Santé Environnement : de nouveaux repères pour la qualité de l’air

 

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a actualisé mercredi 22 septembre ses recommandations sur les niveaux des principaux polluants de l’air. En outre, ces nouvelles lignes directrices se veulent plus ambitieuses et contraignantes, mais dans le seul et unique but de protéger la santé des populations. Selon l’OMS et les experts du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), les efforts à poursuivre pour atteindre ces nouveaux seuils de référence auront des effets bénéfiques sur les effets du changement climatique.

 

La pollution de l’air a des effets sur la santé

Avec les changements climatiques, la pollution atmosphérique est l’une des principales menaces environnementales pour la santé. Au-delà de la dégradation de la qualité de vie, on estime à 7 millions le nombre de décès prématurés imputables à la pollution de l’air chaque année dans le monde, particulièrement dans les pays les plus défavorisés.

En 2019, plus de 90 % de la population mondiale vivait dans des zones où les concentrations dépassaient les seuils de référence de l'OMS (seuils de 2005) concernant l'exposition prolongée aux particules PM2,5.

La majorité des gaz atteint les alvéoles pulmonaires, les particules quant à elles pénètrent plus ou moins profondément selon leur taille. Ces polluants agissent sur la santé à court ou à long terme : sensation d’inconfort due aux mauvaises odeurs, irritation des yeux, de la peau et des muqueuses, toux, conjonctivite, allergie, rhinite, gêne respiratoire, bronchite, asthme, maux de tête, fatigue, nausées, malaises, maladies respiratoires chroniques, mortalité cardio-vasculaire, malformation du fœtus, cancers… Ces effets dépendent de la nature du polluant (gaz, particules…), de la taille des particules, de nos caractéristiques (âge, sexe…), mode de vie (tabagisme…) et état de santé mais aussi de la durée d’exposition et de la dose inhalée.

En 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérigène pour l’Homme.

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas uniquement lors des pics de pollution que notre santé est la plus menacée. En réalité, ce sont les niveaux de pollution que nous respirons tous les jours qui ont les impacts les plus lourds (ce que l’on appelle la « pollution de fond »)

 

De nouvelles lignes directrices établies pour le monde entier

Les données collectées par l’OMS montrent que la pollution de l’air a des effets délétères sur la santé à des concentrations encore plus faibles que ce qui était admis jusqu’alors. Pour s’adapter à ce constat, l’OMS a mis à jour ses lignes directrices mondiales sur la qualité de l'air, appliquées depuis 2005.

En outre, l'OMS a abaissé la quasi-totalité de ses seuils de référence, portant sur 6 principaux polluants de l’air : particules en suspension (PM10 et PM2,5), ozone (O3), dioxyde d'azote (NO2), monoxyde de carbone (CO) et dioxyde de soufre (SO2 - le seul pour lequel le seuil a été augmenté).

 

Polluant

Seuil de référence de 2005

Seuil de référence de 2021

PM2,5

10 µg/m3/an

5 µg/m3/an

25 µg/m3/24h

15 µg/m3/24h

PM10

20 µg/m3/an

15 µg/m3/an

50 µg/m3/24h

45 µg/m3/24h

O3

-

60 µg/m3/j en pic saisonnier

100 µg/m3/8h

100 µg/m3/8h

NO2

40 µg/m3/an

10 µg/m3/an

-

25 µg/m3/24h

CO

-

4 µg/m3/24h

SO2

20 µg/m3/24h

40 µg/m3/24h

 

Ces nouvelles recommandations n’ont pas de caractère juridiquement contraignant pour les Etats mais elles ont vocation à alerter sur l’enjeu sanitaire que représente la pollution de l’air, voire orienter la réglementation en vigueur au sein des Etats et les politiques publiques mises en œuvre. Selon l’OMS, les efforts pour atteindre les seuils recommandés permettraient aux pays de protéger la santé de leur population et de limiter les conséquences du changement climatique. Par exemple, si le nouveau seuil PM2,5 était respecté, près de 80% des décès liés à ce polluant pourraient être évités.

En France, les valeurs réglementaires pour la qualité de l’air sont une déclinaison des directives européennes. Ces valeurs réglementaires ne sont pas forcément calquées sur les seuils sanitaires définis par l’OMS.

 

Quel impact en BFC ?

La conséquence de la révision de ces seuils, pour la plupart abaissés, est une modification de la part de population vivant dans une zone dont l'air n'est pas jugé sain selon les critères de l'OMS. En BFC comme ailleurs en France, ce chiffre est donc revu à la hausse.

Les premières projections cartographiques que nous avons réalisées montrent, pour les 3 polluants dont la recommandation porte sur un seuil annuel, que la part de population exposée augmente significativement dans ce nouveau référentiel de l’OMS. Par exemple, pour l’année 2020, marquée par une série de confinements de la population (cliquer sur les vignettes pour afficher les cartes en grand) :

  

 

Moyennes annuelles

Polluant

Référentiel OMS 2005

Référentiel OMS 2021

PM2,5

 

 

PM10

 

 

NO2

 

 

Bien entendu, l’évolution opérée entre ces résultats ne signifie pas que la qualité de l’air est brutalement dégradée. Comme pour l’indice Atmo, qui a été revu en début d’année, il s’agit surtout d’un changement de référentiel.

 

Tous mobilisés pour une meilleure qualité de l’air

Comme le rappelle Atmo France, la Fédération des AASQA, ces préconisations de l’OMS viennent rappeler l’importance pour notre santé d’une meilleure qualité de l’air et des interactions air/climat/santé et appelle à revoir les objectifs pour l’atteindre. Atmo France et les AASQA s’engagent aux cotés de tous les acteurs (Etat, collectivités, acteurs économiques, associations, chercheurs et citoyens) pour permettre les évolutions en ce sens en mobilisant leurs outils, ressources et expertises (inventaires d’émissions, cartes stratégiques de l’air, diagnostics territoriaux et simulation d’impact des politiques prévues et menées etc.). (source)

Présent à tous les échelons du territoire, de la ville jusqu'à la Région, Atmo BFC s’engage de longue date avec ses partenaires, tant pour répondre aux besoins de diagnostic mais aussi pour faciliter la planification avec des études prospectives. L’expertise de la structure, reconnue notamment des acteurs de la santé environnementale, a déjà permis d’orienter et de concrétiser des mesures vertueuses pour la qualité de l’air, et dans un sens plus large, pour l’environnement atmosphérique, comme par exemple : réduction de vitesse sur les zones couvertes par un Plan de Protection de l’Atmosphère (Belfort-Montbéliard, Chalon-sur-Saône), interdiction du brûlage des déchets verts, tarif préférentiel sur les transports en commun en cas d’épisode de pollution, scénarisation des objectifs régionaux en lien avec la transition énergétique (exemple de « REPOS »), limitation de l’impact de chantiers d’ampleur sur la qualité de l’air des riverains, caractérisation des particules, évaluation de la stratégie régionale de déploiement du Gaz Naturel Véhicule (GNV), ou encore mise en place de programmes de sensibilisation auprès des populations…

 

 

Les bons gestes

Améliorer la qualité de l’air se traduirait non seulement par une baisse de la mortalité, mais aussi par une amélioration de la santé et de la qualité de vie significative. L’enjeu est l’affaire de tous car il est nécessaire d’agir dans tous les secteurs (urbanisme, transport, isolation/chauffage, industrie, agriculture). Heureusement pour limiter la pollution de l’air, il existe de nombreux gestes simples à mettre en pratique.

 

 

 

 

Pour en savoir plus