomb dans la fabrication des canalisations remonte à 1995.
L’essence sans plomb est obligatoire depuis le 1er janvier 2000.
La recherche de plomb a été rendue obligatoire en cas de vente ou de location d'un bien immobilier dont le permis de construire a été délivré avant le 1er janvier 1949 (Constat de Risque d’Exposition au Plomb, CREP, obligatoire depuis le 27 avril 2006 pour les ventes et depuis le 12 août 2008 pour les locations).
La pollution au plomb a fait les gros titres il y a quelques mois lors du dramatique incendie de Notre-Dame de Paris. Pourtant, d’autres sites industriels ou artisanaux sont à l’origine de rejets de plomb dans l’air, dont les poussières se déposent ensuite sur les espaces publics extérieurs tels les trottoirs, les voiries, le mobilier urbain ou encore les aires de jeux pour enfants.
Dans une étude publiée début février 2020, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) alerte sur les poussières de plomb et estime qu’il faut surveiller les enfants et les professionnels exposés dans les espaces extérieurs.
Je ne brûle pas de bois peint
Je recycle convenablement mes déchets d’équipements électriques et électroniques : batteries, ordinateurs…
Je vends ou j’achète un logement : la recherche de plomb est obligatoire pour la transaction
J’habite un logement ancien que je projette de réhabiliter : le changement des canalisations d’eau est conseillé, je suis très vigilant sur les vieilles peintures des murs
Je me lave régulièrement les mains, particulièrement avant les repas et après un contact avec les sols, ainsi que celles de mes enfants
Je veille à ce que mes enfants aient les ongles coupés courts pour éviter l'ingestion des poussières de plomb
Je me déchausse dès l'arrivée dans un logement afin de limiter le transport de poussières
Pour les populations vulnérables et à risque accru de contamination, en particulier les enfants et les travailleurs exposés aux poussières extérieures, un dosage du plomb dans le sang est recommandé.
Un enfant ou un adolescent de moins de 18 ans présentant une plombémie égale ou supérieure à 50 microgrammes par litre de sang est en proie au saturnisme. Chaque cas de saturnisme infantile fait l'objet d'une déclaration auprès des autorités sanitaires (ARS) par un professionnel de santé. Cela permet de déclencher une procédure d'urgence afin d'identifier l'origine de l'intoxication et de mettre en place les mesures nécessaires.
(Ré)écouter le podcast de « La Météo de l’air » sur Radio Omega
Télécharger les infographies de l’OMS sur l’exposition au plomb et ses effets
Lire l’avis de l’Anses relatif à « la contamination d’espaces publics extérieurs par le plomb »