Avec les changements climatiques, la pollution atmosphérique est l’une des principales menaces environnementales pour la santé. Au-delà de la dégradation de la qualité de vie, on estime à 7 millions le nombre de décès prématurés imputables à la pollution de l’air chaque année dans le monde, particulièrement dans les pays les plus défavorisés.
En 2019, plus de 90 % de la population mondiale vivait dans des zones où les concentrations dépassaient les seuils de référence de l'OMS (seuils de 2005) concernant l'exposition prolongée aux particules PM2,5.
La majorité des gaz atteint les alvéoles pulmonaires, les particules quant à elles pénètrent plus ou moins profondément selon leur taille. Ces polluants agissent sur la santé à court ou à long terme : sensation d’inconfort due aux mauvaises odeurs, irritation des yeux, de la peau et des muqueuses, toux, conjonctivite, allergie, rhinite, gêne respiratoire, bronchite, asthme, maux de tête, fatigue, nausées, malaises, maladies respiratoires chroniques, mortalité cardio-vasculaire, malformation du fœtus, cancers… Ces effets dépendent de la nature du polluant (gaz, particules…), de la taille des particules, de nos caractéristiques (âge, sexe…), mode de vie (tabagisme…) et état de santé mais aussi de la durée d’exposition et de la dose inhalée.
En 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérigène pour l’Homme.
Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas uniquement lors des pics de pollution que notre santé est la plus menacée. En réalité, ce sont les niveaux de pollution que nous respirons tous les jours qui ont les impacts les plus lourds (ce que l’on appelle la « pollution de fond »)
Les données collectées par l’OMS montrent que la pollution de l’air a des effets délétères sur la santé à des concentrations encore plus faibles que ce qui était admis jusqu’alors. Pour s’adapter à ce constat, l’OMS a mis à jour ses lignes directrices mondiales sur la qualité de l'air, appliquées depuis 2005.
En outre, l'OMS a abaissé la quasi-totalité de ses seuils de référence, portant sur 6 principaux polluants de l’air : particules en suspension (PM10 et PM2,5), ozone (O3), dioxyde d'azote (NO2), monoxyde de carbone (CO) et dioxyde de soufre (SO2 - le seul pour lequel le seuil a été augmenté).
Polluant |
Seuil de référence de 2005 |
Seuil de référence de 2021 |
PM2,5 |
10 µg/m3/an |
5 µg/m3/an |
25 µg/m3/24h |
15 µg/m3/24h |
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PM10 |
20 µg/m3/an |
15 µg/m3/an |
50 µg/m3/24h |
45 µg/m3/24h |
|
O3 |
- |
60 µg/m3/j en pic saisonnier |
100 µg/m3/8h |
100 µg/m3/8h |
|
NO2 |
40 µg/m3/an |
10 µg/m3/an |
- |
25 µg/m3/24h |
|
CO |
- |
4 µg/m3/24h |
SO2 |
20 µg/m3/24h |
40 µg/m3/24h |
Ces nouvelles recommandations n’ont pas de caractère juridiquement contraignant pour les Etats mais elles ont vocation à alerter sur l’enjeu sanitaire que représente la pollution de l’air, voire orienter la réglementation en vigueur au sein des Etats et les politiques publiques mises en œuvre. Selon l’OMS, les efforts pour atteindre les seuils recommandés permettraient aux pays de protéger la santé de leur population et de limiter les conséquences du changement climatique. Par exemple, si le nouveau seuil PM2,5 était respecté, près de 80% des décès liés à ce polluant pourraient être évités.
En France, les valeurs réglementaires pour la qualité de l’air sont une déclinaison des directives européennes. Ces valeurs réglementaires ne sont pas forcément calquées sur les seuils sanitaires définis par l’OMS.
La conséquence de la révision de ces seuils, pour la plupart abaissés, est une modification de la part de population vivant dans une zone dont l'air n'est pas jugé sain selon les critères de l'OMS. En BFC comme ailleurs en France, ce chiffre est donc revu à la hausse.
Les premières projections cartographiques que nous avons réalisées montrent, pour les 3 polluants dont la recommandation porte sur un seuil annuel, que la part de population exposée augmente significativement dans ce nouveau référentiel de l’OMS. Par exemple, pour l’année 2020, marquée par une série de confinements de la population (cliquer sur les vignettes pour afficher les cartes en grand) :
|
Moyennes annuelles |
|
Polluant |
Référentiel OMS 2005 |
Référentiel OMS 2021 |
PM2,5 |
||
PM10 |
||
NO2 |
Bien entendu, l’évolution opérée entre ces résultats ne signifie pas que la qualité de l’air est brutalement dégradée. Comme pour l’indice Atmo, qui a été revu en début d’année, il s’agit surtout d’un changement de référentiel.
Comme le rappelle Atmo France, la Fédération des AASQA, ces préconisations de l’OMS viennent rappeler l’importance pour notre santé d’une meilleure qualité de l’air et des interactions air/climat/santé et appelle à revoir les objectifs pour l’atteindre. Atmo France et les AASQA s’engagent aux cotés de tous les acteurs (Etat, collectivités, acteurs économiques, associations, chercheurs et citoyens) pour permettre les évolutions en ce sens en mobilisant leurs outils, ressources et expertises (inventaires d’émissions, cartes stratégiques de l’air, diagnostics territoriaux et simulation d’impact des politiques prévues et menées etc.). (source)
Présent à tous les échelons du territoire, de la ville jusqu'à la Région, Atmo BFC s’engage de longue date avec ses partenaires, tant pour répondre aux besoins de diagnostic mais aussi pour faciliter la planification avec des études prospectives. L’expertise de la structure, reconnue notamment des acteurs de la santé environnementale, a déjà permis d’orienter et de concrétiser des mesures vertueuses pour la qualité de l’air, et dans un sens plus large, pour l’environnement atmosphérique, comme par exemple : réduction de vitesse sur les zones couvertes par un Plan de Protection de l’Atmosphère (Belfort-Montbéliard, Chalon-sur-Saône), interdiction du brûlage des déchets verts, tarif préférentiel sur les transports en commun en cas d’épisode de pollution, scénarisation des objectifs régionaux en lien avec la transition énergétique (exemple de « REPOS »), limitation de l’impact de chantiers d’ampleur sur la qualité de l’air des riverains, caractérisation des particules, évaluation de la stratégie régionale de déploiement du Gaz Naturel Véhicule (GNV), ou encore mise en place de programmes de sensibilisation auprès des populations…
Améliorer la qualité de l’air se traduirait non seulement par une baisse de la mortalité, mais aussi par une amélioration de la santé et de la qualité de vie significative. L’enjeu est l’affaire de tous car il est nécessaire d’agir dans tous les secteurs (urbanisme, transport, isolation/chauffage, industrie, agriculture). Heureusement pour limiter la pollution de l’air, il existe de nombreux gestes simples à mettre en pratique.
Je limite l’utilisation de mon véhicule
J’entretiens mon véhicule
J’effectue mes petits trajets à pieds ou à vélo
Je favorise les transports en commun
Je pratique le covoiturage
Je choisis des produits en vrac, en recharge ou en format familial pour limiter les emballages
Je fais mes courses avec des sacs réutilisables
Je trie mes déchets et je composte mes déchets organiques
Je ne brûle pas mes déchets verts, je préfère le compost ou la valorisation en déchetterie
J’utilise des appareils électriques peu gourmands : mes appareils électroménagers sont de classe énergétique A
Je suis équipé d’ampoules basse consommation
J’éteins la lumière lorsque je quitte une pièce
Je ne laisse jamais les appareils en veille, par exemple j’éteins la télévision lorsque je ne la regarde pas
Mon habitat est isolé pour éviter les fuites thermiques (tout en y assurant une ventilation efficiente)
Je choisis mes matériaux de construction en fonction de leur label
Je privilégie les sources d’énergie alternatives lorsque cela est possible : réseau de chaleur local, biomasse, énergie solaire, éolienne, géothermie…
J’ai installé par un poêle à bois labellisé « Flamme verte », de préférence 7 étoiles, qui limite les émissions de particules dans l’air extérieur
J’ai remplacé ma vieille chaudière par un modèle à condensation, qui consomme moins d’énergie et diminue les émissions de polluants dans l’air extérieur
Je brûle du bois de bonne qualité : bûches, plaquettes et granulés certifiés
Pour mon combustible biomasse, je privilégie les circuits courts
J’entretiens régulièrement mon installation
(Ré)écouter notre podcast « La Météo de l’air » sur Radio Omega
Consulter les lignes directrices de l’OMS pour la qualité de l’air