Depuis début 2025, une rumeur circule sur l’interdiction du chauffage au bois à partir de 2027 en France et en Europe. Cette fausse information, largement relayée, suscite beaucoup d’inquiétude chez les 7 millions de foyers qui comptent sur le bois comme source d’énergie. Pourtant, la réalité est tout autre : il ne s’agit pas d’une interdiction pure et simple, mais d’un renforcement des normes pour limiter les appareils les plus polluants.
Pourquoi le chauffage bois est controversé ?
Le chauffage au bois bénéficie d’une image « verte » car le bois est une ressource renouvelable : les arbres absorbent le CO₂ pendant leur croissance, ce qui peut compenser en partie les émissions liées à la combustion. Cependant, cette énergie n’est pas sans impact : la combustion du bois produit d’importantes quantités de particules fines (PM₂,₅, PM₁₀), des composés organiques volatils (COV), du monoxyde de carbone et d’autres polluants de l’air. Ces émissions posent un problème de santé publique : les particules fines, surtout les plus petites, pénètrent profondément dans les poumons et peuvent contribuer à des maladies respiratoires, cardiovasculaires, voire à des cancers.
En France, le chauffage au bois domestique est l’un des premiers émetteurs de particules fines. En Bourgogne-Franche-Comté par exemple, il représente près d’un tiers des émissions de PM10 (37%, donnée OPTEER 2022), devant l’agriculture (26%), le transport routier (19%) et l’industrie (15%).
Une « interdiction » en 2027 ?
La rumeur d’une interdiction totale en 2027 repose sur un malentendu : il ne s’agit pas d’un bannissement complet du chauffage au bois, mais d’un renforcement de la norme européenne Ecodesign, visant à améliorer les performances environnementales des nouveaux appareils. Seuls les modèles plus performants, avec un rendement élevé et des émissions réduites, seront autorisés à la vente. Jugés trop stricts, les critères initiaux ont été temporairement retirés. Une nouvelle version pourrait être soumise à consultation d’ici fin 2025, pour une entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2027.
Il n’existe pas d’interdiction générale du chauffage au bois, mais certaines restrictions peuvent s’appliquer localement. Par exemple, dans la Vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, l’usage des cheminées à foyer ouvert est interdit depuis le 1er janvier 2022 sur les 41 communes couvertes par le Plan de Protection de l’Atmosphère. Si vous habitez dans une zone PPA ou utilisez un foyer ancien, il est conseillé de vérifier la réglementation locale et de vous renseigner sur les aides disponibles pour remplacer ou moderniser votre installation.
Vers une réglementation européenne plus stricte
L’Union européenne souhaite moderniser et durcir ses critères environnementaux concernant les appareils de chauffage à biomasse, pour réduire la pollution de l’air aux particules fines, surtout en hiver. Selon la Commission, les émissions de particules fines issues de certains poêles restent « très élevées en conditions réelles », et il existe un potentiel de réduction importante grâce aux technologies modernes.
Le nouveau cadre envisagé (parfois appelé « Ecodesign 2027 ») ne vise pas à interdire le chauffage au bois, mais à fixer des critères plus exigeants portant sur le rendement énergétique et les émissions polluantes. Cette réglementation à venir, prévue pour le 1er janvier 2027 concernerait surtout la conception des poêles à bois, des inserts, des chaudières à bois et autres systèmes de chauffage fonctionnant à partir de la biomasse.
La Commission affirme vouloir mener ce changement en concertation, sans appliquer les nouvelles normes de manière rétroactive : les propriétaires d’équipements actuels ne seraient donc pas contraints de les remplacer immédiatement.
Entretenir et bien utiliser son appareil pour limiter la pollution
Même si la réglementation vise à améliorer les performances des appareils, notre comportement joue un rôle majeur dans la réduction de la pollution : un entretien régulier, l’usage d’un bois adapté au chauffage et de bonnes pratiques de combustion sont fondamentaux :
Ramonage et maintenance : un ramonage (une à deux fois par an selon les règles locales) est fortement recommandé, voire obligatoire, pour maintenir des performances optimales et limiter les émissions.
Choix du bois : utiliser uniquement des essences adaptées au chauffage et bien sèches (faible taux d’humidité), car le bois humide ou inapproprié génère davantage de particules et de polluants.
Pratiques de combustion : adopter des méthodes favorisant une combustion complète, comme l’allumage par le haut, ajuster correctement les arrivées d’air et maintenir un bon régime de braises. Ces pratiques permettent de réduire la fumée, les émissions de particules fines et d’améliorer le rendement de l’appareil.
En combinant un appareil performant, un bois adapté et des pratiques de combustion maîtrisées, il est possible de réduire significativement l’impact sanitaire et environnemental de son chauffage au bois tout en conservant chaleur et confort
Les bons gestes
Choix de l’équipement :
Je privilégie un appareil labellisé Flamme Verte (rendement élevé, émissions basses).
Pour un poêle à granulés, je vérifie qu’il dispose des certifications DINplus ou ENplus et que l’automatisation fonctionne correctement.
Choix et qualité du bois/granulés :
Je choisis des essences adaptées au chauffage : bois dur non résineux comme le chêne, le hêtre ou le charme.
Je n’utilise que du bois de chauffage bien sec (taux d’humidité inférieur à 15–20 %).
Pour les poêles à granulés, j’utilise uniquement des pellets certifiés et stockés au sec.
Je ne brûle jamais de déchets, carton, papier journal, palettes, caisses, planches de meubles…
Stockage du bois/granulés :
Pratiques de combustion :
Entretien et maintenance :
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Sources