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Perturbateurs endocriniens, perturbateurs du quotidien

Publié le : 02 May 2024

Perturbateurs endocriniens, perturbateurs au quotidien

 

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui perturbent le système hormonal. Particulièrement présentes dans notre environnement quotidien, ces molécules profitent de multiples sources d’exposition : alimentation, cosmétiques, jouets, récipients… jusque dans l’air ! Pour preuve ces mentions « sans parabène » ou « sans Bisphénol A » qui fleurissent sur de nombreux produits de consommation ou au dos de nos tickets de caisse. Les perturbateurs endocriniens peuvent impacter la reproduction et la fertilité, voire favoriser l’apparition de certains cancers. Quels sont-ils et comment s’en protéger ?

 

Le rôle de nos hormones

Le système endocrinien tient un rôle fondamental dans de nombreux aspects de notre santé. Celui-ci est composé de plusieurs organes, les glandes (thyroïde, ovaires, testicules, hypophyse, pancréas…), qui sécrètent les hormones. Ces dernières sont libérées dans le sang en vue d’être distribuées dans tout l’organisme et ainsi permettre de réguler certaines fonctions comme la croissance, le métabolisme, l’immunité, le développement cérébral, le système nerveux, la reproduction, la nutrition, le comportement… En d’autres termes, les hormones assurent l’équilibre et le bon fonctionnement du corps humain.

 

Les effets des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens peuvent, comme leur nom l’indique, dérégler le fonctionnement hormonal. Leurs mécanismes d’action varient selon la molécule incriminée : ils bloquent, imitent ou perturbent une fonction hormonale normale, entraînant l’altération de différents processus tels que la communication entre cellules ou tissus et la régulation d’étapes clés du développement d’un organisme.

De fait, certaines de ces substances peuvent entraîner des effets délétères, notamment sur la reproduction, et nuire à la fertilité ou perturber le développement du fœtus. Des études ont montré que les perturbateurs endocriniens peuvent également avoir d’autres effets au niveau de l’organisme comme des effets métaboliques, neuro-développementaux ou immunitaires ainsi que l’apparition de certains cancers (sein, testicule, prostate, ovaire) et maladies métaboliques comme le diabète.

La sensibilité aux perturbateurs endocriniens peut varier selon les périodes de la vie. Ainsi, certaines populations (femmes enceintes, nourrissons, jeunes enfants, adolescents en puberté) présentent une sensibilité accrue à ces substances. Par ailleurs, du fait que de faibles quantités d’hormones interviennent dans tant de fonctions vitales, l’exposition à ces composés, même à des niveaux très faibles, à certaines de ces périodes de la vie, peut impacter fortement et parfois définitivement la santé. Les effets de ces divers composés pourraient même se combiner.

Ce n’est plus la dose qui fait le poison…

Certaines de ces substances chimiques, comme le Bisphénol A, pourraient avoir des effets plus importants à faible dose que ceux observés à fortes doses.

 

Les principaux perturbateurs endocriniens

Les voies d’exposition aux perturbateurs endocriniens sont multiples : ingestion, inhalation ou contact cutané. Ces produits sont retrouvés dans l’eau, l’alimentation, l’air, ainsi que dans de nombreux produits de consommation courante (cosmétiques, jouets, vêtements, produits de nettoyage, mobilier, médicaments…)

Excepté dans le cadre professionnel ou à la suite d’accidents (exemple de Seveso), l’exposition aux perturbateurs endocriniens concerne de faibles doses et de façon continue. Les substances les plus souvent citées dans les produits de consommation courante sont le bisphénol A, les phtalates et les parabènes, mais il existe près d’un millier de substances chimiques qui sont considérées comme des perturbateurs endocriniens potentiels (906 selon un classement Anses de 2021) :

  • Le Bisphénol A (aussi écrit BPA) : dans de nombreux plastiques tels ustensiles et contenants en plastique, éléments dentaires, jouets, CD et DVD, lunettes, lentilles ophtalmiques, instruments médicaux, petit électroménager, canalisations d’eau, cuves alimentaires et viticoles, tickets de caisse…

  • Les phtalates : matières plastiques souples comme les rideaux de douche, certains jouets, les revêtements en vinyle, les textiles en simili cuir, les câbles électriques… mais aussi produits biomédicaux, cosmétiques, parfums.

  • Les parabènes : conservateurs largement utilisés dans les produits cosmétiques, les produits d’hygiène, les médicaments ainsi que dans l’industrie agroalimentaire (les conservateurs E 214 à E 219 sont des parabènes).

  • Les alkylphénols : peintures, détergents, pesticides, spermicides, tuyaux de plomberie en PVC, certains produits d’hygiène et cosmétiques comme les produits de coloration pour les cheveux, les lotions après-rasage, les lingettes jetables, les crèmes à raser…

  • L’hydroxyanisol butylé (BHA) et le butylhydroxytoluène (BHT) : dans des produits contenant des corps gras comme les crèmes, lotions, produits hydratants, baumes et rouges à lèvres, crayons et ombres à paupières, mais aussi emballages alimentaires, céréales, gommes à mâcher, viande, margarine, croustilles, soupes et autres aliments déshydratés…

  • Le cadmium : dans les plastiques, céramiques et verres colorés, piles et batteries, photocopies, pesticides, tabac, composants de circuits électroniques, eau potable, certains aliments comme le soja, les fruits de mer, les arachides, les graines de tournesol, certaines céréales, le lait de vache…

  • Les ignifuges bromés (PBDE) et le mercure : dans certains tissus, meubles, matelas, produits électroniques et véhicules motorisés. On trouve du mercure dans les thermomètres, ampoules, piles, certaines crèmes éclaircissantes pour la peau, crèmes antiseptiques et gouttes pour les yeux.

  • Le plomb : dans certaines batteries, tuyaux, gaines de câbles, équipements électroniques, peinture de certains jouets, pigments, PVC, bijoux et verres en cristal…

  • Les composés perflurorés (PFC) et le Téflon : dans certaines crèmes pour le corps, dans des traitements anti-taches et hydrofuges pour les tapis et tissus, moquettes, canapés, textiles, vêtements imperméables et respirants, dans des emballages alimentaires, vaisselle jetable, revêtements anti-adhésifs des casseroles, poêles et ustensiles de cuisine, ou encore dans des équipements sportifs et médicaux.

  • Le triclosan : dans les produits de soin et cosmétiques, rideaux de douche, éponges de cuisine, jouets, vêtements de sport...

  • Les pesticides : certains pesticides utilisés dans l’agriculture, les jardins particuliers, le nettoyage urbain ou retrouvés dans l’alimentation peuvent être ingérés via notre alimentation. Les produits biocides comme les anti-poux ou les traitements des animaux domestiques peuvent être inhalés. Leurs nombreux effets sur la santé ne sont plus à démontrer.

Certains perturbateurs endocriniens demeurent pendant de nombreuses années dans l’environnement et peuvent s’accumuler, ou non, dans notre corps, du fait notamment d’une exposition permanente. En septembre 2019, le premier volet d'une vaste étude nationale mesurant notamment l’exposition à certaines substances dont des perturbateurs endocriniens, baptisée ESTEBAN, a montré que tous les Français étaient contaminés à différentes échelles. Les niveaux d'imprégnation des enfants étant plus élevés que ceux des adultes.

L'étude ESTEBAN a aussi pointé le manque d'aération du logement comme facteur d'imprégnation aux composés perfluorés (PFC) et aux retardateurs de flamme bromés.

 

L’action des pouvoirs publics

Pour limiter l’exposition des populations aux perturbateurs endocriniens, les collectivités s’organisent. La charte « Villes et Territoires sans Perturbateurs Endocriniens » est un exemple d’initiative. Cette charte encourage les collectivités locales à prendre des mesures concrètes pour limiter l'utilisation de ces substances dans leurs politiques, leurs pratiques d'achat et leurs espaces publics, afin de protéger la santé publique et l'environnement.

Par exemple, la Ville de Besançon, signataire de la charte, a récemment publié le guide pratique « Ma maison sans perturbateurs endocriniens », réalisé en collaboration avec la Mutualité Française BFC et Atmo BFC. Ce document propose, pour chaque pièce du logement, des conseils pratiques mais aussi des recettes maison et applications mobiles pour limiter notre exposition aux perturbateurs endocriniens, en mettant l'accent sur la protection des personnes les plus vulnérables.

Ce guide est disponible en ligne et en version papier sur demande, et a vocation à être distribué notamment dans l’ensemble des crèches de la Ville. Pour en savoir plus : https://www.besancon.fr/actualite/les-perturbateurs-endocriniens-un-enjeu-majeur-de-sante-publique/

 

 

 

 

Les bons gestes

Les voies d’exposition aux perturbateurs endocriniens sont multiples et rendues possibles via leur présence dans de nombreux objets et produits du quotidien. Pour ce qui est des bons gestes liés à la qualité de l’air :

  • J’aère mon logement au moins 10 minutes par jour

  • Je dépoussière et nettoie régulièrement

  • Mon aspirateur est équipé d’un filtre HEPA, parfait pour retenir les particules fines et les perturbateurs endocriniens qui s’y sont accrochés

  • Je lave les textiles d’ameublement avant de les utiliser : housse de fauteuil, coussins, tapis, tentures…

  • J’évite les tissus ou peintures anti-taches, anti-moisissures ou insectides (acariens, mites, mouches, moustiques…)

  • J’utilise des produits de nettoyage simples et naturels, voire labellisés ; je respecte les conditions d’utilisation ; je limite le nombre de produits utilisés

  • J’évite les désodorisants d’intérieur et les parfums d’ambiance, que ce soit à la maison, dans la voiture ou au bureau

  • J’aménage la chambre de bébé bien avant sa naissance, sans oublier de l’aérer régulièrement

  • Enceinte, je ne participe pas aux travaux

  • J’aménage mon logement avec des matières naturelles non traitées (meubles en bois massif, tissus non traités…) et limite tout ce qui est plastifié (revêtement de sol en vinyle, meubles en PVC ou contre-plaqué, papier peint plastifié, isolant en polyuréthane…)

  • J’opte pour des produits porteurs d’un label (revêtements, peintures, appareils multimédias…) et/ou des matériaux de construction et des revêtements étiquetés A+ pour les émissions dans l’air intérieur

  • J’évite les mousses qui peuvent contenir des retardateurs de flammes (sous-couches de moquettes, coussins de canapé ou de chaise…) et me tourne vers des produits qui mentionnent « sans retardateur de flamme »

  • Je ne brûle pas de bois traité, comme des vieilles palettes souvent imprégnées d’antifongiques ou d’ignifuges

  • J’utilise le moins de pesticides possible, je traite mes plantes d’intérieur à l’extérieur

  • J’évite la cigarette et la fumée de tabac ; je fume à l’extérieur

  • J’apporte au point de collecte les objets qui contiennent du mercure (ampoules, appareils…), du cadmium (piles, batteries…) et autres composés dangereux.

 

 

Pour en savoir plus

 

Sources