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Un peu de Sahara en Bourgogne-Franche-Comté ?

Publié le : 02 March 2023

Un peu de Sahara en Bourgogne-Franche-Comté ?

 

Au mois de février, certaines régions françaises ont été touchées par une hausse des concentrations de particules atmosphériques en lien avec l’arrivée d’un nuage de poussières sahariennes. Ce phénomène naturel, bien connu sur le pourtour méditerranéen et en Corse, peut aussi se produire dans notre région. Tout particulièrement depuis ces trois dernières années, où le phénomène, très médiatisé, a révélé des paysages spectaculaires et des niveaux exceptionnellement élevés sur les analyseurs de particules, nous prenons vraiment conscience de son influence dans notre environnement. Pour autant, les poussières sahariennes dans l’air représentent-elles un danger pour notre santé ?

 

Une pollution naturelle favorisée par la météo

A partir du 20 février, un nuage de poussières en provenance du désert du Sahara a survolé la France et voilé le ciel d’une partie du pays (notamment le sud-ouest). Cette poussière, initialement transportée par les vents de Calima (un vent d’Est chaud, provenant du Sahara) vers les îles Canaries, a été transportée à plus grande distance vers les parties centrales et orientales de l’Europe.

C’est ce vent qui a charrié avec lui de très grandes quantités de poussières du Sahara vers l’Espagne et une grande partie de la France. Si ce phénomène météorologique est fréquemment observé, notamment dans les régions proches de la Méditerranée, un épisode d’une telle intensité reste rare.

A des milliers de kilomètres de chez nous, les minuscules grains de sable (ou poussières sahariennes) ont été entraînés en haute altitude puis amenés par des vents puissants. Lorsqu’un épisode pluvieux se cumule au phénomène, les particules en suspension dans l’air sont entrainées par les gouttelettes de pluie. Elles sont ainsi rabattues au sol et d’importants dépôts de poussières sont alors observés sur les véhicules, les terrasses et la végétation. Ils peuvent être localement très impressionnants. Ces pluies lessivent l’atmosphère et participent à la dispersion de l’épisode saharien.

Ce phénomène nous rappelle que la pollution de l’air peut aussi avoir une origine naturelle.

  

Sur un autre continent, mais bien présent en BFC

Les concentrations en particules enregistrées par le dispositif de surveillance de la qualité de l’air de Bourgogne-Franche-Comté n’ont pas conduit à un épisode de pollution. En effet, même si une légère hausse a pu être observée sur certaines stations fixes au cours des 22 et 23 février derniers, les niveaux sont restés globalement stables.

La plupart du temps, ce phénomène reste peu visible puisque les poussières sont véhiculées à haute altitude (entre 1 et 5 km). Cependant, en 2021 et en 2022, les masses d’air ont pu parvenir à plus basse altitude, ce qui s’est traduit par une hausse des concentrations de particules PM10 enregistrées par les appareils de mesure de Bourgogne-Franche-Comté.

  • Février 2021: à Lons-le-Saunier, Montandon et Besançon, la qualité de l'air a été qualifiée de « mauvaise » pour la journée du 6 février. Au point qu’à Besançon et Lons-le-Saunier, un dépassement du seuil d’information et de recommandation pour les personnes sensibles (fixé à 50µg/m3/j) avait été constaté, le maximum revenant à la cité lédonienne avec une moyenne de 77 µg/m3/j pour cette journée. Cet épisode de pollution était quasi achevé dès le lendemain, avec la survenue de pluies ayant permis le « lessivage » de l’atmosphère. A la fin du mois de février, le phénomène est réapparu, plus intense et plus étendu cette fois-ci, conduisant de nouveau au déclenchement de la procédure d'information et de recommandation mais pour les 8 départements de la région. Tandis que le seuil journalier de 50 μg/m3 était désormais franchi sur tous les départements de la région, la journée du jeudi 25 février a été marquée par l'atteinte d'un niveau de particules record dans le Doubs, avec 100 μg/m3 en moyenne sur cette journée. De nouveau, la survenue d'une perturbation a permis de baisser drastiquement les niveaux de particules dans l'atmosphère.

  • Mars 2021: les sables sahariens étaient de retour dans l'air de la région au milieu et à la fin du mois de mars 2021, mais dans des proportions et des conditions qui n'ont pas conduit à des dépassements de seuils.

  • Mars 2022: à l’inverse de l’épisode saharien observé en février 2021, les concentrations en particules enregistrées par le dispositif de surveillance de la qualité de l’air de Bourgogne-Franche-Comté n’avaient pas engendré d’épisode de pollution. Les niveaux étaient restés globalement stables, notamment grâce à la présence en haute altitude des poussières et des importants épisodes pluvieux qui ont suivi.

  

Des effets possibles sur la santé des plus fragiles

En temps normal, les conséquences sur notre santé restent limitées. En effet, du fait de leur diamètre relativement important (10 µm équivalent à 1/5ème du diamètre d’un cheveu), ces particules sont retenues dans les voies supérieures de notre système respiratoire et ont donc moins de facilité à pénétrer dans l’organisme, ce qui est moins le cas des poussières plus petites issues de phénomènes de combustion (trafic routier, chauffage biomasse). Cependant, en concentrations importantes, ces particules, bien que d’origine naturelle, peuvent entraîner une gêne respiratoire pour les populations les plus sensibles (nourrissons, enfants de moins de 6 ans, femmes enceintes, fumeurs, personnes âgées, personnes souffrant de pathologies respiratoires ou cardiovasculaires…). Une étude publiée dans la revue Environmental Geochemistry and Health, montre par exemple que les brumes de sable sont associées à une augmentation des cas d’asthme et à des problèmes oculaires comme des conjonctivites.

De quoi sont composées les poussières sahariennes ?

Ce sont des sables composés à plus de 95 % de silice, de 1 à 2 % de calcaire et des traces de différents oxydes (nitrate, sulfate, cadmium, phosphore, ammonium, fer, aluminium, carbone ou encore sodium. source)

 

 

Les bons gestes

De manière générale :

  • Il n’est pas nécessaire que je modifie mes habitudes

  • En cas de symptômes ou d’inquiétude, je prends conseil auprès de mon médecin ou de mon pharmacien

  • Je veille à ne pas aggraver les effets de cette pollution par d’autres facteurs irritants (tabac, usage de solvants en intérieur, chauffage au bois…)

  • Je ne modifie pas mes pratiques habituelles d’aération et de ventilation

 

Pour les personnes sensibles et vulnérables (femmes enceintes, nourrissons, jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires, asthmatiques, personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution) :

  • Je limite les déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords, aux heures de pointe

  • J’évite toute activité sportive ou physique intense, en plein air comme à l’intérieur

  • Je veille à ne pas aggraver les effets de cette pollution par d’autres facteurs irritants (usage de solvants sans protection appropriée, tabac…)

  • Je respecte scrupuleusement ou adapte sur avis de mon médecin le traitement médical à visée respiratoire en cours…

 

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