DES EXPERTS
            À VOTRE SERVICE

DES EXPERTS
            À VOTRE SERVICE

L'impact des feux de forêts sur la qualité de l'air

Publié le : 04 August 2022

L’impact des feux de forêts sur la qualité de l’air

 

Les canicules conjuguées aux faibles précipitations ont provoqué des feux de forêts importants en Europe en 2022. En France, ce seraient déjà 45 845 hectares de forêts brûlés au 30 juillet 2022 depuis le début de l’année, soit près de 7 fois la « moyenne » des 15 dernières années à la même date. Tout récemment, les mégafeux qui ont dévasté la forêt des Landes, en particulier sur le secteur de La Teste de Buch et Landiras (près de 21 000 hectares détruits depuis le 12 juillet) ont eu un impact environnemental indéniable. Alors que les incendies sont désormais fixés mais pas pour autant éteints, faisons le point sur les impacts des feux de forêts sur la qualité de l’air et sur la santé...

 

La pollution générée par les feux de forêts

Lors des incendies de forêts, la qualité de l’air est bien évidemment dégradée : les feux de forêt et d’autres types de végétation produisent des gaz et des émissions de particules. Différents types de bois et autres végétaux sont composés de quantités variables de cellulose, lignine, tannins, et autres polyphénols, huiles, graisses, résines, cires et amidons qui produisent différents composés lorsqu’ils sont brûlés. En outre, la composition des fumées issues de la combustion des végétaux dépend de plusieurs facteurs : la nature des végétaux, leur densité, leur humidité, les conditions de combustion (intensité du feu, aération…) et l’éloignement à la source. Parmi les principaux polluants émis, figurent entre autres :

  • des particules

  • du monoxyde de carbone

  • du dioxyde de carbone

  • des composés organiques volatils et semi-volatils (hydrocarbures, organo-oxygénés, organochlorés…)

  • des oxydes d’azote

Avec 15 millions d’hectares de forêt, soit un peu plus du quart du territoire national, la France se place au troisième rang des pays les plus boisés de l’Union européenne, selon les données du ministère en charge de l’écologie. La moitié de ces surfaces boisées est particulièrement vulnérable aux incendies, principalement le maquis et la garrigue autour de la Méditerranée et en Corse, ainsi que la forêt de pins landaise. Selon les climatologues et les experts ayant contribué à un rapport publié en 2011 par le Ministère en charge de l'écologie, les communes à risque de feux de forêts pourraient être plus nombreuses à l’avenir et concerner plus souvent les régions du Nord de la France à l'échéance de 2040. (Source)

Selon le porte-parole des sapeurs-pompiers, 90 % des incendies aujourd’hui sont d’origine humaine : 70 % dus à une négligence, 30 % à un acte volontaire. (Source)

L’exposition de la population générale et des professionnels en charge de la lutte contre les feux de végétation, à ces fumées d’incendies et notamment aux particules fines dégagées, peut avoir des conséquences sur la santé. L’inhalation à court terme de fumées de bois altère les mécanismes de défense immunitaires des poumons, importants dans la résistance aux infections pulmonaires. Cela peut entraîner notamment une diminution de la fonction respiratoire avec une augmentation de l’hyperréactivité bronchique et de la prévalence de symptômes respiratoires. Les populations atteintes de pathologies respiratoires chroniques, dont les asthmatiques, constituent une sous-population particulièrement sensible.

Les particules d'un diamètre aérodynamique inférieur à 10 µm (PM10) des fumées de feux de végétation peuvent être considérées comme au moins aussi toxiques pour la santé respiratoire à court terme que les PM10 de source urbaine (Source)

 

La situation en Gironde

Près de 21 000 hectares de forêts brûlés (soit 2 fois la taille de Paris), des milliers de personnes évacuées de leur domicile ou de leur lieu de villégiature (36 750 personnes) : la Gironde a subi d'importants dégâts suite à des incendies de forêts (7000 hectares à La Teste de Buch et 14 000 à Landiras) entre le 12 et le 31 juillet. Lors de la rédaction de cet article, le 3 août, les feux sont maîtrisés (mais toujours sous surveillance et pas déclarés définitivement éteints) et le département est repassé en alerte rouge « feux de forêt » ce lundi 1er août, et ce jusqu’à nouvel ordre de la Préfecture.

A noter que dans un incendie de cette ampleur, le feu touche la végétation mais également des infrastructures et biens matériels (logements, véhicules, campings…) susceptibles d’émettre d’autres types de polluants dans l’atmosphère.

Le 15 juillet, les mesures de particules faisaient état de niveaux élevés sans pour autant dépasser les seuils d’alerte à la pollution. Avec le changement d’orientation du vent, désormais en provenance du sud, nos confrères d’Atmo Nouvelle-Aquitaine ont enregistré un dépassement des seuils de pollution aux particules en plusieurs points de la région. Les fumées ont été poussées sur le nord de la région Nouvelle-Aquitaine dans la nuit du 18 au 19 juillet, conduisant à des niveaux anormalement élevés dans au moins 7 départements, où les seuils d’alerte à la pollution ont été dépassés le 19 juillet (Seuil d’alerte pour Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et Dordogne, Seuil d’information et recommandation pour Charente, Haute-Vienne et Corrèze). La Gironde et les Landes ont été fortement impactées par cet épisode de pollution aux particules, où il a duré plusieurs jours jusqu’au vendredi 22 juillet inclus.

A titre de comparaison avec ce qui a été observé en Bourgogne-Franche-Comté (détail ci-après), les niveaux de particules ont été les plus élevés dans la nuit du 18 au 19 juillet, avec notamment un maximum horaire de 391 µg/m3 sur la station urbaine de Bassens, en périphérie nord-est de Bordeaux.

 

Un impact mesuré jusqu’en BFC

Le panache de fumée a affecté une grande partie du territoire métropolitain entre le mardi 19 et le mercredi 20 juillet, confirme l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). Des pics ponctuels de pollution aux particules fines ont été constatés dans les mesures des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air sur une bande allant de la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire et la Nouvelle-Aquitaine. Mardi soir, le ciel de la capitale s’est même couvert d’une légère brume. Une odeur de feu, remontant de Gironde, se faisait sentir par beaucoup d’habitants d’Île-de-France. (Source)

Bien au-delà des zones sinistrées, l’impact de ces feux de forêts s’est manifesté dans le ciel à des centaines de kilomètres… y compris en Bourgogne-Franche-Comté. En effet, ce mercredi 20 juillet, Le Bien Public indiquait que le ciel de Côte d’Or était plus voilé qu’à l’accoutumé, avec des odeurs de brûlé… Bien qu’en faibles concentrations, la présence de ces particules peut expliquer pourquoi la teinte du ciel ait légèrement changé, entre ocre et gris.

Ce phénomène trouve son explication dans les conditions météorologiques, qui influencent le transport et la transformation des polluants dans l’air. Ainsi les fumées de Gironde ont été transportées par le vent jusqu’en Bourgogne :

  • à 21 heures dans la Nièvre, la concentration en particules a atteint 58 µg/m3 à Nevers

  • à 23 heures, dans l’Yonne, 66 µg/m3 à Avallon

  • à 1 heure, en Saône-et-Loire, 52 µg/m3 à Montceau-les-Mines

  • à 3 heures, en Côte d’Or, 47 µg/m3 à Dijon

  • à 4 heures, en Saône-et-Loire, 58 µg/m3 à Chalon-sur-Saône

Les heures qui ont suivi ont montré des concentrations inhabituelles en particules dans ces agglomérations pour cette saison, toutefois bien en deçà des seuils d’alerte à la pollution.

 

Les bons gestes

Dans le cas des incendies en Gironde, l’ARS Nouvelle-Aquitaine a diffusé ses recommandations pour les victimes de fumées :

  • Porter un masque de protection en cas d’exposition directe aux fumées (le niveau de filtration doit être en adéquation avec l’épaisseur des fumées, et le port d’un masque FFP2 est à privilégier pour les personnes à risques)

  • Limiter les déplacements et le temps passé à l’extérieur

  • Garder les portes et fenêtres fermées et n’aérer que lorsque les conditions le permettent

  • Occulter les aérations avec des linges humides

  • Arrêter les VMC durant les épisodes de fumées

  • Éviter les activités physiques en plein air

  • Veiller à la qualité de l’air à l’intérieur de son domicile (éviter l’encens, les bougies, etc)

  • Surveiller de près les personnes à risques (personnes ayant des antécédents respiratoires de type asthme, insuffisance respiratoire chronique ou autres pathologies respiratoires, ainsi que les personnes présentant une insuffisance cardiaque, pour lesquelles les effets irritants des fumées peuvent aggraver leur pathologie)

Et pour les personnes qui ont pu regagner leur domicile :

  • Éviter tout contact avec la suie, les cendres et les poussières

  • Ne pas utiliser son aspirateur pour retirer les poussières, ainsi que tout souffleur, tout nettoyeur haute pression (type karcher) ou balayage à sec pouvant mettre en suspension des particules

  • Nettoyer les surfaces à l’eau uniquement et porter des gants

  • Se laver les mains à l’eau et au savon après retrait des gants, et après les activités extérieures

  • Pour les personnes à risques et les femmes enceintes, le port du masque FFP2 est de plus recommandé pour ces opérations de nettoyage

  • Laver à l’eau les légumes et fruits du jardin avant consommation et éplucher les légumes racine et tubercules

  • Consommer uniquement des œufs vendus en magasins en attendant les résultats des prélèvements effectués dans les élevages

  • Évacuer l’eau restée stagnante dans le branchement d’eau destinée à la consommation, laisser couler les robinets intérieurs pendant deux minutes avant de consommer l’eau pour la boisson

  • Vérifier le bon fonctionnement des équipements des piscines

 

Enfin, si la sécheresse est à l'origine du déclenchement des feux de forêt, l'activité humaine est également responsable des départs de feux. Il est impératif de respecter certaines règles de prudence et de civisme avec la plus grande rigueur :

  • Je n’utilise pas de feu en forêt

  • Je ne fume pas en forêt, je ne jette pas mes mégots aux abords des forêts (ni tout autre débris incandescent)

  • Je n’allume pas de barbecue à moins de 200 mètres d’une zone boisée

  • Je ne brûle pas de déchets verts

  • Je ne pratique pas de camping isolé ou de bivouac

  • Je ne tire pas de feux d’artifices (publics ou privés) sur le territoire d’une commune forestière

  • Je débroussaille mon jardin, surtout en été

  • Je ne stocke pas de combustibles trop près de ma maison (bois, gaz, peinture, solvants ou citerne de fuel…)

 

 

Pour en savoir plus

 

Sources