DES EXPERTS
            À VOTRE SERVICE

DES EXPERTS
            À VOTRE SERVICE

Avant la naissance, la pollution de l’air nous impacte

Publié le : 16 May 2024

Avant la naissance, la pollution de l’air nous impacte

 

Certaines personnes sont plus vulnérables ou plus sensibles que d’autres à la pollution de l’air, du fait de leur capital santé ou de leur âge. Par rapport à la population générale, ces personnes vont présenter plus rapidement ou plus fortement des symptômes suite à une exposition à cette pollution, que ce soit à court terme ou à long terme. L'exposition à la pollution atmosphérique pendant la grossesse a été associée à un large éventail de conséquences néfastes à la naissance et pendant l'enfance. Récemment, une étude française a mis en évidence la vulnérabilité du placenta à la pollution de l'air…

 

Dans le ventre, le bébé partage ce que respire sa maman

Avant la naissance, un bébé ne respire pas à proprement parler : il ne se sert pas encore de ses poumons pour respirer. Ce n’est qu’au moment de la naissance qu’il se met à utiliser ses poumons. Au cours de la grossesse, c’est le cordon ombilical qui permet d’apporter, via le placenta, l’oxygène indispensable au développement du fœtus et l’évacuation du gaz carbonique. L’air respiré par la future maman est donc en quelque sorte transmis au bébé.

Malheureusement, une mauvaise qualité de l’air peut engendrer des complications pour celui-ci. Des études ont montré que les particules fines qui pénètrent dans le système respiratoire maternel et sont retrouvées dans le placenta, pourraient être la cause d’un ralentissement de la croissance du fœtus, de son développement ainsi que d’un potentiel retard intellectuel. De même pour le monoxyde de carbone qui limite la quantité d’oxygène de la mère et de l’embryon, qui peut influencer le poids ainsi que la taille de naissance du bébé, ou être un facteur de naissance prématurée.

Les fausses couches ainsi que le développement d’allergies, d’asthme ou encore d’autisme peuvent également être liées à une mauvaise qualité de l’air. Il est donc nécessaire qu’une femme enceinte réduise au maximum son exposition à la pollution présente dans l’environnement.

 

Pollution de l’air : un « risque majeur pour le bon déroulement de la grossesse »

Des chercheurs de l’Inserm et de l’Université Grenoble Alpes ont étudié la façon dont la pollution atmosphérique peut impacter le développement d’un enfant au cours de la grossesse. Leur étude, rendue publique au début du mois de mai 2024, visait à déterminer les effets de 3 polluants de l’air (dioxyde d’azote, particules PM10 et PM2,5) sur un panel de près de 1500 femmes enceintes. Les chercheurs ont concentré leur étude sur l’ADN du placenta, un organe clé du développement fœtal. Particulièrement vulnérable à de nombreux composés chimiques, le placenta peut être assimilé à une archive témoignant de l’environnement prénatal de l’enfant. Les conclusions des chercheurs, rendues publiques début mai 2024 dans la prestigieuse revue médicale « The Lancet Planetary Health », confirment un impact négatif sur le développement de l’enfant, en particulier :

  • Des perturbations liées au développement du bébé (poids et taille de naissance, périmètre crânien, durée de la grossesse…)

  • Des modifications concernant le développement du système nerveux, du système immunitaire et du métabolisme, dont des gènes impliqués dans la survenue du diabète néonatal ou de l’obésité

  • Des impacts différents selon le sexe de l’enfant :

    • Pour les filles, plus vulnérables durant le 3ème trimestre de la grossesse : augmentation de risque de maladie chronique métaboliques telles l’hypertension, le diabète, l’obésité…

    • Pour les garçons, plus vulnérables lors du premier trimestre de grossesse : retard de développement intellectuel

  • Un risque accru de fausse-couche ou de pré-éclampsie (élévation de la pression artérielle et de la quantité de protéines dans les urines, responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés en France)

En outre, cette étude a fourni de nouvelles données sur les mécanismes impliqués dans la dérégulation, sous l’effet de la pollution de l’air, du développement d'un enfant à naître et sur les modifications à long terme de son métabolisme. Pour autant, selon les auteurs de cette étude, les résultats « devront être vérifiés dans des populations d’autres régions géographiques et avec des profils génétiques différents » (source).

Concrètement c’est le niveau de « méthylation » de l’ADN placentaire qui a été étudié. Ce terme désigne des modifications chimiques impliquées dans le contrôle et l’expression des gènes (sans modifier la séquence d’ADN). Quand une région de l'ADN est fortement « méthylée », les gènes dans cette région sont souvent éteints ou moins actifs. Cela signifie que les protéines codées par ces gènes sont produites en plus petite quantité ou pas du tout.

 

 

Les bons gestes

Pour protéger tout le monde :

  • J’aère mon logement au moins 10 minutes par jour, même en hiver

  • Je ne bouche pas les grilles de ventilation

  • J’aère régulièrement l’habitacle de mon véhicule, sauf quand je suis dans une zone de trafic dense ou dans un tunnel

  • Je fume à l’extérieur de mon logement ou de mon véhicule

  • J’évite les parfums d’ambiance et les huiles essentielles

  • Je limite le nombre de produits ménagers, je privilégie ceux avec le moins d’ingrédients et si possible eco-labellisés

  • J’évite les produits en spray ou en aérosol

  • Je privilégie les produits de bricolage et de décoration qui émettent le moins de composés organiques volatils (étiquette A+)

  • Pour les matériaux, je préfère les sols lisses et durs, pour faciliter le ménage et mieux éliminer les polluants

Pour protéger les femmes enceintes :

  • Enceinte, je ne participe pas aux travaux d’aménagement de la future chambre de bébé

  • Enceinte, j’évite de fumer

  • Enceinte, Je limite l’utilisation de produits de bricolage, d’entretien et de répulsifs

Pour protéger les nourrissons et les jeunes enfants :

  • Je coupe mon moteur lorsque je dépose mes enfants à l’école

  • La future chambre de bébé est en travaux : elle sera terminée dans les deux mois avant sa naissance, je déballe les meubles le plus tôt possible

  • Je ne parfume pas bébé

  • Je proscris l’inhalation d’huiles essentielles

  • Je lave les jouets avant leur première utilisation, j’aère ceux que je ne peux pas laver (idéalement dehors pendant une journée, sinon dans une pièce bien aérée, après les avoir sortis de leur emballage)

  • J’évite les insecticides : je protège bébé avec une moustiquaire plutôt qu’avec un produit répulsif contre les moustiques

  • Mes enfants pratiquent une activité physique adaptée à leur âge (marche, ballon, vélo…), indispensable pour une bonne santé respiratoire

 

Pour en savoir plus

 

Sources