L’ammoniac est un polluant gazeux émis principalement par les activités agricoles. Lors des épandages d’engrais organiques et minéraux et le stockage des déjections animales, l’ammoniac se volatilise quand les propriétés de l’engrais, les conditions météorologiques et pédologiques sont favorables. La perte d’azote sous forme d’ammoniac entraîne un coût économique pour les agriculteurs qui ne rentabilisent pas la totalité de leur engrais.
La présence d’ammoniac dans l’air cause aussi de nombreux impacts sur l’environnement : acidification et eutrophisation des milieux, perturbation des écosystèmes, disparition de certaines espèces végétales fragiles. Ce polluant a aussi un impact sur la santé des agriculteurs et des animaux d’élevage lors d’expositions prolongées et répétitives. Il est aussi impliqué dans la formation de particules fines, polluants cancérigènes avérés par le CIRC depuis 2013, en se combinant avec d’autres acides de l’air qui proviennent d’autres polluants (NOx et SO2).
Dans cette volonté de mieux comprendre les niveaux de ce polluant en BFC et d’en prévenir ses conséquences, ATMO BFC a entrepris une campagne de mesures sur 24 sites de typologies différentes à l’aide de badges passifs entre mars 2022 et avril 2023. Cette diversité de site reflète les différentes influences et sources potentielles de l’ammoniac. Un analyseur automatique a aussi été utilisé en parallèle à cette campagne.
Les résultats de la campagne de mesures montrent des niveaux plus importants dans les contextes d’élevage, de méthaniseurs et de plateforme de compostage. Les disparités entre les sites sont liées à la quantité de matière organique, la densité d’animaux et la présence d’installation de stockage d’effluents. Les niveaux en ammoniac sont supérieurs à l’intérieur des bâtiments d’élevage qu’en extérieur. De plus, les concentrations mesurées sont plus importantes en zone de grandes cultures et à proximité des axes routiers que dans des contextes de centre-ville, d’industries ou de prairies.
En zone de grandes cultures et de prairies, les concentrations les plus élevées sont observées en février, mars et mai tandis que la saison estivale s’ajoute aux périodes de fortes concentrations en zone urbaine. C’est le rythme des activités agricoles (épandage, stockage d’engrais, arrivée des animaux, curage des bâtiments) qui dicte la temporalité des niveaux en ammoniac sur l’année, que ce soit dans des contextes d’élevage, de cultures ou en milieu urbain. Les conditions météorologiques (température, humidité) jouent aussi un rôle dans cette répartition annuelle.
Les concentrations en ammoniac mesurées lors de la campagne respectent les valeurs seuils incluses dans le Code du Travail et les recommandations de l’ANSES mais sont systématiquement supérieures à la valeur critique pour la végétation fragile et celle de la végétation supérieure pour les sites présentant les niveaux les plus élevés.
L’analyse statistique des résultats révèle qu’en dehors des périodes d’épandages, les concentrations les plus fortes sont observées les semaines aux températures élevées, à l’humidité relative basse et à l’ensoleillement important. Elle montre aussi qu’en 2022, en dehors de la période hivernale, les semaines à fortes concentrations de PM 10 et PM 2.5 sont celles à forte présence d’ammoniac pour la majorité des sites analysés. La comparaison de ces niveaux permet aussi d’identifier une contribution de l’ammoniac dans certains pics de particules de mars 2022. En 2023, l’analyse statistique n’a pas permis de conforter ces résultats en lien avec la pluviométrie.